Javier Milei lance un nouveau front dans la guerre culturelle : fin des discriminations « positives » en Argentine

Le président argentin Javier Milei poursuit son offensive contre l’idéologie « woke » en annonçant un projet de loi baptisé « Égalité devant la loi ». Ce texte, qui sera présenté au parlement à partir du 1ᵉʳ mars 2025, ambitionne d’abolir toutes les mesures dites de « discrimination positive », incluant les quotas pour les personnes transgenres, les documents d’identité non binaires et l’aggravation pénale des crimes qualifiés de féminicides. Une initiative qui s’inscrit pleinement dans le discours qu’il a prononcé récemment à Davos, où il a qualifié l’idéologie woke de « cancer » menaçant la civilisation occidentale.

Une offensive législative pour l’égalité formelle

Selon la présidence argentine, l’objectif est clair : mettre fin à toutes les formes de différenciation entre les citoyens en fonction de leur sexe, genre ou orientation sexuelle, pour revenir à une stricte égalité devant la loi. « Il n’a aucun sens qu’une peine soit plus sévère selon que la victime est un homme ou une femme », affirment les conseillers de la Casa Rosada, palais présidentiel argentin. Par conséquent, le projet de loi pourrait abroger les dispositions spécifiques du Code pénal argentin concernant les féminicides, qui aggravent les peines en cas de meurtre d’une femme dans un contexte de violence de intrafamiliale.

Le texte viserait également la suppression des quotas professionnels pour les personnes transgenres et des documents d’identité non binaires, introduits sous le précédent gouvernement. Depuis leur mise en place, environ 1 200 documents non binaires ont été délivrés en Argentine, un chiffre jugé « symbolique mais inutile » par les partisans du projet de loi.

En revanche, certaines lois comme celles sur le mariage pour tous et l’accès à l’avortement, très sensibles en Argentine, ne sont pas incluses dans cette initiative.

Une guerre culturelle ouverte contre le « woke »

Ce projet législatif reflète les propos enflammés de Milei à Davos, où il a dénoncé le féminisme radical, la diversité et l’idéologie de genre comme des outils de manipulation utilisés par l’État pour justifier son interventionnisme croissant. « Le féminisme, la diversité, l’écologisme, l’immigration ou l’idéologie de genre sont les différentes têtes d’une créature dont le seul but est de légitimer l’expansion de l’État en déformant des causes nobles », a-t-il déclaré.

En s’attaquant à des lois emblématiques comme celles sur les quotas ou les documents d’identité non binaires, Milei s’attaque directement à ce qu’il perçoit comme une « tyrannie des minorités », où l’État privilégierait certains groupes au détriment de l’égalité pour tous.

Lors de son discours, Milei a notamment comparé l’idéologie de genre à un « abus infantile institutionnalisé » et a accusé ses promoteurs de « mutiler des enfants sains avec des traitements hormonaux et des chirurgies irréversibles ». Pour lui, le victimisme et les accusations de transphobie ou d’homophobie ne sont que des moyens de réduire au silence les critiques légitimes de ces pratiques.

Un projet législatif difficile à faire passer

À la Casa Rosada, on reconnaît que ce projet de loi risque de rencontrer une opposition farouche de la gauche au parlement, où Milei ne dispose pas d’une majorité suffisante pour faire adopter des réformes aussi radicales. Cependant, le gouvernement semble prêt à mener ce combat, malgré les obstacles. « Nous ne renoncerons pas à faire ce que nous estimons nécessaire, même si le parlement rejette ce projet », assurent des proches du président.

Outre les féminicides, les quotas trans et les documents non binaires, le projet pourrait également s’attaquer à des dispositifs comme la « loi Micaela », qui impose une formation obligatoire sur le « genre » et la « violence de genre » pour les fonctionnaires. Cette loi, promulguée en 2019, avait été adoptée à la suite du meurtre de Micaela García, une jeune militante de gauche tuée en 2017, et est aujourd’hui emblématique du combat féministe woke en Argentine.

Un pari politique à haut risque

Cette initiative reflète une vision profondément libérale, au sens où Milei entend revenir à une stricte égalité des droits, débarrassée de tout traitement préférentiel. Mais elle s’inscrit également dans une guerre culturelle plus large, où le président argentin cherche à polariser l’opinion publique pour rallier les partisans d’un État minimal face à ce qu’il qualifie de « déviations collectivistes » introduites par les gouvernements précédents.

Avec ce projet, Milei ne cherche pas seulement à réformer les institutions argentines : il veut inscrire son mandat dans une croisade internationale contre l’idéologie woke, qu’il accuse de saper les fondements mêmes de l’Occident.

Ce projet, qu’il nomme « Égalité devant la loi », marque donc un nouveau tournant dans la politique argentine, mais soulève aussi des questions sur les limites de ce modèle d’égalité absolue. Si la bataille législative est loin d’être gagnée, elle reflète une volonté claire : celle de réécrire les normes sociales et législatives de l’Argentine sous l’angle d’un libéralisme pur et dur.

Balbino Katz

Crédit photo : DR

[cc] Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

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5 réponses à “Javier Milei lance un nouveau front dans la guerre culturelle : fin des discriminations « positives » en Argentine”

  1. Gaï de Ropraz dit :

    Pour tous ceux qui ont connu « l’Agentine d’avant » traînant ses tristesses au son d’un tango lancinant, il est certain que l’arrivée de Milei et ses prises de position politiques, ont de quoi en secouer plus d’un ! Je ne sais pas combien de temps restera-t-il au pouvoir, mais il est certain que le « tournant politque et economique » est bien présent et se deroule dans le bon sens dans ce merveilleux pays, le plus proche de l’Europe au niveau aussi bien humain que climatique, comparé a tous les pays de l’Amerique latine.

  2. gautier dit :

    Monsieur MILEI ! il y a une place à prendre en France ! au secours !!!!

  3. Marc-François de RANCON dit :

    Cet article ne constitue pas une véritable analyse politique, avec mise en perpective idéologique, des décisions et intentions du président argentin. Le commentaire est trop sommaire, la vision est étroite, le ton et les mots distanciés donnent une style emprunté. La réduction de Milei au « libéralisme pur et dur » illustre bien le point de vue de l’auteur, pas celui de Milei. Manque aussi la comparaison (convergences, différences, simultanéité) avec l’actualité dans l’autre Amérique, celle du Nord.

  4. Hadrien Lemur dit :

    N’auriez-vous pas un frère jumeau caché M. Milei, car nous serions preneur ?

  5. Marc Desgorces dit :

    Le rapprochement avec un autre traitement le même jour de la même information est cruel pour Bzh Info : https://www.bvoltaire.fr/a-davos-milei-pulverise-le-wokisme-facon-puzzle/?

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