Dans cet entretien exclusif, le directeur de Frontières revient sur la genèse de cette enquête, sur les pressions judiciaires et politiques dont son journal est désormais la cible, et sur la nécessité, selon lui, de poursuivre le combat pour une information libre et sans tabou.
Face à un système où la justice administrative semble plus préoccupée par la défense des clandestins que par la protection des citoyens, quelle est la place d’un journal engagé dans la dénonciation de ces dérives ? Comment Frontières entend-il faire face à cette tentative d’intimidation judiciaire ?
Réponses sans détour dans cet entretien avec Erik Tegnér, le patron de Frontières que l’on retrouve aussi fréquemment désormais sur Cnews.
Breizh-info.com : Votre hors-série se penche sur le business en France autour de l’immigration, des avocats aux réseaux associatifs pro-migrants en passant par les complicités administratives. Pourquoi avoir choisi ce sujet ?
Erik Tegnér : Le sujet des OQTF non exécutées est au cœur du débat public, mais la question des responsables de ces décisions n’est jamais abordée. On attribue souvent la faute à Emmanuel Macron, à l’Europe ou à une administration trop complexe. Chez Frontières, nous avons voulu identifier les véritables responsables de ce système défaillant. Nous avons exploré en profondeur la machine administrative, judiciaire et associative. Notre enquête s’est penchée sur les tribunaux administratifs, certains avocats et des associations engagées en faveur des migrants afin de comprendre leur fonctionnement et d’analyser comment ils contribuent à entraver l’application des OQTF et la maîtrise de notre politique migratoire.
Breizh-info.com : Quels sont les faits les plus marquants que vous avez révélés ?
Erik Tegnér : Nous révélons comment certains avocats exploitent le contentieux lié aux OQTF et aux titres de séjour, invoquant régulièrement, voire systématiquement, l’article 8 de la CEDH, qui garantit le droit au respect de la vie privée et familiale. Cette stratégie empêche ainsi l’exécution de nombreuses OQTF et cela avec l’argent des français dans le cadre de l’aide juridictionnelle. Nous avons mis en lumière la manière dont certains avocats procèdent à des « copier-coller » en série de jurisprudences pour traiter massivement des contentieux en droit des étrangers, transformant cette pratique en un business lucratif, tout en bénéficiant de l’aide juridictionnelle, c’est-à-dire des fonds publics.
Notre enquête révèle que certains avocats peuvent déposer jusqu’à 135 recours en seulement deux mois devant les tribunaux administratifs, faisant de cette activité un véritable commerce.
Nous avons analysé 5 000 décisions de la justice administrative concernant les titres de séjour et avons constaté des taux de succès élevés pour les clandestins devant certains tribunaux administratifs. Par exemple, au tribunal administratif de Nice, entre octobre et novembre 2024, 49,44 % des décisions ont été favorables aux requérants, un taux atteignant même 55,07 % à Châlons-en-Champagne. Plus précisément, sur cette période, le tribunal de Nice a traité 213 affaires et celui de Châlons 73.
Par ailleurs, nous avons enquêté sur des associations pro-migrants qui contournent les décisions administratives en utilisant des dispositifs comme la Commission Consultative Départementale de Réexamen des Situations Administratives des Étrangers (CODRESE), mise en place à la préfecture du Nord depuis 2007. Ce mécanisme leur permet d’imposer leur agenda et de faire régulariser des clandestins, même lorsque toutes les voies de recours ont été épuisées.
Breizh-info.com : Depuis la sortie du hors-série, vous êtes sous le feu de multiples attaques judiciaires et administratives. Qui vous cible exactement et pourquoi ?
Erik Tegnér : Nous avons été la cible d’une mobilisation sans précédent de la part d’une grande partie de la corporation. De nombreux acteurs, allant du Conseil national des Barreaux, représentant tous les avocats exerçant en France, au Conseil des barreaux européens, qui regroupe un million d’avocats dans 46 pays, en passant par les cabinets, syndicats et même la plus haute instance administrative, le Conseil d’État, ont pris position contre nous.
À plusieurs reprises, le ministre de la Justice a réaffirmé son soutien au Conseil national des Barreaux.
Toute cette mobilisation s’est orchestrée sans que nos révélations ne soient remises en cause. Nous avons ainsi constaté une opposition unanime, non pas sur le contenu de nos révélations, mais sur le fait même que nous les ayons rendues publiques.
