Chez Renault, on a le sens du social ; on se propose de recaser les ouvriers de la Fonderie de Bretagne (Caudan) dans les différents sites que possède l’entreprise en France si aucun repreneur ne se manifeste.
Luca de Meo, directeur général de Renault, a donc été auditionné par la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale à propos de la Fonderie de Bretagne (Caudan). Certes, il a été “secoué“ par la dizaine de députés bretons présents, mais ce genre de confrontation ne connaît jamais un résultat positif. Ses arguments : FDB a été victime « d’un problème de compétitivité » et même d’un « problème de management ». Il a également justifié la baisse des commandes de Renault par l’électrification de l’automobile en France. « C’est faux, lui a opposé Damien Girard (EELV), député de Lorient, les pièces fabriquées par FDB vont sur les véhicules thermiques et électriques. Dans tous les cas, vous avez besoin de fonte. Pourquoi ne respectez-vous pas vos engagements ? Pourquoi ne pas préserver les emplois de cette usine et les 300 familles qui en dépendent ? » (Ouest-France, Bretagne, mercredi 5 février 2025)
Jean-Michel Jacques (Renaissance), député de Hennebont, contredit à son tour Luca de Meo : « Contrairement à ce que vous dites, Fonderie de Bretagne a engagé une modernisation de son site, qui va conduire à l’économie de 30 % de sa consommation d’énergie, elle a trouvé des voies de diversification. Votre entourage vous trompe sur la Fonderie, venez voir l’usine. » (Ouest-France, Bretagne, mercredi 5 février 2025). « Le groupe Renault a choisi la délocalisation. Où est donc le patriotisme économique ? », poursuit-il (Le Télégramme, mercredi 5 février 2025)
Réaction de Maël Le Goff, secrétaire CGT à la FDB : « Il ment, malgré tous les arguments » (Ouest-France, Bretagne, mercredi 5 février 2025). « Monsieur de Meo ment sur tous les sujets. Il se fout de notre gueule en disant qu’on peut venir travailler chez lui alors qu’il nous fait suer depuis des années. Lui, ce qu’il veut, c’est fermer la fonderie », insiste-t-il (Le Télégramme, mercredi 5 février 2025)
La Bretagne doit se doter d’un outil
La leçon à tirer de cet épisode industriel. D’abord Renault, entreprise dans laquelle l’Etat possède 15 % du capital, joue la carte de la délocalisation – de Meo se fiche pas mal de la Bretagne et des travailleurs bretons. Ensuite l’État, donc le gouvernement, montre sa faiblesse face à une grande entreprise – François Bayrou est incapable de tordre le bras à Luca de Meo. Du temps des gaullistes où prévalait un système dirigiste, le directeur général n’aurait pas osé se comporter ainsi ou, alors, c’était la porte. Enfin Loïg Chesnais-Girard, président de la Région, devrait songer à faciliter la création d’une « Société bretonne de participations » (capitaux privés et capitaux publics) qui entrerait dans le capital d’entreprises régionales lorsque la nécessité l’imposerait. Ainsi, dans le cas de FDB, cette solution encouragerait les repreneurs à se manifester. Du temps des gaullistes (encore eux !), le gouvernement disposait d’un outil qui s’appelait Sanofi (rien à voir avec le Sanofi d’aujourd’hui) ; cette société – filiale d’Elf Aquitaine – entrait dans le capital des PME et favorisait leur développement. En Bretagne, de nombreuses entreprises aux activités diverses et variées furent ainsi “boostées“ par ce conglomérat constitué par Sanofi ; l’exemple le plus célèbre étant Yves Rocher qui put financer construction d’usines, ouverture de magasins… grâce à Sanofi et devenir un grand des cosmétiques.
Bernard Morvan
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2 réponses à “Fonderie de Bretagne : le gouvernement est mou et insignifiant”
« une société bretonne de participation » avec des capitaux publics et privés…. Les capitaux publics. c’est l’argent des contribuables. On sait ce qu’il en advient, mais nous n’en avons pas le contrôle. L’argent privé ? : si quelque fou veut confier son argent à M. Maël Le Goff et consorts….
Recaser Les ouvriers c’est bien gentil mais ils ne peuvent partir avec leur maison sur le dos.
Donc vente à bas prix de leur bien et rachat à haut pris en région parisienne.
Bref une solution toute théorique.