Ce mercredi 22 janvier 2025, la cour criminelle départementale des Côtes-d’Armor a ouvert un procès qui promet d’être particulièrement éprouvant. Trois accusés comparaissent pour des faits de viols incestueux et de prostitution d’une mineure, des crimes qui ont duré cinq longues années.
Le calvaire de la jeune fille, aujourd’hui âgée de 18 ans, a commencé à l’âge de 11 ans alors en CM2. Son père adoptif, âgé de 39 ans, est accusé de l’avoir violée et de l’avoir livrée à des inconnus sur des aires de repos et dans des lieux désaffectés des Côtes-d’Armor mais aussi en Ille et Vilaine. La mère de famille, également sur le banc des accusés, est poursuivie pour complicité et non-dénonciation de ces crimes. Un troisième complice, un ami de longue date du père, est aussi jugé pour sa participation active à ces actes odieux.
Les faits ont duré pendant cinq ans, de 2017 à 2022.
L’enquête, déclenchée par une plainte de la mère en juillet 2022, a révélé des années de sévices subis par la jeune fille. Le père, qui considérait sa fille comme sa femme, a non seulement abusé d’elle mais l’a également prostituée à des inconnus, souvent recrutés via des sites internet interdits comme Coco. Deux de ces hommes ont été identifiés et ont reconnu avoir eu des rapports sexuels avec la victime.
La mère, quant à elle, est accusée de viols incestueux et de corruption de mineur. Elle savait ce qui se passait mais n’a pas dénoncé les crimes, laissant ses trois enfants sous la garde de son mari lorsqu’elle a quitté le domicile familial en 2020. Un climat de jalousie et de rivalité s’était installé au sein du foyer, la mère voyant en sa fille une rivale. Le troisième accusé, âgé de 33 ans, reconnaît une cinquantaine de viols sur la victime. Il affirme avoir agi sous l’influence du père, par peur de subir des violences. Tous les trois encourent vingt ans de réclusion criminelle.
Le procès, qui devrait durer jusqu’au vendredi 24 janvier, promet d’être particulièrement difficile et n’est pas sans faire penser à l’affaire Pélicot, avec en plus, une victime qui était un enfant. La victime, aujourd’hui majeure, a eu du mal à retenir ses larmes à l’entrée de son père adoptif et de l’autre accusé dans le box. La mère, quant à elle, comparaît libre.
Deux experts psychologues se sont succédés à la barre cet après-midi, avant que la cour n’entende la victime et interroge le père et son ex-femme. Les avocats des accusés, Me Natacha Bernard pour le père, Me Thomas Jourdain-Demars pour le deuxième accusé, et Me Marie-Françoise Blot de la Iglesia pour la mère, ainsi que Me Rozenn Delpierre pour la victime, seront au cœur de ce procès complexe et douloureux.
Cette affaire sordide rappelle d’autres cas similaires où l’horreur se cache derrière les portes closes des foyers. La justice devra démêler les responsabilités de chacun et tenter de rendre un semblant de justice à la victime, dont l’enfance a été irrémédiablement brisée. Dans un pays sain d’esprit, elle relancerait aussi, comme l’affaire Pélicot et tant d’autres horreurs quotidiennes de ce 21ème siècle en France, le débat sur la peine de mort. Mais il semblerait que les mots « sain » et « République française » ne soient plus franchement compatibles.
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