Le 30 novembre 2024 à Ajaccio, lors de la Cunsulta generale de l’association identitaire corse Palatinu, Nicolas Battini, président du mouvement, a livré un discours passionné et structurant sur l’avenir de la Corse, de son peuple et de son identité nationale. Retour tardif sur une intervention qui pourrait marquer un tournant dans le débat public insulaire et dont les Bretons pourraient largement s’inspirer.
Un diagnostic sans appel sur l’état de l’identité corse
Dès les premières minutes, Nicolas Battini a planté le décor : la Corse est à la croisée des chemins, menacée par des dynamiques globales qui effacent progressivement ce qui fait sa singularité. «Il existe aujourd’hui des forces puissantes qui, sous couvert de modernité et de progrès, voudraient réduire les peuples à des entités interchangeables», a-t-il déclaré, en dénonçant les effets de la mondialisation, du wokisme et des idéologies égalitaristes qui «nient la spécificité des cultures locales».
Pour Battini, la Corse ne fait pas exception à cette tendance. Il a critiqué ce qu’il considère comme une «dérive» des institutions insulaires et des élites politiques, accusées d’abandonner les fondamentaux du nationalisme corse au profit d’un discours tiers-mondiste et progressiste. «Le concept de communauté de destin, promu par certains, est devenu un prétexte pour diluer notre identité dans un ensemble globalisé où les Corses ne seraient plus que des acteurs secondaires sur leur propre terre.»
Un plaidoyer pour une identité assumée
Face à ces menaces, le président de Palatinu propose une vision radicalement différente : celle d’une Corse fière de son identité, de ses racines et de son histoire. «Préserver une culture, une manière d’être au monde, défendre sa propre continuité historique sur la terre de ses ancêtres : voilà ce que signifie être corse aujourd’hui», a-t-il affirmé.
Pour Battini, cette affirmation identitaire ne doit pas être perçue comme une forme de fermeture, mais comme une nécessité pour permettre aux Corses de rester maîtres de leur destin. Il a notamment évoqué le projet de «statut de descendant», qui permettrait de prioriser les Corses dans les domaines clés de la vie quotidienne, tout en intégrant les membres de la diaspora. «En Corse, les Corses d’abord. Ensuite, les Européens acclimatés. Enfin, l’humanité tout entière, si nous disposons des moyens suffisants», a-t-il martelé.
Une critique frontale des élites insulaires
Le discours n’a pas manqué d’égratigner les figures politiques locales, accusées de compromis excessifs avec Paris ou avec des idéologies contraires aux intérêts insulaires. Battini a particulièrement ciblé Hyacinthe Vanni, vice-président de l’Assemblée de Corse, et Léo Battesti, ancien responsable nationaliste, en pointant leurs contradictions et leur incapacité à défendre fermement l’identité corse.
«Nous ne pouvons pas accepter que des responsables, qui autrefois prônaient la corsisation de l’emploi et de la terre, se plient aujourd’hui à des discours progressistes et globalisants», a-t-il lancé. Pour Battini, il est temps de tourner la page d’un nationalisme corse «dévoyé» et «récupéré par la gauche», afin de construire une nouvelle synthèse identitaire basée sur les valeurs fondamentales de l’île.
Palatinu, fer de lance d’un nouveau nationalisme
En seulement deux ans, Palatinu est devenu un acteur incontournable du débat public insulaire. Avec plus de mille adhérents et une présence médiatique croissante, le mouvement entend structurer une alternative crédible face aux «élites moralisatrices et bourgeoises» qu’il accuse de trahir les intérêts des Corses. «Nous sommes la voix du peuple, de ceux qui refusent le jacobinisme parisien et le grand remplacement en Europe», a déclaré Battini.
Le mouvement mise également sur des outils modernes pour diffuser son message, notamment son hebdomadaire numérique U Ghjurnale et sa nouvelle émission vidéo A Salute. Ces initiatives, selon Battini, permettent de porter un regard critique sur l’actualité tout en proposant des solutions concrètes aux défis auxquels la Corse est confrontée.
Au cœur du discours de Nicolas Battini se trouve une ambition claire : remodeler la société corse en réaffirmant ses valeurs et ses spécificités. Il a ainsi annoncé l’élaboration d’une «matrice programmatique» pour l’année à venir, destinée à guider le mouvement sur le terrain électoral. Parmi les mesures phares, le statut de descendant occupe une place centrale, mais Battini a également évoqué des propositions dans les domaines de l’économie, de l’écologie et de la culture.
Un appel à la mobilisation
Le discours s’est conclu sur un appel vibrant à l’unité et à l’action. «Un grand mouvement se lève. Il se structure et se renforce chaque jour. C’est à nous, Corses, de prendre en main notre destin et de faire en sorte que notre héritage ne disparaisse jamais», a-t-il déclaré. Avec cette intervention, Nicolas Battini s’affirme comme une figure centrale du nationalisme corse contemporain, capable de redonner à ce courant une direction claire et une légitimité renouvelée.
Le discours de Nicolas Battini marque une étape importante pour Palatinu et pour le débat public insulaire et plus généralement les mouvements identitaires périphériques de l’Hexagone. En articulant une critique des élites locales, une défense assumée de l’identité corse et un projet de société ambitieux, il redonne un souffle nouveau à un mouvement qui, selon lui, avait perdu sa boussole. Reste à voir si cette vision saura convaincre au-delà des cercles acquis à sa cause et s’imposer comme une véritable alternative politique dans les années à venir.
Balbino Katz, Envoyé spécial de Breizh info en Corse
Crédit photo : DR
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4 réponses à “Nicolas Battini (Palatinu) : « Pour une Corse fidèle à son identité »”
Tout à fait !
On pourrait faire le même triste constat…en Bretagne! Mêmes causes et mêmes maux!
Pas assez d’I.A. pour aller chercher le site, pourtant bien intéressant, de Palatinu : palatinu.co ?
les corses sont fiers de leur passé, de leurs coutumes, bravo