Pourquoi les sociétés à haut QI diffèrent-elles en termes de réussite intellectuelle ?

 Les sociétés à haut QI produisent-elles systématiquement plus de découvertes scientifiques et de lauréats du prix Nobel ? Cette question, en apparence intuitive, est remise en cause par une étude récente menée par Edward Dutton, Dimitri Van der Linden et Guy Madison. Loin d’établir un lien direct entre intelligence moyenne et réussite intellectuelle, leur travail met en lumière l’influence d’autres facteurs psychologiques et biologiques, notamment la schizophrénie et la gaucherie, sur l’innovation scientifique.

Le constat de départ de l’étude repose sur une anomalie statistique : certains pays ayant un QI national élevé, comme la Finlande ou le Japon, enregistrent un faible nombre de prix Nobel par habitant. À l’inverse, des pays affichant un QI moyen inférieur, comme la Suède, produisent un nombre disproportionné de lauréats. Pour expliquer ce paradoxe, les chercheurs se sont penchés sur des variables neurologiques et comportementales susceptibles d’influencer la production intellectuelle et scientifique d’une nation.

Schizophrénie et génie scientifique : une incompatibilité ?

L’étude met en évidence une corrélation négative entre le taux de schizophrénie et la production scientifique d’un pays. En d’autres termes, plus un pays présente une prévalence élevée de schizophrénie, plus il semble peiner à générer des avancées scientifiques majeures. Pourquoi ?

Les auteurs avancent que la schizophrénie est associée à un excès de mentalisation, c’est-à-dire à une tendance à surinterpréter les intentions et les motivations d’autrui, au détriment d’un raisonnement analytique rigoureux. À l’inverse, les traits autistiques, souvent présents chez les scientifiques de haut niveau, sont liés à un hypomentalisme, c’est-à-dire une capacité réduite à comprendre les émotions et les intentions d’autrui, mais une aptitude accrue pour la pensée systématique et logique.

Cette opposition expliquerait pourquoi un taux élevé de schizophrénie peut nuire au développement scientifique d’un pays, en réduisant la proportion d’individus dotés d’un profil cognitif propice à l’innovation.

Le paradoxe finlandais : un QI élevé, peu de Nobel

Le cas de la Finlande illustre parfaitement ce phénomène. Avec un QI moyen de 102, l’un des plus élevés d’Europe, on pourrait s’attendre à ce que ce pays produise un nombre important de chercheurs de premier plan. Pourtant, la Finlande affiche l’un des taux de prix Nobel les plus faibles d’Europe occidentale.

Ce paradoxe devient encore plus troublant lorsque l’on constate que trois des quatre prix Nobel scientifiques finlandais ont été remportés par des membres de la minorité suédophone du pays. Or, les Finlandais suédophones ont un QI moyen légèrement inférieur à celui des Finlandais de souche.

Comment expliquer cet écart ? La Finlande se distingue également par un taux de schizophrénie particulièrement élevé, l’un des plus importants d’Europe occidentale. Cette prévalence pourrait, selon l’étude, peser sur la capacité du pays à produire de grands esprits scientifiques, malgré un niveau intellectuel moyen élevé.

Le rôle sous-estimé des gauchers dans la créativité scientifique

Autre facteur clé identifié dans l’étude : la gaucherie. Les chercheurs ont mis en évidence une corrélation positive entre la proportion de gauchers dans une population et la réussite scientifique. Historiquement, de nombreux génies étaient gauchers – Albert Einstein, Léonard de Vinci, Marie Curie – et plusieurs recherches suggèrent que la gaucherie est associée à une meilleure connectivité cérébrale et à des aptitudes cognitives accrues, notamment en mathématiques et en sciences.

Encore une fois, la Finlande se distingue par un taux de gaucherie inférieur à la moyenne européenne, ce qui, combiné à un fort taux de schizophrénie, pourrait expliquer en partie son déficit en matière de prix Nobel.

Une explication hormonale ? L’hypothèse des androgènes

Les auteurs avancent également une hypothèse biologique pour expliquer ces disparités : les niveaux d’androgènes – notamment la testostérone – pourraient jouer un rôle clé.

  • Un niveau élevé de testostérone in utero serait associé à une probabilité accrue d’être gaucher et à une plus grande propension à la pensée systémique, favorisant ainsi les aptitudes scientifiques et analytiques.
  • À l’inverse, des niveaux plus faibles d’androgènes pourraient être associés à une prévalence accrue de schizophrénie, limitant ainsi la proportion d’individus capables d’innovation scientifique.

Si cette hypothèse est encore débatue, elle ouvre la voie à une exploration plus large du rôle des facteurs hormonaux dans le développement intellectuel et créatif.

Conséquences et perspectives : vers une nouvelle approche du génie scientifique ?

L’étude souligne un point fondamental : l’intelligence moyenne d’une population ne suffit pas à prédire son succès scientifique. D’autres éléments, comme la composition neurobiologique et psychologique de cette population, jouent un rôle crucial.

Quelques implications clés :

  1. Un taux élevé de schizophrénie dans une population à haut QI peut freiner l’innovation scientifique, en réduisant la proportion d’individus dotés de traits cognitifs propices à la recherche.
  2. La présence d’un nombre élevé de gauchers pourrait être un indicateur de réussite intellectuelle, en raison de leur meilleure connectivité cérébrale.
  3. Les hormones prénatales pourraient influencer indirectement la capacité d’innovation, en façonnant la structure cérébrale et les traits cognitifs d’une population.

Ces résultats posent de nombreuses questions sur les politiques éducatives et scientifiques. Faut-il repenser les stratégies de développement des talents ? Mieux cibler les individus au profil cognitif atypique ? Ces interrogations ouvrent de nouvelles perspectives pour l’étude de la créativité et de l’innovation scientifique.

Loin d’être un simple facteur de réussite, l’intelligence doit être comprise dans une perspective plus large, intégrant les particularités neurobiologiques et psychologiques des populations. En d’autres termes, un pays ne se distingue pas seulement par son QI moyen, mais aussi par la façon dont ses spécificités cognitives favorisent (ou freinent) l’innovation.

Référence de l’étude :

Dutton, E., Van der Linden, D., & Madison, G. (2024). Why do high IQ societies differ in intellectual achievement? A case study on schizophrenia, left-handedness, and scientific innovation.

Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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