La commune de Landébia, située dans les Côtes-d’Armor et membre de Dinan Agglomération, se trouve aujourd’hui confrontée à une situation financière préoccupante, comme le révèle le dernier rapport de la Chambre régionale des comptes. Avec une population en déclin, des charges de fonctionnement élevées et une dette qui limite ses marges de manœuvre, la municipalité doit impérativement revoir ses priorités.
Une commune en perte de vitesse démographique et économique
Avec 447 habitants recensés en 2024, Landébia subit une décroissance démographique continue depuis une décennie. Malgré sa proximité avec Dinan et Lamballe, la commune peine à attirer de nouveaux résidents. Elle souffre également d’un manque d’infrastructures modernes, notamment un accès limité à la fibre optique et une couverture téléphonique déficiente depuis 2022, ce qui pénalise autant les particuliers que les entreprises locales.
Historiquement tournée vers l’industrie du bois, la commune héberge quelques entreprises artisanales et agricoles, mais elle fait face à un taux de chômage supérieur à la moyenne de Dinan Agglomération (11,8 % contre 6,2 % en 2019). Son tissu économique est fragile, et les revenus des habitants restent inférieurs à la moyenne départementale.
Des finances sous tension, des dépenses difficilement maîtrisables
Le rapport met en lumière un fonctionnement budgétaire tendu. Les charges de gestion progressent plus rapidement que les recettes, entraînant un déséquilibre chronique. Parmi ces charges, les dépenses de personnel apparaissent particulièrement élevées : avec six agents municipaux dont trois à temps partiel, la masse salariale représente 39,5 % des dépenses courantes, un niveau supérieur à la moyenne des communes comparables.
Autre poste budgétaire problématique : la participation de Landébia au syndicat intercommunal de regroupement pédagogique (SIRP) avec Pléven. Malgré une baisse du nombre d’élèves landébianais, la commune continue d’assumer 50 % des frais du regroupement scolaire, ce qui pèse lourdement sur ses finances (33 % des charges de gestion). Une révision de cette contribution aurait pu être envisagée, mais la municipalité a préféré maintenir son engagement actuel.
Une dette importante et une capacité d’investissement limitée
Les choix budgétaires passés pèsent aujourd’hui sur la commune. D’importants travaux de rénovation de l’école et de la voirie ont été financés par trois emprunts successifs, réduisant drastiquement la capacité de Landébia à recourir à de nouveaux crédits. La capacité d’autofinancement de la commune est désormais trop faible pour absorber ces charges, et sa capacité de désendettement (9,3 années) approche du seuil critique.
Le rapport souligne que la commune a privilégié la réalisation de travaux en régie plutôt que le recours à des prestataires extérieurs. Une stratégie qui a alourdi la masse salariale sans pour autant garantir une meilleure rentabilité. De plus, ces travaux n’ont pas été valorisés dans le budget d’investissement, ce qui aurait pu permettre de récupérer des compensations financières.
Une gestion de la commande publique à sécuriser
En 2019, la commune a attribué un marché de rénovation des fenêtres de l’école et de la cantine dans des conditions contestables. Des irrégularités ont été relevées par la Chambre régionale des comptes : manque de transparence dans la sélection des offres, absence de traçabilité complète et utilisation de critères d’évaluation non annoncés. Ces pratiques auraient pu exposer la commune à des risques juridiques, notamment en matière de favoritisme.
Depuis ce contrôle, la municipalité a mis en place un règlement intérieur pour encadrer les achats publics et a limité la délégation du maire à 1 000 euros. Des mesures qui devraient renforcer la transparence, mais qui nécessitent encore des améliorations.
Quelles perspectives pour Landébia ?
Face à ces défis, la Chambre régionale des comptes recommande plusieurs actions prioritaires :
- Réduire la masse salariale, notamment en évaluant l’intérêt du recours aux travaux en régie.
- Revoir la contribution au SIRP, afin qu’elle reflète mieux le nombre réel d’élèves landébianais.
- Établir un plan pluriannuel d’investissement, permettant de prioriser les travaux essentiels sans alourdir davantage la dette.
- Valoriser le patrimoine communal, en tenant un inventaire physique à jour et en ajustant les données comptables.
Si la commune souhaite sortir de cette impasse financière, elle devra rapidement repenser son modèle économique et optimiser l’allocation de ses ressources. Une gestion plus rigoureuse et des choix budgétaires pragmatiques s’imposent pour garantir la pérennité des services municipaux et l’attractivité de Landébia.
Crédit photo : Wikipedia (cc)
[cc] Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine