Pour sauver le breton, il faut des militants et de l’argent

Un million de personnes parlaient breton en 1950, encore 200 000 en 2018, seulement 107 000 en 2024 (soit 2,7 % de la population des cinq départements). Certes il faut compter avec les nouveaux bretonnants (Diwan, enseignement public, enseignement catholique), mais ils ne compensent pas les générations qui disparaissent. « Je suis professeur d’histoire, je connais le temps long. Pour introduire dans la tête des Bretons que leur langue était inutile, la République a mis plus d’un siècle. Pour changer les choses, ce sera long aussi », souligne Paul Molac (Liot), député de Ploërmel. « Les Bretons ne sont pas assez motivés sur ce sujet. C’est mon opinion personnelle. » « Mais ce qui est rassurant, c’est qu’on voit que les gens sont attachés à nos langues, dans toute la Bretagne. Aujourd’hui, les langues – le breton surtout, mais le gallo aussi sur certains plans – sont des marqueurs de l’identité bretonne », poursuit-il.

Parler breton est un acte politique

 « Certains n’ont pas pris conscience de la situation, analyse Lena Louarn, ancienne vice-présidente du conseil régional chargée des langues régionales. C’est le moment de dire, maintenant que nous ne sommes plus que 100 000 brittophones, que l’avenir de la langue repose sur nos épaules. Il faut savoir ce que l’on veut : se réapproprier notre langue, en faire une langue sociale, mais aussi l’utiliser dans nos propres vies. Nous avons tous une responsabilité. On tire sur la sonnette d’alarme, chacun doit faire sa part. Il faut que les brittophones eux-mêmes fassent avec leur langue, naturellement. Il faut lire, écrire, chanter, être sur les réseaux sociaux en breton. On n’est pas obligé d’être militant, mais parler breton est un acte politique. » (Bretons, février 2025)

Lena Louarn tient un discours comparable à celui de Paul Molac : « La France a mis un siècle à détruire la langue bretonne. Il nous reste moins de temps pour la sauver. Il est temps de se réveiller. Nous avons mis en place des bases solides pour se réapproprier notre langue : l’enseignement, les associations, l’Office public de la langue bretonne… Mais cela ne va pas aussi vite que ne disparaissent les brittophones. Il est temps de passer à la vitesse supérieure. Même si c’est difficile, on a besoin de l’engagement de chacun. » (Bretons, février 2025)

Maiwenn Raynaudon-Kerzerho, la rédactrice en chef de Bretons, nous rappelle utilement que le budget du conseil régional destiné aux langues de Bretagne est actuellement d’un peu plus de 9 millions d’euros. Il devrait atteindre 11,3 millions d’euros en 2027. Loïg Chesnais-Girard peut certainement faire mieux… Il pourrait aussi demander à François Pinault et à Vincent Bolloré de « faire un effort » – la langue bretonne vaut bien la cathédrale Notre-Dame de Paris. Si on veut développer sérieusement Diwan, il faut de l’argent…

B. Morvan

Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine
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14 réponses à “Pour sauver le breton, il faut des militants et de l’argent”

  1. Michel LH dit :

    Le Parler breton est un acte politique !
    Je suis choqué de voir en me promenant a Brest d’entendre parler en permanence un breton que je connais pas du tout. Je pense qu’il vient d’Afrique, mais çà m’agace de ne plus entendre en contrepartie un seul mot en breton dans les espaces publics. C’est çà le remplacement. Pour ceux qui ne sont pas convaincus, je leur conseille de prendre le tramway a Brest pour éventuellement se faire une opinion.

