Trevor Phillips brise le silence : race, terrorisme et échecs du multiculturalisme

Trevor Phillips, ancien président de la Commission pour l’égalité et les droits humains au Royaume-Uni, a publié dans The Times un éditorial saisissant intitulé « Time for honest questions about race and terror » (Il est temps de poser des questions honnêtes sur la race et le terrorisme). Ce texte audacieux aborde des sujets sensibles souvent esquivés : les liens entre les jeunes noirs issus de zones de guerre, les échecs des programmes antiterroristes britanniques, et la paralysie des institutions face aux réalités raciales.

Trevor Phillips : une voix lucide et engagée

Trevor Phillips, bien connu pour ses positions franches sur le relations raciales, n’a jamais hésité à soulever des sujets épineux. Dans cet éditorial, il met en lumière les conséquences tragiques d’une politique qui, selon lui, refuse d’affronter des vérités dérangeantes. L’exemple le plus marquant est celui d’Axel Rudakubana, responsable du massacre de Southport. Né au Royaume-Uni, Rudakubana n’a pas connu directement les traumatismes des zones de guerre. Pourtant, quelque chose semble s’être transmis ou enraciné, et Phillips souligne que certains problèmes sont concentrés dans des communautés originaires d’Afrique.

Les chiffres qu’il cite sont édifiants : 75 % des individus jugés chaque année pour homicide au Old Bailey (le principal tribunal criminel de Londres) sont d’origine africaine ou caribéenne, souvent issus de territoires ravagés par les conflits. Ces données, selon lui, ne peuvent être ignorées si l’on souhaite comprendre et prévenir de futures tragédies.

Les échecs du programme Prevent et le rôle des institutions

Phillips s’attaque également au programme Prevent, conçu pour détecter les comportements à risque avant qu’ils ne se transforment en actes de terrorisme. Jusqu’en 2019, les signalements concernant les menaces islamistes représentaient environ 45 % des 3 500 signalements annuels effectués par la police, les enseignants et les travailleurs sociaux. Mais à partir de cette année-là, ces signalements ont chuté à 1 500 cas, tandis qu’une nouvelle catégorie, définie comme « vulnérabilité sans idéologie », est montée en flèche, atteignant 2 500 signalements en 2022.

Selon Phillips, cette évolution n’est pas le fruit du hasard. Elle découle directement d’une définition élargie de l’islamophobie, introduite par un groupe de parlementaires en 2018, qui inclut des concepts flous comme « des expressions de la musulmanité ». Cette définition a, selon lui, découragé les institutions de traiter ouvertement certaines menaces par peur d’être accusées de racisme. Il rappelle un exemple tragique : l’attentat de Manchester Arena en 2017, où un agent de sécurité a reconnu avoir hésité à intervenir face au comportement suspect du terroriste par crainte d’être perçu comme raciste par la gauche et ses relais médiatiques.

Une paralysie institutionnelle qui coûte des vies

Phillips accuse les institutions de privilégier la « voie facile » en classant de nombreux cas problématiques dans des catégories impliquant moins d’action. Il estime que la crainte des accusations de racisme a conduit à requalifier les menaces potentielles en cas « sans idéologie », permettant ainsi aux autorités d’éviter les controverses avec les médias de gauche. Cette attitude, selon lui, a directement contribué au massacre de Southport, où les signaux d’alerte ont été ignorés.

Phillips ne se contente pas de critiquer ; il appelle à une prise de conscience collective. Il insiste sur le fait que ces problèmes ne sont pas nouveaux et que des solutions avaient déjà été envisagées par le passé. En 2007, par exemple, il avait recommandé au gouvernement de Gordon Brown des interventions psychothérapeutiques pour les jeunes issus de familles ayant fui des zones de guerre, notant que ces enfants étaient souvent habitués à des niveaux de violence inimaginables pour la majorité des Britanniques.

Pourquoi cet éditorial est crucial

La publication de cet éditorial dans The Times marque un tournant important. Alors que de nombreux pays européens, dont la France, font face à des défis similaires liés à l’intégration et à la gestion de la coexistence de groupes raciaux différents, l’intervention de Trevor Phillips rappelle l’urgence d’un débat honnête et pragmatique.

Les données qu’il met en lumière, notamment le fait que 75 % des accusés d’homicide au Old Bailey proviennent de minorités afro-caribéennes, soulignent l’ampleur du problème. Plus encore, son avertissement sur les conséquences de la peur des accusations de racisme — une peur qui conduit à l’inaction — résonne particulièrement fort dans une Europe où ces débats sont souvent politisés et évités par la gauche adepte du Grand Remplacement et par une droite marquée par le sceau de la lâcheté.

Ce texte est un appel au courage. Il rappelle que le refus de poser des questions difficiles ne protège pas les citoyens ; au contraire, il les expose à des tragédies évitables. La France, comme le Royaume-Uni, aurait tout à gagner à écouter cette voix lucide.

Balbino Katz

Crédit photo : DR (photo d’illustration)
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Une réponse à “Trevor Phillips brise le silence : race, terrorisme et échecs du multiculturalisme”

  1. Pschitt dit :

    Trevor Phillips est « bien connu pour ses positions franches sur le relations raciales », écrivez-vous. C’est vrai : né de parents venus du Guyana, il a toujours combattu le racisme, encensé l’immigration, fait le coup de poing contre le National Front dans sa jeunesse, etc. : des « positions franches », en effet. Il a fait carrière à la télévision et au parti Travailliste en tant que représentant de la « diversité ».

    Ce qu’il y a d’intéressant chez lui est qu’il dénonce l’échec du « multiculturalisme » pratiqué au Royaume-Uni, c’est-à-dire la juxtaposition de communautés préservant des identités différentes. Ce qui risque, a-t-il dit, de conduire à la ségrégation. Cela ne veut pas dire qu’il propose mieux : il est partisan de l’intégration à la française, comme si ce modèle réussissait mieux que le multiculturalisme dont il est l’inverse. Cette position lui a valu la légion d’honneur du temps de Sarkozy, ce qui devrait inciter à la méfiance !

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