Les élections du 23 février s’annoncent comme un tournant décisif pour la droite allemande. L’Alternative für Deutschland (AfD) se trouve en tête des intentions de vote dans plusieurs régions, confirmant une recomposition politique majeure.
Parmi les figures montantes du parti, Matthias Helferich, député de Rhénanie-du-Nord-Westphalie au Bundestag, incarne une nouvelle génération d’élus engagés pour une refonte idéologique et politique de l’Allemagne. Matthias Helferich se décrit comme « un enfant du Ruhrpot ». Après avoir effectué son service militaire, il a poursuivi des études de droit à Bonn et Bochum, avant de se former en tant qu’avocat auprès du FPÖ en Carinthie. Ses expériences à l’étranger, notamment en Angleterre et en Écosse, n’ont fait que renforcer son attachement à Dortmund, où il exerce aujourd’hui. Depuis 2021, il siège au Bundestag.
« Je ne veux plus avoir le mal du pays quand je me promène dans les quartiers de ma jeunesse », confie-t-il pour expliquer son engagement au sein de l’AfD.
Les résultats à l’automne 2024 en Thuringe et en Saxe marquent un succès électoral pour l’AfD, consolidant ainsi son ancrage en ex-RDA. Matthias salue cette progression : « Je me suis particulièrement réjoui du résultat des Thuringiens. Grâce à ce résultat, on peut désormais pousser les vieux partis devant soi. Höcke et son équipe ont mérité ce résultat, car ils se sont battus presque sans relâche pour l’obtenir. J’ai participé à la campagne électorale à Gotha et à Zwickau – le soutien des Allemands de l’Est est encourageant. »
Une réorganisation interne de l’AfD ?
La montée en puissance de l’AfD illustre une profonde fracture sociopolitique en Allemagne. Une partie des allemands semble désormais se détourner des partis traditionnels au profit d’une alternative politique à la dépossesion économique, sociale et identitaire que les allemands, et européens, subissent. D’après les derniers sondages, l’AfD domine les intentions de vote à l’Est, mais progresse également en Bavière et dans d’autres Länder de l’Ouest, où elle était historiquement plus faible. Ce basculement traduit un élargissement de sa base électorale. Si l’AfD progresse au niveau national, certaines tensions persistent au sein des sections régionales. En Rhénanie-du-Nord-Westphalie, la position de Matthias Helferich sur l’immigration suscite le débat. Il gère cela « sereinement » : « L’exigence d’une remigration dans le respect du droit s’est imposée au sein de l’AfD à l’échelle nationale. Au sein de la section régionale, quelques figures regrettent encore Jörg Meuthen, mais cela va s’estomper. »Jörg Meuthen, qui représentait une aile plus libérale du parti, s’opposait à la remigration, une thématique centrale pour la nouvelle orientation de l’AfD. Aujourd’hui, il est membre au sein de la Werte Union. Pour Helferich, l’objectif de la remigration est clair : « La préservation de l’Allemagne en tant que pays des Allemands. Nous avons le droit d’être allemands, de défendre notre identité, de refuser le suicide en tant que peuple. » Cette notion de remigration a progressivement gagné en influence au sein du parti, un sentiment particulièrement marqué dans les Länder de l’ex-RDA où l’AfD enregistre ses meilleurs scores. Les résultats des élections régionales en Thuringe et en Saxe confirment cette tendance : Björn Höcke, chef de file de l’AfD en Thuringe, a su imposer une ligne plus ferme, séduisant un électorat désabusé par les partis traditionnels.
Une CDU en difficulté, une droite en recomposition
L’essor de l’AfD met en difficulté la CDU, qui tente tant bien que mal de maintenir une position d’équilibre entre un électorat conservateur inquiet et la nécessité de se démarquer de l’extrême droite. Friedrich Merz, leader de la CDU, a adopté une ligne plus ferme sur l’immigration et la sécurité, mais peine à enrayer la montée de l’AfD. Si l’AfD progresse une nouvelle fois lors de ces élections alors la polarisation de la vie politique allemande, et européenne se poursuivra. La CDU se retrouvera prise au piège ; les ailes gauches et droites de ce parti se retrouveront de plus en plus éloignés. à l’image du virage opéré par une partie des cadres « Les Républicains » en France sous la pression du Rassemblement National. Une victoire électorale de l’AfD serait également un signal fort à l’échelle européenne, à quelques mois des élections européennes de juin 2024. L’Allemagne étant un poids lourd de l’UE, un affaiblissement des partis traditionnels allemands pourrait redéfinir les équilibres politiques à Bruxelles. Le 23 février pourrait être une date clé pour l’Allemagne. Si l’AfD confirme son avance, elle s’imposera comme un acteur incontournable du jeu politique national, au-delà de son statut d’opposition systémique. Cela poserait un défi stratégique majeur pour la CDU et les partis centristes, qui devront choisir entre une alliance implicite ou une confrontation totale avec l’AfD. À l’échelle européenne, une telle percée annoncerait une nouvelle ère pour la droite, avec des répercussions profondes sur les dynamiques politiques à l’échelle du continent.