  2. Jean-François dit :

    Pour sauver le breton il faut surtout arrêter ce délire d’aller exporter le breton en Haute-Bretagne là où il n’a jamais été parlé. C’est du wokisme et rien d’autre ! Sur Netflix, vous avez des vikings noirs, en Bretagne vous avez des panneaux en breton en plein pays gallo (avec des noms inventés et ridicules la plupart du temps). Cela nous coûte de l’argent en pure perte. Apparemment le conseiller général UDB chargé du breton dans le 35 veut coloniser l’Ille-et-Vilaine avec son breton chimique, on est là encore dans le gauchisme woke. La langue de mes ancêtres, de mes grands-parents, c’est le breton et je comprends les gallos qui veulent défendre leur langue contre cette autre forme de colonisation qui affaibli le breton en basse-bretagne aussi par manque de moyens

  3. kan al louarn dit :

    Le combat pour sauver les langues de la Bretagne est peut-être perdu (sauver les vielles pierres en priorité parce qu’elles font partie du patrimoine français à l’inverse des langes régionales…) mis rien n’interdira jamais aux habitants de se dire d’abord et avant tout Bretons : « A cette heure des enfants naissent en Bretagne, seront-ils Bretons ? A chacun l’age venu la découverte ou l’ignorance »

  4. SIRARD dit :

    Bonjour,
    Pour moi la réappropriation des langues de Bretagne passe par la connaissance de la VRAIE histoire de Bretagne.
    De quoi être fier du pays dans lequel on vit et avoir envie de parler une des ses langues.

  5. T. Gwilhmod dit :

    Oui parler breton est un acte politique, un acte concret pour une société plus humaine en Bretagne. Mais les tenants de la langue, largement gauchistes immigrationnistes et wokes, creusent eux mêmes la tombe du breton.
    La seule action raisonnable est de créer sa famille en breton sans rien demander à personne.

  6. Yannig LM dit :

    Ne vez ket na komzet ha komprenet hor yezh gant meur a Vrezhoned. Setu pezh a zo mezhus. Ma vije bet lakaet ar brezhoneg e kreiz hor buhez pemdeziek, e vije adsavet a-benn 3 bloavezh. N’eo ket nemet un afer gant arc’hant : tu zo deskiñ digoust.
    Petra eo ar gudenn gant ar Vrezhoned neuze ? N’o deus ket amzer ? Keuz o deus ?
    Poent eo en em sevel !

  7. Catherine dit :

    Je tombe sur cet article dans mon fil, étrange mais content de découvrir le média. Originaire du pays gallo et locutrice de gallo je trouve qu’il serait profitable au breton que son apprentissage reste cantonné à l’ouest de la Bretagne où il est encore parlé par les anciens. Son imposition en Haute-Bretagne me choque. C’est totalement artificiel et ça se fait au détriment du gallo

  8. JTL29N dit :

    Tout à fait d’accord, c’est pourquoi je ne vais à Brest que lorsque j’y suis obligé. Toute proche de cette ville où je suis né et devenue infréquentable, j’habite sur la côte Nord du Léon qui est encore préservée mais pour combien de temps ?
    Quant à la langue bretonne qu’on entendait autrefois sur les marchés à Brest, elle est en train de disparaitre par une volonté de l’état jacobin et centralisateur. La seule façon de la sauver serait de la rendre obligatoire au moins à la maternelle et en primaire comme l’ont fait les irlandais. Mais l’Irlande est indépendante alors qu’en France existe au moins un parti politique qui aspire à la disparition de ses traditions et de ses valeurs. Notons que le député de Brest Ville est un élu de ce parti. Alors que peut-on faire si on envoie à la chambre des députés un élu appartenant à un parti politique ennemi de la langue bretonne et de la Bretagne et qu’on ne me dise pas le contraire, il suffit de lire ce que dit et écrit leur chantre Mélenchon au sujet de la Bretagne, de la langue bretonne et même des bonnets rouges.

  9. Emile GRANVILLE dit :

    Le breton est largement soutenu en Haute-Bretagne. Il suffit de regarder l’état de l’opinion publique mesuré par l’enquête TMO Région Bretagne réalisée en 2014. L’apport des Haut-Bretons à la langue bretonne est constant. A titre individuelle d’abord par l’engagement de nombreux militants, et parmi eux, depuis des décennies, de nombreux grammairiens et enseignants qui viennent renforcer l’effort collectif pour le breton. Aujourd’hui la demande sociale pour le breton en Haute-Bretagne est forte. C’est un fait, n’en déplaise à ces quelques personnes, (ou à la même personne) qui se cachent derrière des prénoms.

