François Hollande veut sanctionner Mélanie Thomin (PS)

Opposée à un candidat insoumis et à un candidat du RN, Mélanie Thomin aurait du mal à se faire réélire. Sans oublier le candidat du « socle commun »… Si bien qu’elle ne sait plus sur quel pied danser… Une fois, je vote la motion de censure, une autre fois j’évite… La fragilité électorale explique ceci et cela…

Il faut bien se faire remarquer de temps en temps… C’est ce qu’a réussi à faire Mélanie Thomin (PS) députée de Carhaix et porte-parole du groupe socialiste à l’Assemblée nationale. Elle a donc voté la motion de censure déposée par LFI concernant le budget (mercredi 5 février). Sur les 66 députés appartenant au groupe socialiste, ils ont été six à la voter ; c’est-à-dire à ne pas respecter les consignes de vote données par le bureau politique du PS.

Dans ses explications, on trouve tout le catéchisme politicien (convictions, valeurs, engagement) : « Malgré des avancées concrètes obtenues, le compte n’y est pas. Dans ce budget, il reste des mesures profondément injustes, qui ne tiennent pas compte de la vie quotidienne des Français (…) Le passage en force n’est pas une méthode (…) Comme d’autres députés, je suis traversée par de nombreux doutes. Après des efforts de compromis, mon choix est avant tout celui des convictions. Fidèle à mes valeurs, mon engagement au sein du groupe socialiste et de l’union de la gauche reste intact. » (Le Télégramme, jeudi 6 février 2025)

Evidemment, Pierre-Yves Cadalen (LFI), député de Brest, est satisfait : « J’ai été agréablement surpris. Elle est fidèle aux engagements du Nouveau front populaire ». » Tandis que Tristan Foveau, premier secrétaire de la fédération du Finistère du PS, fait une réponse d’apparatchik : « Je suis évidemment solidaire des décisions adoptées par le bureau national du Parti socialiste. » (Le Télégramme, Bretagne, vendredi 7 février 2025)

Il faut de la discipline dans la maison socialiste…

« Plus que jamais à l’offensive et partisan de la première heure de la non-censure, François Hollande s’est confié, la semaine dernière, à plusieurs députés socialistes : “ Mais pourquoi ne sanctionne-t-on pas ceux qui ne respectent pas les consignes de vote ? » Et d’asséner : “ Il y a une discipline de groupe à suivre !  Il faut sanctionner les frondeurs.“ Lesquels sont de moins en moins nombreux puisqu’ils sont passés, en quatre motions de censure, de huit à un seul. » (Le Canard enchaîné, 12 février 2025)

On ne peut pas reprocher à Mélanie Thomin de désobéir systématiquement aux consignes de vote données par la direction du PS : une fois sur quatre, c’est pas méchant… Il faut lui pardonner ! D’autant plus qu’elle doit tenir compte de considérations locales. En effet, se faire élire et réélire dans la circonscription de Carhaix, ce n’est pas une promenade de santé. Au second tour de 2022, elle parvient à battre le sortant Richard Ferrand (Ensemble-Renaissance) de seulement 800 voix (23 948/23 144). 50,85 % contre 49,15 %, c’est ric-rac. Et cela grâce aux renforts des électeurs du Rassemblement national (Patrick Le Fur, 7 146 voix, 14,51 % au premier tour), lesquels détestent Emmanuel Macron et son représentant local, Richard Ferrand.

Au second tour de 2024, elle est opposée cette fois à Patrick Le Fur (RN, 19 671 voix, 30,21 % au premier tour). Mélanie Thomin (NFP-RN) bénéficie alors de l’effet “front républicain“ et met 14 700 voix dans la vue à Le Fur  (38 630/ 23 847) ; la victoire est nette : 61,83 % contre 38,17 %. Le “barrage“ a bien fonctionné puisque d’un tour à l’autre, Mélanie Thomin progresse de 13 000 voix (38 630/24 664), tandis que Patrick Le Fur n’avance que de 4 000 voix (23 847/19 671). Cette fois, ce ne sont pas les électeurs du Rassemblement national qui sont venus à son secours mais ceux du candidat macroniste Erwan Crouan (18 223 voix, 27,99 % au premier tour). Bien que qualifié pour le second tour, Crouan s’était immédiatement désisté pour faire barrage au Rassemblement national. Au soir de sa réélection, Mélanie Thomin avait eu cette phrase historique : « La France a besoin d’un programme de rupture, après sept ans de néolibéralisme, sept ans d’asphyxie libérale. A nous d’incarner cette première force au service des classes populaires et moyennes. Notre responsabilité, c’est désormais de mettre en œuvre cette union, mais aussi notre programme. » (Ouest-France, Finistère, lundi 8 juillet 2024). Effectivement, avec Michel Barnier et François Bayrou, elle a  eu droit à un « programme de rupture » !

Bernard Morvan

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