C’est un coup de force silencieux, mais qui inquiète de plus en plus les États membres de l’Union européenne. Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, renforce progressivement son emprise sur la politique étrangère de l’UE, au mépris des traités et des prérogatives du Conseil européen et du Service européen pour l’action extérieure (SEAE). Sa dernière intervention, le 4 février, lors de la Conférence des ambassadeurs de l’UE, a cristallisé les tensions : elle y a présenté une vision ultra-centralisée et interventionniste, reléguant au second plan les États membres et leurs représentants officiels.
Une diplomatie bruxelloise imposée par le haut
Lors de cette conférence rassemblant 145 diplomates, Ursula von der Leyen s’est félicitée d’avoir transformé l’Europe en une « Union géopolitique » au cours des cinq dernières années. Mais ce n’est pas suffisant, selon elle : face à une « ère de géopolitique hyper-compétitive et hyper-transactionnelle », l’UE doit s’affirmer comme une puissance mondiale, quitte à bousculer ses propres règles internes.
Elle a ainsi déroulé un programme ambitieux mais controversé, couvrant les relations complexes avec la Chine et les États-Unis, le renforcement des accords commerciaux avec le Mercosur, le Mexique et la Malaisie, ainsi qu’une augmentation de l’aide au développement en Méditerranée. Elle a également annoncé des initiatives en Afrique et en Asie centrale, dont un sommet en Afrique du Sud et une visite en Inde avec une délégation de commissaires européens. Enfin, elle a révélé la création d’un « tribunal spécial » pour juger Vladimir Poutine et les criminels de guerre russes, un projet aussi flou juridiquement qu’ambitieux politiquement.
Un contournement systématique des institutions européennes
Ce discours n’a pas seulement agacé les diplomates et représentants des États membres, il a surtout illustré une tendance inquiétante : von der Leyen capte progressivement les compétences diplomatiques de l’UE au profit de la Commission.
Normalement, la politique étrangère est du ressort du Conseil de l’UE et du SEAE, dirigé par la Haute Représentante Kaja Kallas. Mais depuis plusieurs années, von der Leyen n’a cessé d’étendre son contrôle, bafouant les traités européens. Lors de cette conférence, Kaja Kallas, censée être l’hôte de l’événement, s’est retrouvée reléguée au second plan, tout comme António Costa, président du Conseil européen, qui aurait dû jouer un rôle central.
Les critiques fusent de toutes parts : même les eurodéputés socialistes, pourtant issus de la « coalition Ursula », s’agacent. « La politique étrangère de l’UE penche de plus en plus vers la Commission, ce qui ne correspond pas aux traités », a dénoncé le socialiste espagnol Nacho Sánchez Amor.
Budget, accords commerciaux, sanctions : von der Leyen décide seule
Ce contournement des institutions prend plusieurs formes :
- Coupes budgétaires ciblées : von der Leyen a drastiquement réduit le budget du SEAE, l’organe diplomatique officiel de l’UE, tout en créant une direction spéciale au sein de la Commission pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord (MENA), court-circuitant ainsi le rôle de Kaja Kallas.
- Accords économiques imposés : elle négocie et annonce des accords sans consulter les États membres, comme récemment avec le Mercosur ou l’imposition de taxes sur les véhicules électriques chinois.
- Décisions unilatérales : la Commission a récemment signé un partenariat de 3 milliards d’euros avec la Jordanie, sans en informer les États membres, qui doivent pourtant en assumer le financement.
Un diplomate européen, interrogé par Politico, ne cache pas son exaspération : « On nous met devant le fait accompli, alors que c’est nous qui payons la facture ».
Une dérive monarchique qui inquiète de plus en plus
Les critiques ne viennent plus seulement des eurosceptiques. De nombreux responsables politiques dénoncent une présidence de la Commission de plus en plus autocratique. En coulisses, certains évoquent même un « coup d’État institutionnel » : von der Leyen agit comme une souveraine qui dicte sa diplomatie, reléguant les États membres au rang de simples spectateurs.
La colère monte : si les gouvernements européens ne réagissent pas rapidement, ils risquent de voir leurs prérogatives en matière de politique étrangère disparaître totalement. Von der Leyen se comporte comme une présidente de l’UE alors qu’elle n’a jamais été élue directement par les peuples européens.
La question est désormais de savoir si les chefs d’État et de gouvernement européens vont enfin stopper cette dérive. Plusieurs pays, notamment la Hongrie, la Pologne et même la France, commencent à s’agacer de cette concentration du pouvoir à Bruxelles.
Von der Leyen espère un second mandat à la tête de la Commission après les élections européennes de 2024. Mais son style autoritaire pourrait bien lui coûter des soutiens, y compris au sein des familles politiques qui l’ont portée au pouvoir.
L’Union européenne est-elle en train de se transformer en un empire bureaucratique dirigé par une élite non élue ? Une chose est sûre : la bataille pour le contrôle de la diplomatie européenne ne fait que commencer.
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3 réponses à “Ursula von der Leyen, impératrice de l’UE : vers une diplomatie bruxelloise hors de contrôle ?”
Corruption et dictature. Voir UrsulaGates de Frédéric Baldan.
Mais qui va arrêter cette saloperie de bonne femme ! et en plus elle veut mettre à sa place la même, en pire, KAJA KALLAS ! sans rien demander à personne ! sauf bien sur à ses commissaires mouillés jusqu’au cou !
son grand père était général dans la SS. ça laisse forcément des traces sur des cerveaux malades !