  10. Raymond Neveu dit :

    Je ne peux que souscrire aux avis exprimés par Jean-François, kan al louarn, gwillmod, Yannig…mais nous avons péché par trop d’assurance, voire d’orgueil certains qu’elle nous survivrait cette langue ancestrale que l’on entendit sur tous les continents lorsque les hommes libres si chers à Baudelaire parcouraient les mers « laosk da vont » dit-on au mousse qui largue les amarres…Il n’y a rien à attendre des farceurs socialo-bobo-gaucho de Diwan et autres car ils sont eux-mêmes rebretonnisés comme les Louarn, j’ai connu Tangi lorsqu’il habitait rue Paul Borossi à Quimper! C’est digne de la dynastie négroïde de la fifille à son désormais défunt papa. N’imposez pas votre breton chimique et même toxique en zone gallèse!

  11. ALREN dit :

    @Catherine. Si les Bretons de l’Est s’y mettent aussi contre le breton, on n’y arrivera jamais et par cette opposition stupide au breton, ils ne vont pas mieux sauver le gallo. En fait il est déjà sauvé par le français, du moins celui que j’entends par ses prétendus locuteurs puisque je le comprend sans l’avoir appris. Je ne vois pas ce qu’il y a d’illégitime à d’enseigner le breton en Haute Bretagne, il y a aussi des « Finistériens » qui y travaillent, qui enrichissent la métropole rennaise. Beaucoup auraient préféré avoir leur travail plus près de chez eux mais comme en Région on imite le centralisme français en concentrant tout autour de la « capitale » administrative, que les hauts Bretons assument cette géographie et arrêtent de traiter les bas Bretons de ploucs. Quant à ceux qui critiquement le breton « chimique », il faut comprendre qu’il faut un minimum d’apprentissage en breton unifié. Personnellement je suis vannetais au sens linguistique mais ayant fait un minimum d’efforts je comprend parfaitement le breton standard. Les râleurs anti-breton ne traduisent en fait que leur incompétence.

  12. ALREN dit :

    @ Emile GRANVILLE. Merci Emile, je crois qu’on est tout à fait en phase. Hélas les principaux fossoyeurs de notre langue sont parmi nous. Comme ils n’ont aucune excuses à leur manquements personnels ils cherchent des explications contre toutes ces générations de collecteurs, de grammairiens, d’écrivains, qui depuis la fin du moyen âge ont contribué à en faire une langue littéraire et moderne. Ils nous traitent de « colonisateurs » si on s’exprime en breton sur leur prétendu territoire (à eux seuls sans doute). Ce ne sont pas à ma connaissance les Bretons de « Basse Bretagne » qui auraient empêché l’émergence d’une littérature unifiée en gallo. De même, je ne connais pas de Hauts Bretons qui se plaignent de l’affichage et de l’enseignement en breton en Ille et vilaine comme en Loire Atlantique. Je suis surpris de voir tant d’animosité dans les commentaires.

  13. Florian dit :

    Le Breton est mort avec la foi catholique. La logique de Paris l’apostate était d’éliminer le Breton pour imposer leur langue et avec elle la pensée révolutionnaire athée.

    Il ne suffit pas de reparler la langue bretonne pour la sauver, il faut revenir à l’Église pour sauver notre culture.

  14. Florian dit :

    C’est dommage de voir que certains ont adopté le découpage Haute et Basse Bretagne, invention des Parisiens. Il y a bien deux Bretagne, mais c’est la Grande et la Petite, et on y parle de part et d’autre le Brittonique initialement.

    Navré aux Gaulois, mais votre langue gallèse n’est pas un patrimoine breton mais armoricain au même titre que l’angevin, le mainois ou le Normand.

    Jusqu’aux rives de la Rance et de la Vilaine il est légitime de parler Breton, au delà c’est la Gaule.

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