Ce qui est insupportable pour certains avocats, c’est que nous rappelions qu’ils utilisent – depuis une décision du Conseil Constitutionnel datant de mai 2024 les y autorisant – l’aide juridictionnelle payée par nos impôts pour défendre des étrangers en situation irrégulière.
Par ailleurs, beaucoup d’avocats ont soutenu notre travail d’enquête et ont confirmé nos révélations.
Breizh-info.com : Gérald Darmanin en personne s’est mêlé de cette affaire. Comment analysez-vous cette réaction ?
Erik Tegnér : M. Darmanin est contradictoire : lorsqu’il était ministre de l’Intérieur, il souhaitait appliquer les OQTF mais était entravé pour cela par les recours incessants des avocats devant les tribunaux administratifs, grâce notamment à la facilité de l’aide juridictionnelle. Maintenant qu’il est Garde des Sceaux nous assistons à un retournement de situation et un net changement de discours.
Breizh-info.com : Médiapart ou StreetPress mènent régulièrement des enquêtes à charge contre des personnalités de droite ou identitaires. Pourquoi bénéficient-ils d’un traitement si différent du vôtre ?
Erik Tegnér: La presse de gauche bénéficie d’un traitement bien plus indulgent que celle de droite. Lorsqu’elle enquête, on parle de journalisme d’investigation. Quand un média de droite fait de même, il est aussitôt qualifié de « militant » ou « d’extrême-droite » pour le discréditer.
Cette étiquette, imposée et relayée sur Wikipédia grâce à des articles à charge à notre encontre, verrouille toute contestation et justifie ensuite attaques, censures et exclusions du débat public.
Nous assumons d’être en dehors du « camp du bien », justement parce qu’il refuse la contradiction. Si nous sommes critiqués, c’est parce que nous posons les questions que d’autres veulent faire taire.
Breizh-info.com : Face à cette offensive, que peuvent faire vos lecteurs et plus largement tous ceux qui défendent la liberté d’informer ?
Erik Tegnér : Nous ne touchons aucune subvention de l’État, la seule manière concrète de nous soutenir, c’est de s’abonner à Frontières, pour que nous fassions face à la multiplication des plaintes qui sont engagées à notre encontre sans que nous ralentissions notre cadence.
Breizh-info.com : Avec l’évolution actuelle du paysage médiatique, quel avenir pour les médias de droite assumée comme Frontières ou Breizh-info ?
Erik Tegnér : L’avenir de nos médias dépend du soutien de ceux qui refusent le monopole idéologique du paysage médiatique. Mediapart cumule plus de 200 000 abonnés payants et constitue un véritable mastodonte médiatique. Construire un véritable contrepoids ne se fera pas en un jour mais nous y travaillons sans relâche.
Breizh-info.com : Un dernier mot pour conclure cette interview ?
Erik Tegnér : Un grand merci à ceux qui soutiennent nos enquêtes sur les réseaux sociaux et dans les kiosques !
Propos recueillis par YV
Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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4 réponses à “Cabale judiciaire et médiatique contre Frontières (ex livre Noir). Erik Tegnér : « La presse de gauche bénéficie d’un traitement bien plus indulgent que celle de droite » [Interview]”
Sortir de la cedh .
Une simple notification de la France suffit.
Mais du courage …..
Toutes les associations ONG, les journaux et même les journaleux gauchistes, sont depuis longtemps payées par l’USAID, France développement, » gouverne-ment » et les dirigeants islamo-gauchiste, Mairie, Conseil généraux, et régionaux ! il a fallut que cela sorte en Amérique pour que les langues se délient !
C’est une évidence, et tout le monde le sait : L’Immigration est un business, et qui rapporte.
Avec de telles Juridictions, on est loin d’être sortis de l’auberge …
Entre-temps la France coule et croule sous le poids des illégaux.
Depuis qu’ils sont pourchassés par les soits disants partis de la raison, j’ai décidé d’acheter la revue. La dernière parution de Frontières, qui provoque l’urticaire des différentes institutions citées par les équipes de monsieur Tekner est éclairante sur les sujets entre autres migratoires, et les collusions d’intérêts ideologiques mais aussi économiques entre les différents intervenants qui s’en nourrissent allègrement. Que Frontières continue à appuyer là où ça fait mal et vive la liberté d’expression ! Cet élément n’est-il pas essentiel à la démocratie tant chérie par nos élites de pacotilles.