Après qu’une partie de l’Ille-et-Vilaine ait connue d’importantes inondations, la déclaration de sinistre pour les habitants concernés peut, elle aussi, tourner au cauchemar.
Des indemnisations retardées, minimisées ou refusées
Si l’assurance habitation est censée offrir une protection en cas de catastrophe, la réalité est souvent bien différente. Une enquête menée par 60 Millions de consommateurs et l’Union nationale des associations familiales (Unaf) révèle un tableau inquiétant : de nombreux sinistrés se heurtent à des refus d’indemnisation, des délais interminables et des expertises biaisées. Cette situation ne fait qu’aggraver le désarroi de ceux qui ont déjà tout perdu.
Dans leur analyse, les associations dénoncent notamment la pratique de la « règle proportionnelle », qui permet aux assureurs de réduire le montant des indemnisations lorsque le risque déclaré ne correspond pas exactement au risque constaté. Une subtilité contractuelle qui peut entraîner une diminution de 10 à 15 % des sommes versées aux assurés. Comme l’explique Benoît Monterrat, président de la Fédération des experts d’assurés (Fedexa), cette méthode est très souvent appliquée, alors même que les assurés ne sont souvent pas correctement informés des obligations de déclaration au moment de la souscription.
Des experts sous pression et des assurés impuissants
Le cœur du problème réside dans le mode de fonctionnement des experts. Mandatés et rémunérés par les compagnies d’assurance, ils sont soumis à des pressions pour limiter les indemnisations. Comme l’explique Cyrille Chartier-Kastler, président du cabinet Facts & Figures, un expert qui évalue trop généreusement les dommages risque de ne plus être sollicité par les assureurs. Une situation qui met à mal l’impartialité des évaluations, pourtant cruciales pour les assurés.
Les témoignages recueillis par 60 Millions de consommateurs révèlent des expertises bâclées, des dommages minimisés et des sinistrés laissés à l’abandon. Certains experts mandatés par les compagnies ne prennent même pas la peine d’examiner les dégâts de près avant de conclure à l’absence de prise en charge. L’un des témoins de l’enquête explique qu’après avoir eu la toiture de sa maison endommagée par une tempête de grêle, l’expert a refusé toute indemnisation sans même monter sur le toit. Face à de telles pratiques, les assurés ont peu de recours.
Une des solutions pourrait être de renforcer l’accès à une contre-expertise indépendante, une pratique courante pour les entreprises et collectivités, mais encore trop rare pour les particuliers. Pourtant, la possibilité de faire appel à un expert d’assuré pourrait permettre de rétablir un équilibre face aux évaluations biaisées imposées par les compagnies.
Des primes en hausse, des garanties en recul
L’enquête met également en lumière un paradoxe révoltant : alors que les compagnies d’assurance justifient la hausse des primes par l’augmentation des sinistres liés aux événements climatiques, les indemnisations sont de plus en plus contestées. En 2025, selon Facts & Figures, les primes d’assurance habitation ont encore bondi de 12 à 20 %. Une augmentation qui, loin de s’accompagner d’une amélioration du service rendu aux assurés, semble plutôt coïncider avec un durcissement des pratiques des compagnies.
Dans un contexte de multiplication des catastrophes naturelles, comme les récentes inondations en Bretagne, ces pratiques inquiètent. Les victimes, déjà fragilisées par la perte de leur logement, se retrouvent piégées dans un véritable parcours du combattant administratif pour espérer toucher une indemnisation pourtant due.
Alors que les pouvoirs publics restent silencieux, la question se pose : jusqu’où les assureurs pourront-ils aller avant qu’une réforme en profondeur ne s’impose ?
Crédit photo : capture YouTube (photo d’illustration)
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Une réponse à “Assurances habitation : quand l’indemnisation vire au cauchemar”
les assurances sont là pour leurs actionnaires pas pour les clients !