La situation des urgences de l’hôpital de Carhaix continue de cristalliser les tensions en Centre-Bretagne. Privée d’un service d’accueil physique permanent depuis l’été 2023, la population locale subit les conséquences de la pénurie de médecins urgentistes et de l’inaction des pouvoirs publics (qui dépensent par ailleurs énormément pour la bureaucratie médicale). Face à cette impasse, le Pays Centre-Ouest Bretagne (COB) propose une solution inédite mais non sans risque : la mise en place d’un Smur non médicalisé, permettant de rétablir une prise en charge des patients en urgence tout en optimisant les effectifs.
Une alternative face à l’inaction de l’État
Depuis juillet 2023, les urgences de Carhaix ne fonctionnent plus que sous régulation téléphonique via le 15, une situation unique en Bretagne. Lors du comité syndical du Pays COB, réuni à Collorec le 29 janvier 2025, les élus ont acté la nécessité de défendre un projet d’Unité Mobile Hospitalière Paramédicale (UMHP) devant le ministère de la Santé.
L’objectif est simple : permettre aux infirmiers anesthésistes et aux professionnels de santé de prendre en charge les urgences sur le terrain, pendant que l’unique médecin urgentiste reste à l’hôpital pour traiter les patients sur place. Cette organisation permettrait d’accueillir jusqu’à 30 patients par jour, contre seulement 12 actuellement. Le bémol tout de même pour les victimes : si vous êtes en urgence vitale (arrêt cardiaque, hémorragie..) et que le SMUR de Carhaix se déplace, il n y aura donc pas de médecin dans la voiture. Et si cela se passe à côté de Carhaix et qu’un autre SMUR médicalisé était envoyé, les délais d’intervention seraient plus longs. Cela ressemble un peu à déshabiller Jacques pour habiller Paul.
Ce type d’organisation a toutefois déjà été mis en place dans plusieurs villes françaises comme Concarneau, Douarnenez, Bordeaux ou encore dans la Sarthe. Le décret de 2023 encadrant ces unités mobiles hospitalières paramédicales permet leur déploiement dans un contexte de pénurie médicale.
Toutefois, les élus du Pays COB insistent sur le fait que cette solution doit rester temporaire. L’objectif principal demeure le rétablissement d’un service d’urgence avec un effectif médical complet.
Le projet souligne une réalité inquiétante : en 2022, avant la régulation des urgences, le service de Carhaix accueillait en moyenne 40 patients par jour. Aujourd’hui, ce chiffre est tombé à 12, laissant planer de nombreuses interrogations sur les 30 patients quotidiens qui ne sont plus pris en charge.
La population de Centre-Bretagne, déjà confrontée à des difficultés économiques, se retrouve à devoir parcourir de longues distances pour accéder à des soins en urgence. Une carte réalisée pour appuyer le dossier montre que certains habitants doivent faire plus de 50 minutes de route pour atteindre un service hospitalier.
Les élus locaux comptent défendre cette proposition devant le ministre de la Santé, Yannick Neuder, lors d’une rencontre prévue à Paris en février. Ils espèrent obtenir une validation du projet afin d’expérimenter rapidement cette nouvelle organisation.
L’État est désormais face à ses responsabilités. Maintiendra-t-il une situation où des milliers d’habitants se retrouvent privés d’un accès rapide aux soins, ou acceptera-t-il enfin d’écouter les élus locaux qui tentent d’apporter des solutions concrètes ? Une question cruciale pour l’avenir sanitaire du Centre-Bretagne.
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