Driss Ghali (L’identité d’abord) : « Nous avons le même intérêt qu’un Béninois ou qu’un Kabyle qui ne veut pas que sa culture soit supplantée par la soupe mondialisée » [Interviex]

Musulman marocain, étudiant en France puis cadre supérieur au Brésil, Driss Ghali a poursuivi les objectifs d’un jeune homme moderne : argent, succès, plaisir. Mais un jour, il a réalisé queceux à qui il voulait tant ressembler étaient des médiocres etqu’ils l’utilisaient sans scrupules. Le chemin qu’il suivait n’avaitplus aucun sens. Il a compris qu’il avait été le « bon gars », celuiqui se fait marcher dessus et disparaît sans rien dire.

Pour sortir de l’abattement, il s’est examiné avec méthode. A l’issue de ce travail, il a pris la ferme décision d’être lui-même, d’être loyal à son identité, quoiqu’il en coûte.Aujourd’hui, il écrit aux Français car pour lui, c’est une évidence : les Français aussi ont laissé depuis trop longtemps de médiocres ambitieux prendre tous les pouvoirs, politiques, économiques, médiatiques ou judiciaires. Par résignation ou au prétexte de préserver un confort bien illusoire, ils ont trop souvent renoncé à s’affirmer et à refuser leur propre effacement.Par la lucidité d’un regard extérieur et libre, Driss Ghali nous fait voir, dans son livre « L’identité d’abord », (L’artilleur) des scandales et des mensonges que nous ne voyons même plus.

Un discours passionné et teinté d’humour, une claque amicale mais qui réveille !

Nous en avons discuté avec son auteur, ci-dessous.

Breizh-info.com : Vous commencez votre livre en évoquant votre propre parcours et votre prise de conscience personnelle. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce moment clé où vous avez décidé de rompre avec vos valeurs initiales ?

Driss Ghali : En réalité, la rupture s’est imposée à moi. Je ne me suis pas réveillé un bon matin en décidant de rompre avec mes valeurs initiales, le monde m’est tombé dessus. Suite à une rupture amoureuse particulièrement douloureuse, tout l’édifice qui me servait de valeurs et de croyances s’est effondré. Il était vermoulu depuis très longtemps mais je ne m’en rendais pas compte. Vous savez pourquoi ? Parce que je gagnais beaucoup d’argent et que ‘le frigo était plein » par conséquent. La prospérité crée l’illusion de la réussite. Le sentiment d’avoir réussi sa carrière rend aveugle. Il m’a fallu un grand coup de marteau sur la tête pour reconnaître que je ne croyais plus du tout en ce que je faisais et même en ce que j’étais devenu.

Après ça, j’ai dû me reconstruire moi-même, brique par brique.  Il n’y a pas le choix : il faut repartir à zéro soi-même. C’est ce processus et sa réussite qui m’ont donné le courage de venir aujourd’hui témoigner devant mes amis Français. J’ai appris des choses sur la puissance mentale et sur la nature humaine qui peuvent leur être utiles.

Breizh-info.com : Vous écrivez que vous avez été le « bon gars » qui se fait marcher dessus. Comment cette expérience personnelle résonne-t-elle avec le message que vous adressez aux Français dans votre livre ?

Driss Ghali : Notre société fabrique des « conformistes » c’est-à-dire des gens qui vont obéir et fermer leur gueule. L’idéal humain aujourd’hui est l’homme ou la femme qui suit les normes innombrables dictées par des autorités toujours plus nombreuses : l’entreprise, l’union européenne, la mairie de Paris, le conseil régional, l’ONG X ou Y qui va surveiller ce qu’il ou elle va dire en ligne et lui en tenir rigueur.

Nous croyons former des rebelles et des dissidents, mais nous formons des exécutants. Nous leur permettons d’être gays, bisexuels, de tomber enceinte à 50 ans si ça leur chante…mais ce ne sont que des dissidences contrôlées et indolores, l’essentiel est qu’ils obéissent.

