Le secteur manufacturier américain connaît une embellie inédite après 26 mois consécutifs de déclin, portée par une hausse de la demande et un regain d’optimisme des entreprises. Cette reprise marque un tournant pour l’industrie, qui profite des politiques économiques favorables mises en place par la nouvelle administration. Cependant, des défis subsistent, notamment la montée des coûts de production et l’incertitude liée aux taux d’intérêt.
Un retour à la croissance confirmé par les indicateurs économiques
Le Purchasing Managers’ Index (PMI) de l’Institute for Supply Management (ISM) a atteint 50,9 % en janvier, contre 49,2 % en décembre, franchissant ainsi la barre symbolique des 50 %, qui distingue la contraction de l’expansion économique.
« L’activité manufacturière aux États-Unis a renoué avec la croissance après plus de deux ans de contraction », a déclaré Timothy Fiore, président du comité d’enquête de l’ISM. « La demande s’est clairement améliorée, la production a augmenté et les entrées de commandes sont restées accommodantes. »
Même constat du côté de S&P Global, dont l’indice manufacturier a grimpé à 51,2 % en janvier, après sept mois sous la barre des 50 %. Ce rebond s’accompagne d’un optimisme record des industriels quant aux perspectives de croissance en 2025.
Optimisme en hausse et relance de l’emploi industriel
L’amélioration du climat des affaires s’explique en grande partie par la levée des incertitudes politiques et l’arrivée de mesures pro-business destinées à relancer l’industrie.
« Les fabricants rapportent que l’incertitude politique a été dissipée et que l’approche favorable aux entreprises de la nouvelle administration améliore leurs perspectives », analyse Chris Williamson, économiste en chef chez S&P Global.
Cet optimisme se traduit par une hausse des recrutements, les entreprises industrielles augmentant leurs effectifs pour le troisième mois consécutif. Le rythme de création d’emplois atteint son plus haut niveau depuis juin 2024.
Un retour à la croissance fragile : l’inflation et les coûts de production en question
Malgré cette embellie, plusieurs signaux alertent sur la soutenabilité de cette reprise. L’ISM et S&P Global soulignent une montée des coûts des matières premières et des prix de production.
- L’indice des prix de l’ISM a bondi de 2,4 points en janvier, atteignant 54,9 %.
- Il s’agit du quatrième mois consécutif de hausse des prix, avec 21 % des entreprises signalant des coûts en augmentation.
« Maintenir un rythme modéré d’augmentation des prix face à une demande croissante sera l’un des grands défis de 2025 », avertit Timothy Fiore.
Chris Williamson de S&P Global partage ce constat : « L’accélération de l’inflation industrielle pourrait poser problème si elle persiste, d’autant plus que la combinaison d’une hausse des prix, d’une croissance économique accélérée et d’un marché de l’emploi robuste rend peu probable une baisse des taux d’intérêt. »
Les incertitudes liées aux décisions de la Réserve fédérale
Le rôle de la Réserve fédérale (Fed) sera déterminant pour l’avenir du secteur manufacturier. Lors de sa réunion du 29 janvier, la banque centrale a maintenu ses taux d’intérêt entre 4,25 % et 4,5 %, en raison d’une activité économique solide et d’un marché du travail toujours dynamique.
La Fed reste prudente sur la possibilité de futures baisses des taux, ce qui pourrait contrarier l’administration Trump, qui souhaite les voir diminuer pour stimuler l’investissement industriel. « Dès que les prix du pétrole baisseront, la Fed devra revoir sa politique et baisser les taux », a récemment affirmé Donald Trump, laissant entrevoir un bras de fer avec Jerome Powell, président de la Fed.
Le resserrement monétaire amorcé en 2022 avait entraîné une chute de la croissance, particulièrement dans les secteurs nécessitant de forts investissements en capital, comme l’industrie manufacturière.
Quel impact pour l’économie mondiale et la France ?
La reprise du secteur industriel américain pourrait avoir des répercussions internationales, notamment pour les exportateurs européens et les fournisseurs de matières premières. Une accélération de la croissance aux États-Unis peut stimuler la demande en produits européens, mais elle peut aussi provoquer des tensions commerciales si Washington privilégie des politiques protectionnistes.
En France, l’industrie souffre encore des conséquences d’un coût du travail élevé et d’une pression fiscale forte sur les entreprises. Le contraste avec les États-Unis illustre la difficulté pour les industriels français de rester compétitifs sur le marché mondial.
L’expansion du secteur manufacturier américain est une bonne nouvelle pour l’économie mondiale, mais elle reste conditionnée à plusieurs facteurs :
- La maîtrise de l’inflation et des coûts de production.
- Les décisions de la Réserve fédérale sur les taux d’intérêt.
- L’impact des politiques économiques de l’administration Trump.
Si ces éléments convergent favorablement, les États-Unis pourraient amorcer une nouvelle ère de réindustrialisation, avec un impact direct sur le marché du travail et les échanges internationaux. À l’inverse, une flambée des prix ou un resserrement monétaire trop sévère pourrait freiner cet élan.
Seul l’avenir dira si ce rebond est le début d’un cycle durable ou un simple sursaut passager dans un climat économique encore incertain.
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