En quête d’économies sur le système de santé, le gouvernement a décidé d’encourager fortement le transport médical partagé pour les patients ayant besoin d’un véhicule sanitaire léger ou d’un taxi conventionné. Cette mesure, inscrite dans la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2024, vise à optimiser les trajets et à rationaliser les dépenses de l’Assurance maladie. Toutefois, cette réforme ne fait pas l’unanimité et suscite de nombreuses inquiétudes chez les patients et les professionnels de santé.
Une réforme pour optimiser les coûts du transport médical
Chaque année, près de 65 millions de trajets médicaux sont réalisés en France via des taxis conventionnés et des véhicules sanitaires légers. Le transport médical partagé consiste à regrouper plusieurs patients dans un même véhicule lorsque leur état de santé le permet, dans le but de limiter les dépenses publiques et d’améliorer l’accès aux transports dans certaines zones sous-dotées.
Pour être éligible à ce dispositif, le patient doit bénéficier d’une prescription médicale pour un transport assis professionnalisé, c’est-à-dire qu’il ne doit ni nécessiter une position allongée ni présenter de risque de contagion pour les autres passagers. La gestion du transport est ensuite assurée par l’établissement de santé ou la société de transport, avec des détours limités à 10 kilomètres par patient et un maximum de 30 kilomètres au total. De plus, le décret prévoit que le temps d’attente avant ou après un rendez-vous médical ne dépasse pas 45 minutes.
Si, sur le papier, cette réforme semble une solution pragmatique pour limiter les dépenses de l’Assurance maladie, elle est loin de convaincre les patients qui redoutent une détérioration de leurs conditions de transport et un allongement des délais.
Des patients inquiets face à des contraintes imposées
Le transport médical partagé suscite une vive inquiétude parmi les patients, notamment ceux qui souffrent de pathologies lourdes et qui ont besoin de rentrer rapidement chez eux après un traitement éprouvant. Au micro de RMC, une patiente atteinte d’insuffisance reinale témoignait au mois de mai dernier : « C’est vraiment très dur. On est fatigué, vidé, lessivé… On a juste envie de rentrer chez soi ». Cette crainte est partagée par de nombreux malades chroniques ou en soins réguliers, pour qui les trajets en transport médical sont souvent synonymes de fatigue et de vulnérabilité.
Un autre point de crispation concerne le temps d’attente. Si le décret prévoit un délai maximal de 45 minutes avant et après les soins, certains craignent que cette limite ne soit pas toujours respectée dans la réalité.
En outre, la crainte d’une sanction financière pour ceux qui refuseraient ce dispositif alimente la polémique. Selon certaines sources, les patients qui refuseraient le transport médical partagé pourraient perdre le bénéfice du tiers payant et être moins bien remboursés. Ce point, encore flou, est perçu par les associations de patients comme une pression injuste, forçant l’adhésion à un système qui ne conviendrait pas à tous.
Source : www.medisite.fr
Un dispositif qui interroge sur la qualité des soins
Si l’objectif affiché du transport médical partagé est de réaliser des économies et d’optimiser les déplacements des patients, sa mise en œuvre soulève de nombreuses interrogations sur la qualité des soins et le respect du confort des malades. Les inquiétudes sont particulièrement vives chez les personnes âgées et les patients en longue maladie, qui redoutent un manque de flexibilité et des trajets plus éprouvants.
Les syndicats de transporteurs sanitaires expriment également leurs réserves quant à la faisabilité du dispositif. Certains dénoncent une gestion compliquée des itinéraires et une pression supplémentaire sur les chauffeurs, qui devront jongler entre plusieurs patients aux besoins différents.
Face à ces nombreuses préoccupations, des voix s’élèvent pour demander un assouplissement des règles ou, à minima, une adaptation du dispositif aux situations individuelles des patients.
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
[cc] Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine