Grooming gangs : le film de prévention qui aurait pu changer la donne avait été censuré

On connaissait déjà la promesse d’un emploi dans un pays occidental comme méthode de recrutement à la prostitution des jeunes filles. Le scandale des gangs de violeurs pakistanais en Angleterre aura quant à lui mis sur le devant de la scène un autre procédé de racolage. La promesse n’est plus de lendemains meilleurs en Europe, mais l’amour d’un lover boy.

Ce dernier, un jeune homme attrayant, a la charge d’approcher et de séduire la fille souvent vulnérable et/ou très jeune provenant de famille défaillante ou absente. Le procédé est parfaitement rodé et a fait plusieurs milliers de victimes au Royaume-Uni : il couvre la fille de considération, d’attentions et de cadeaux, créant l’illusion d’une histoire d’amour unique, la réduisant peu à peu en état de dépendance affective… et chimique. En effet, dans la plupart des cas documentés, l’initiation à la drogue représente une étape fondamentale du processus de déshumanisation de la victime. La fille est ensuite réduite en esclavage sexuel, le prétexte variant du « si tu m’aimes, tu couches avec mes amis » au « tu dois te prostituer sinon, ils vont me tuer » en passant par les menaces de mort à la famille et la contrainte pure et simple. 

Pour sensibiliser les jeunes, en 2007, alors que le scandale des Grooming gangs pakistanais commençait à faire surface, des membres de la protection de l’enfance du Yokshire lançaient une campagne à l’attention des écolières des collèges et des lycées, intitulée My Dangerous Loverboy. Basé sur les rapports d’enquêtes et les témoignages des victimes, un court-métrage éponyme était commandité par le UK Human – Trafficking Centre. Plébiscité lors de festivals internationaux, il n’a cependant jamais été promu au Royaume-Uni. Trop réaliste ? Pour la réalisatrice, Virginia Heat :

« La police était bien intentionnée et une policière en particulier voulait vraiment faire la différence, mais il semble que leurs patrons étaient mal à l’aise avec les questions de race. (…)  Je ne peux m’empêcher de me demander combien de filles le film aurait pu sauver d’être exploitées sexuellement si l’UKHTC et la police avaient mis leurs besoins avant le politiquement correct. »

S’il peut être consulté sur YouTube, mais son utilité est relative puisque seuls les parents qui ont à cœur l’éducation y auront recours et mettront en garde leur progéniture.

Aux Pays-bas, où le phénomène des lover boys a malheureusement aussi été constaté, la prévention existe, comme on peut le voir dans ce court documentaire où témoignent des victimes de cette traite des Blanches en terre européenne.

Mais il faut changer de continent pour que le mode opératoire diabolique soit mis en scène dans un film. Dans Las elegidas [Les élues], réalisé par le Mexicain David Pablos en 2015, une adolescente de 14 ans tombe amoureuse d’un lover boy pas beaucoup plus grand qu’elle. Un film dramatique, dans tous les sens du terme, où l’on est spectateur de la réduction à l’état d’esclave sexuelle d’une enfant. S’il reste une œuvre de fiction – dans la réalité, le lover boy ne tombe pas amoureux de sa proie, il a plutôt tendance à la livrer aux pires sévices – que la dimension raciste des viols collectifs d’Angleterre est évidemment absente, la descente en enfer de l’héroïne ne laissera personne indemne.

Audrey D’Aguanno

Crédit photo : Capture My dangerous loverboy

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