La victoire de Trump et le discours de J.D. Vance à Munich
L’impact de la politique américaine sur l’Europe ne saurait être ignoré. La récente victoire de Donald Trump aux élections présidentielles américaines, et le soutien de Musk pour Alice Weidel permet de normaliser les positions présentés comme déraisonnable par les demi-habiles de la presse mainstream. Lors de la Conférence de Munich sur la Sécurité, le vice-président américain J.D. Vance, proche de Trump, a tenu un discours qui a marqué les esprits. Il a dénoncé la politique de l’Union européenne, insistant sur le fait que « les peuples européens doivent retrouver leur souveraineté et ne plus être soumis à une bureaucratie lointaine ». Ce message a trouvé un écho particulier au sein de l’AfD et d’autres formations conservatrices européennes qui prônent un recentrage sur les intérêts nationaux. La convergence entre la nouvelle administration américaine et ces mouvements européens pourrait ainsi renforcer les positions de l’AfD et des partis alliés en vue des prochaines échéances électorales. L’un des points d’alerte soulevés par Helferich concerne la restriction des libertés publiques en Europe, également critique par le vice-président américain JD Vance à Munich, « L’Europe occidentale est sur une voie dangereuse. L’establishment nous fait croire qu’il nous protège du terrorisme islamiste, mais utilise ensuite les outils créés à cet effet pour intimider les opposants patriotes. » Cette inquiétude rejoint celle de nombreux acteurs de la presse alternative, un secteur que Helferich considère comme indispensable à la stratégie de l’AfD : « Même la politique parlementaire de droite doit être communiquée sans passer par les gatekeepers de l’establishment. » Il prend en exemple la tentative d’interdiction du media Compact, finalement avortée, qui illustre selon lui les pressions exercées sur les médias non conformes à la ligne dominante.
Le Vorfeld allemand
L’avancée de l’AfD est permise par la constante structuration de l’espace métapolitique le « Vorfeld », structure métapolitique regroupant think tanks, médias alternatifs et cercles de réflexion proches de l’AfD, dont Matthias est un des ouvriers. « Dynamique, critique et autonome, le Vorfeld doit être un moteur d’idées et obtenir pour cela des espaces de liberté de la part du parti. » Son ambition va au-delà des frontières nationales : il préconise la création d’un vorfeld européen de droite, favorisant les échanges entre mouvements conservateurs sur le continent. « Nous nous battons tous pour préserver nos nations et nos régions – pour cela, il faut des réseaux, des échanges d’expériences et un renforcement mutuel. » Cette approche rappelle la stratégie employée par d’autres mouvements européens, qui cherchent à structurer un écosystème intellectuel en dehors des circuits traditionnels. Cette idée d’un vorfeld européen de droite repose sur un constat simple : la consolidation d’un espace idéologique transnational est une nécessité pour la droite. De nombreux think tanks et publications alternatives, à l’image de l’Institut für Staatspolitik en Allemagne ou de la Fondation Iliade en France, œuvrent déjà en ce sens. En Italie, le rôle de la revue Il Primato Nazionale et des cercles gravitant autour de Fratelli d’Italia illustre également cette dynamique.
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Une réponse à “Matthias Helferich et la recomposition politique allemande : enjeux et perspectives avant les élections du 23 février”
S’il fallait résumer en quelques mots les conséquences directes pour l’Europe de la victoire politique de Donald Trump aux États-Unis, c’est d’abord et avant tout la légitimité démocratique retrouvée des peuples et des nations et l’ardente obligation du combat contre la dérive centralisatrice et totalitaire de l’eurocrature de Bruxelles.
Le génie de l’Europe est dans les nations qui la composent.