Urgences régulées à Ploërmel et à Vannes : la Bretagne en route vers le tiers-monde médical ?

La situation sanitaire en Bretagne ne cesse de se dégrader. Désormais, pour accéder aux urgences adultes des hôpitaux de Vannes et Ploërmel entre 20 h et 8 h du matin, un passage préalable par le 15 est obligatoire. Une mesure qui s’étalera depuis le 7 et jusqu’au 27 février 2025, officiellement justifiée par la saturation des services hospitaliers en pleine période hivernale. En réalité, elle consacre l’effondrement progressif du service public de santé et impose aux Bretons un modèle de tri des patients digne des pays en développement.

Des urgences sous haute pression, un accès désormais filtré

Face à une situation jugée intenable, le Centre hospitalier Bretagne Atlantique (CHBA), qui chapeaute les établissements concernés, a déclenché un plan blanc et mis en place cette régulation inédite. Désormais, avant de se rendre aux urgences, il faudra obligatoirement contacter le 15, sauf pour les urgences vitales transportées par le SMUR, les pompiers ou une ambulance.

Le but affiché est de désengorger les services en orientant les patients vers d’autres structures : médecin traitant, maison médicale de garde ou consultation différée. Ceux qui ne respecteraient pas cette règle se verront réorientés dès leur arrivée par une infirmière d’accueil et d’orientation (IOA).

Une saturation chronique et un manque de lits inquiétant

Si les autorités justifient cette décision par un pic d’épidémies hivernales, la réalité est bien plus alarmante. Depuis plusieurs mois, le CHBA est confronté à un manque critique de lits d’hospitalisation. Chaque matin, 14 patients en moyenne sont bloqués aux urgences faute de place, avec des journées atteignant des records de 31 patients en attente. Et ce, alors même que le flux d’entrées reste stable, selon le Dr Cédric Pépion, président de la Commission médicale du CHBA.

Le problème ne date pas d’hier. Le premier plan blanc avait été déclenché dès novembre 2024, bien avant l’arrivée des pathologies hivernales, révélant un effondrement structurel du système hospitalier breton.

Vers une médecine de tri à la brésilienne ?

Ce filtrage des admissions aux urgences rappelle les pratiques des systèmes hospitaliers précairesseuls les cas les plus graves accèdent aux soins, tandis que les autres sont renvoyés vers des solutions de fortune. Désormais, en Bretagne, le 15 devient le premier rempart d’un système de santé qui ne peut plus absorber tous les patients.

Officiellement, l’objectif est d’optimiser la prise en charge et d’éviter une attente interminable aux urgences. Mais cette sélection imposée pose une question cruciale : que devient un patient qui ne parvient pas à joindre le 15, qui n’a pas de médecin traitant ou qui se voit refuser l’accès aux urgences ? Devra-t-il, comme dans certains pays du tiers-monde, se débrouiller seul face à son état de santé ?

Des Bretons priés de se soigner autrement

Les hôpitaux de Vannes et Ploërmel invitent désormais les Bretons à anticiper leurs soins :

  • Contacter en priorité leur médecin traitant en journée.
  • Se référer à la carte des lieux de soins sur sante.fr pour trouver une structure ouverte.
  • Appeler le 15 en dernier recours, en cas d’urgence.

Certaines exceptions subsistent : les femmes enceintes et les patients adressés par un médecin pourront toujours se présenter directement.

Le symptôme d’un système hospitalier en déroute

Cette expérimentation inquiétante montre à quel point le modèle hospitalier français est à bout de souffle. Alors que les fermetures de lits s’enchaînent, que les personnels hospitaliers alertent depuis des années sur la dégradation des conditions de travail, la seule réponse du gouvernement et des autorités sanitaires est de mettre en place des barrières à l’entrée des soins.

Loin d’être un simple ajustement temporaire, cette mesure pourrait bien préfigurer l’avenir des urgences en France : un accès filtré, des patients renvoyés vers la médecine de ville, et une médecine hospitalière réduite aux cas les plus graves.

Jusqu’où ira cette logique ? Le modèle hospitalier breton est-il devenu un système de tri inspiré des pays les plus pauvres, où seul l’état de détresse absolue permet d’obtenir un soin immédiat ? Si cette régulation devient pérenne, c’est toute la conception de l’accès aux soins en Bretagne qui sera à revoir.

Crédit photo : DR

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3 réponses à “Urgences régulées à Ploërmel et à Vannes : la Bretagne en route vers le tiers-monde médical ?”

  1. loic ruello dit :

    depuis 2017 c’est l’effondrement de ce pays pas seulement de l’hopital et c’est foncièrement voulu on dit merci qui :

  2. Gaï de Ropraz dit :

    Il serait intéressant de connaitre l’incidence des personnes sans papiers, c’est a dire « les envahisseurs du pays », dans les decomptes des urgences vitales de l’hôpital…

  3. gautier dit :

    si le Conseil Régional, le conseil général, les mairie comme Nantes, Rennes, etc. plus toutes les gabegies LGBT qui NOUS POLLUENT La VIE ! si cet argent était donné pour les hôpitaux au lieu des ONG pour nous envahir,

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