Les deux premières tentatives de transfert de migrants de l’Italie vers l’Albanie n’avaient pas vraiment été couronnées de succès. Au mois d’octobre dernier, les effets d’annonce du gouvernement Meloni étaient rattrapés par la réalité lorsque le premier navire venant concrétiser l’entrée en vigueur du « plan Albanie » avait appareillé en direction des Balkans avec seulement 16 clandestins à son bord.
La situation tourna même au ridicule lorsque, quelques jours plus tard, tous les clandestins furent renvoyés en Italie sur décision des juges de la section immigration du Tribunal de Rome, rappelant le pouvoir des magistrats à favoriser l’immigration illégale. Les plusieurs centaines de milliers d’euros dépensés par l’Italie pour affréter un navire et transférer ces migrants illégaux en Albanie dans le tout nouveau centre italien de permanence pour le rapatriement n’avaient donc servi à rien.
Comme nous l’avions indiqué dans notre article à l’époque, sur ces 16 clandestins, quatre d’entre eux avaient déclaré être mineurs ou vulnérables – chose pourtant exclue lors d’un premier contrôle -, quand les 12 autres proviendraient de pays considérés comme dangereux par les juges de la section immigration du Tribunal de Rome (Égypte et Bangladesh) et ne pouvaient à ce titre prétendre à la procédure « accélérée » en Albanie (28 jours).
C’est donc sur la définition de « pays sûrs » que l’exécutif italien et les magistrats devaient s’affronter. Il faut également rappeler qu’en parallèle de cette lutte contre l’immigration illégale, l’Italie a tout de même octroyé la citoyenneté à 196 000 individus provenant de pays non membres de l’UE en 2023…
Deux mois et demi après l’échec du deuxième et dernier transfert de migrants en 2024 vers l’Albanie (avec seulement huit individus originaires d’Égypte et du Bangladesh transférés à bord d’un navire militaire italien depuis Lampedusa au début du mois de novembre 2024 et finalement renvoyés en Italie suite à une nouvelle décision d’un tribunal de Rome), le ministère italien de l’Intérieur a annoncé dimanche 26 janvier la reprise des transferts de clandestins vers les centres pour demandeurs d’asile en Albanie.
À bord du Cassiopea, un navire de la marine italienne, 49 migrants ont été envoyés en Albanie après avoir été secourus en mer par les garde-côtes italiens quelques heures plus tôt. Cependant, rien ne garantit pour l’instant qu’ils resteront en Albanie puisque des juges italiens du tribunal de Bologne avaient demandé au mois d’octobre dernier à la Cour européenne de justice (CJUE) de clarifier la situation compte tenu des « conflits d’interprétation » dans le système juridique italien. Le gouvernement de Giorgia Meloni n’a pas attendu la réponse de la CJUE (qui doit tenir une première audience en février) pour reprendre les transferts vers l’Albanie.
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