Il n’était pas évident d’adapter en bande dessinée Autant en emporte le vent, célèbre roman de Margaret Mitchell, magnifié par sa version cinématographique de 1939. Mais le dessinateur Pierre Alary relève le défi. Dans le second tome, on découvre l’impossible réconciliation entre Sudistes et Yankees.
Le premier tome commence en avril 1861. La guerre de Sécession est sur le point d’éclater. La Géorgie, en quittant l’Union, est devenue un État confédéré. Dans la magnifique plantation de Tara, la famille O’Hara, d’origine irlandaise, fête les seize ans de Scarlett, jeune fille pleine de vie et de gaieté, mais au caractère bien trempé. Courtisée par tous les jeunes planteurs sudistes, elle aime secrètement le rêveur Ashley Wilkes, fiancé de sa cousine Mélanie. Scarlett déclare sa flamme à Ashley, lequel la repousse. Le séduisant aventurier Rhett Butler, qui a assisté à la scène, s’amuse du ridicule de la situation. Par dépit, Scarlett épouse Charles, le frère de Mélanie, lequel est tué dès le début du conflit. Devenue veuve, Scarlett part pour Atlanta où elle revoit Rhett Butler. Alors que les Nordistes sont aux portes d’Atlanta, Rhett accepte de conduire, à Tara, Scarlett et Mélanie avec son bébé. Quand elle revient à Tara, Scarlett découvre que sa mère est morte, que son père sombre dans la folie douce et que la plantation est ravagée. Elle va se battre pour la survie de sa famille et de sa terre…
Le second tome débute en février 1866. La guerre de Sécession est finie. La ville d’Atlanta sort dévastée du grand incendie. Scarlett O’Hara parcourt les décombres avec Mammy, sa gouvernante qui continue de la servir, de son plein gré, malgré l’abolition de l’esclavage. Scarlett apprend, bouleversée, que Rhett Butler est emprisonné par les yankees, accusé d’avoir tué un homme noir. Elle découvre alors que certains profiteurs commencent à s’enrichir sur les cendres du Sud. Avec l’argent de Rhett Butler, sorti de prison, Scarlett achète une scierie et devient une brillante femme d’affaires. Mais cette réussite déplait à la bonne société sudiste qui se remet mal de la défaite. Un jour, Scarlett est agressée par des noirs alors qu’elle se déplaçait toute seule. Son nouveau mari, Frank Kennedy, ainsi qu’Ashley Wilkes, participent alors à un raid mené par le Ku Klux Klan pour laver son honneur. Mais ils tombent dans un piège. Redevenue veuve, pour vivre sans se soucier de l’argent, Scarlett accepte d’épouser Rhett…
Autant en emporte le vent, roman de Margaret Mitchell paru en 1936, prône l’attachement des sudistes à leur terre. Originaire de Géorgie comme son héroïne Scarlett O’Hara, la romancière entendait révéler au grand public la vision enracinée de ses aïeux.
Réalisée en 1939 par George Cukor, Victor Fleming et Sam Wood, l’adaptation cinématographique reste fidèle à cet esprit. Ce chef d’œuvre aux huit Oscars (meilleurs films, actrice, second rôle féminin, réalisateur, scénario, photo, direction artistique, montage), avec Vivien Leigh et Clark Gable, montre l’harmonie entre maîtres blancs et esclaves noirs au sein de la plantation de Tara. Le film vante le courage des jeunes officiers sudistes, même s’ils n’ont pas conscience du danger. Il dénigre le camp yankee, composé de soudards qui ravagent le Sud. Ce film prône la résistance de Scarlett. Au début désinvolte, Scarlett s’endurcit au point de braver toutes les épreuves que la vie lui réserve.
Cette adaptation en bande dessinée par Pierre Alary est une vraie réussite. Rien que la première partie a demandé deux ans de travail. Elle court du début de la vie de Scarlett, (l’insouciance de l’avant-guerre) à l’issue de la guerre de Sécession (la disparition de son monde). Le découpage s’organise autour de Tara, point de départ et d’arrivée de ce premier tome.
Contrairement au film, la seconde partie de cette bande dessinée est encore meilleure que la première. Alors que le premier volume portait sur les dilemmes sentimentaux des personnages, le second ajoute le contexte social avec l’émergence du capitalisme financier et la résistance prenant la forme du Ku Klux Klan. L’indomptable Scarlett O’Hara devient un personnage fascinant. Au fil des planches, la relation entre Scarlett et Rhett se complexifie, les époux s’écharpant de plus belle sans avouer leurs sentiments.
Pierre Alary se spécialise ainsi dans les adaptations d’œuvres littéraires. Après avoir adapté Moby Dick d’Herman Melville avec Olivier Jouvray, et Mon traître et Retour à Killybegs de Sorj Chalandon, puis avoir achevé son album sur les origines de Zorro (Don Vega), il a eu la curiosité de se plonger dans ce célèbre roman sudiste. Certes, pour éviter toute polémique sur la représentation des Noirs, il a jugé plus prudent d’atténuer les dialogues « petit-nègre ». Mais il respecte la trame et l’esprit de ce chef d’œuvre de la littérature.
Son trait vif et expressif convient particulièrement au récit. Le découpage rythmé, en plans serrés, accentue davantage encore les émotions des personnages. Il dresse le portrait d’une Scarlett fière et capricieuse, prête à tout pour arriver à ses fins. Son obstination force l’admiration. Seule influence du film, sans doute pour ne pas désarçonner le lecteur, sa Scarlett a le visage en cœur de Vivien Leigh et son Rhett Butler rappelle Clark Gable.
Sa colorisation est somptueuse, notamment lors de la scène d’Atlanta. Pour condenser vingt pages du roman en quelques planches, l’auteur utilise un superbe ocre orangé afin de reproduire les braises de l’incendie.
L’éditeur a eu la bonne idée de produire un écrin soigné : grand format, papier épais et dos toilé.
Gone with the wind, Tome 1, 145 pages, 25 euros, Tome 2, 160 pages, 27 euros, Editions Rue de Sèvres.
Kristol Séhec.
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3 réponses à “Autant en emporte le vent (Gone with the wind) en bande dessinée (tome 2).”
Moi j’eviterai, même, ou d’autant plus par les bandes dessinées, la promotion de la cigarette …
Mais comment faites-vous, « Kristol Séhec », pour paraître aussi profondément cultivé, lucidement critique, passeur passionné, dans un genre de littérature, la BD, qui est loin d’être aisé à connaître, à comprendre, à apprécier ? Vos billets pertinents confortent notre avis ou font découvrir des auteurs, des textes, des dessins qui bénéficient de votre intelligence analytique et de votre amour pour cette littérature, très diverse au demeurant. Je ne sais pas si nous sommes nombreux comme lecteurs quotidiens de Breizh Info à être amateurs de BD, je ne sais pas comment vous faites, en tout cas vous faites mon admiration.
Ce que je retiens ce sera l’esprit de la société sudiste donc tout le contraire de la société nordiste! L’origine de cette société sudiste c’est la France et l’Espagne celle des yankees ce n’est même plus celle de l’Angleterre mais celle de toutes les racailles que le nord de l’Europe déverse sur les States, des brutes sans Culture, des pillards sans foi ni loi…