Le syndicat Sud Santé tire la sonnette d’alarme. Depuis plusieurs jours, les services d’urgences de Saint-Malo et Dinan font face à une situation critique. Engorgement, manque de lits, de matériel et de personnel… La situation est telle qu’une procédure de Danger Grave et Imminent (DGI) a été déclenchée sur les deux sites. Pendant ce temps, l’État, censé garantir la sécurité sanitaire des citoyens, regarde ailleurs.
Des urgences au bord de la rupture
Le plan blanc, déclenché le 8 janvier 2025, est toujours en vigueur dans le groupement hospitalier Rance Émeraude (GHRE). L’épidémie de grippe a certes aggravé la situation, mais ce phénomène récurrent n’explique pas à lui seul l’état catastrophique des services d’urgence.
Le nombre de patients explose : 135 passages aux urgences de Dinan en une seule journée, 58 patients en attente à Saint-Malo, une unité d’hospitalisation de courte durée saturée, et une zone d’attente couchée surpeuplée où certains malades sont contraints de rester entre 40 et 70 heures dans des conditions indignes.
Ce chaos généralisé met en danger la sécurité des soignants et des patients. Un manque criant de matériel aggrave encore la situation : pénurie de lits, de perfusions, de matelas anti-escarres, et même d’urinals pour les patients alités.
Un État démissionnaire qui ne remplit plus ses missions
Les soignants ne sont pas seuls à alerter. Le malaise est général, et pour cause : l’État abandonne progressivement ses missions régaliennes.
L’hôpital public, censé être un pilier du contrat social, s’effondre sous le poids des restrictions budgétaires, de la bureaucratie et d’une gestion court-termiste. Les urgences de Saint-Malo et Dinan ne sont qu’un symptôme d’un mal bien plus profond : celui d’un État qui ne protège plus ses citoyens, ni en matière de santé, ni en matière de sécurité, ni en matière de justice.
La saturation des hôpitaux ne date pas d’hier. Mais chaque année, c’est la même scène qui se joue : manque de lits, de médecins, et d’infirmiers, alors même que les dépenses de fonctionnement explosent. Avec 1 million d’euros par jour dépensés par le GHRE, où va réellement l’argent public ? Pourquoi les services essentiels sont-ils sacrifiés alors que d’autres secteurs bénéficient de largesses sans fin ? Pourquoi les responsables du massacre dans le système de santé, notamment via les méthodes de sélections des étudiants, ne sont-ils pas jugés et condamnés ?
Face à cette situation, l’État préfère multiplier les campagnes de communication plutôt que d’apporter des solutions concrètes. L’effondrement du service hospitalier n’est plus une préoccupation secondaire : il est devenu un signal d’alarme d’une rupture totale entre les élites et la réalité vécue par les Français.
Les soignants des hôpitaux de Saint-Malo et Dinan ne demandent pas l’impossible, mais simplement les moyens d’exercer leur métier dignement. Ils ne réclament pas des promesses creuses ni des plans d’urgence dictés depuis des bureaux parisiens déconnectés, mais des décisions immédiates et concrètes pour stopper l’hémorragie.
Combien de crises faudra-t-il encore pour que l’État assume enfin son rôle ? Combien de patients devront subir une médecine dégradée avant qu’un vrai sursaut ait lieu ? La santé, la sécurité et la justice ne sont pas des options, mais des fondements essentiels de la société.
À force de reculer sur tous ces fronts, l’État se délite et rompt progressivement le pacte régalien qui le lie aux citoyens. Les prélèvements, charges, impôts qu’ils paient au quotidien sont ils encore vraiment légitimes ?
Illustration : DR
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