J’en parle avec propriété parce que j’en suis. En tout cas, j’ai toujours fixé la docilité comme une valeur cardinale. Lourde erreur à plus d’un titre, le plus grave peut-être est qu’obéir à des nuls n’est pas une vertu, c’est une infraction contre les lois de la Vie.

Breizh-info.com : Vous affirmez que les Français ont laissé des « médiocres ambitieux » prendre les rênes du pouvoir. À qui pensez-vous précisément, et pourquoi cette situation s’est-elle, selon vous, imposée en France ?

Driss Ghali : Médiocres ambitieux, sûrs d’eux-mêmes et solidaires entre eux. Telle est la définition du profil psychologique d’une grande partie des gens qui peuplent les postes de commandement de nos entreprises, de nos associations, de nos administrations, de nos médias, de nos partis politiques.

Les bons existent toujours mais ils sont trop faibles ou trop gentils pour garder les postes ou récupérer le terrain perdu. Le but de mon livre est de redonner la puissance d’agir aux bons. Nous crevons d’avoir des hommes bons fragiles et indécis. Il faut leur réapprendre l’amour de la liberté et de la puissance.

Vous avez un regard extérieur sur la société française. Quels scandales ou mensonges vous frappent particulièrement, mais qui échappent souvent aux Français eux-mêmes ?

Le livre regorge d’exemples de mensonges servis à la population par les médiocres ambitieux qui la gouvernent.

En politique, il y a l’illusion que nous vivons en démocratie alors qu’une démocratie n’est pas le régime où une mémé se fait violer par un clandestin ni le système où le contribuable se fait spolier de 50 % de ce qu’il gagne.

Dans la même veine, on a convaincu les gens que l’État les aime et les protège alors qu’il est leur ennemi principal. Il organise leur insécurité. Il provoque leur mise en danger au moyen d’une alliance entre l’administration et les voyous. L’insécurité n’est pas un accident ni un échec de l’État : c’est un projet qui a réussi !

Les gangs pakistanais agissent en toute impunité en Angleterre car ils sont les employés de l’État anglais. Ils ont une « délégation de service public » consistant à appliquer une violence maximale sur les masses dangereuses ou considérées comme tel : les milieux ouvriers de souche.  Autrement dit, l’État britannique tient le peuple par la violence des gangs pakistanais et des délinquants en général.

Mais l’originalité du livre va au-delà de la mise en accusation de l’État. La réflexion englobe l’Entreprise qui participe activement au mensonge. D’un côté, elle promeut le mois des fiertés LGBT et en même temps elle dit aux employés d’être eux-mêmes. Or, un catholique ou un musulman ne peut accepter un drapeau arc-en-ciel sur sa tête au bureau sans avoir à se renier. En réalité, l’entreprise lui impose une idéologie qui est hostile à ses croyances religieuses, et il n’a d’autre choix que de se taire. Où est l’inclusion là-dedans ? Où est le respect ?

Breizh-info.com : Vous critiquez le concept de « citoyen du monde ». Pourquoi pensez-vous que ce concept est une menace pour les cultures locales et, en particulier, pour l’identité française ?

Driss Ghali : « Citoyen du monde » est un autre mensonge qui doit être démystifié. Il n’y a pas de citoyen du monde, je n’en ai jamais vu et pourtant j’ai beaucoup voyagé et je vis à l’autre bout du monde !

On mondialise les services financiers, pas les individus. On peut internationaliser une chaîne de production, pas une sensibilité. On ne délocalise pas les cœurs et les esprits.

On est toujours de quelque part, qu’on le veuille ou non car nous avons tous une identité qui est largement dictée par nos origines et notre sang. Elle détermine amplement nos atouts et nos faiblesses. Il est suicidaire de l’ignorer comme on ignore un trésor ou une mine antipersonnelle que l’on a sous les pieds. La mission de l’homme est de découvrir le trésor et de désamorcer la mine.

Quand on dit aux gens qu’ils doivent être des citoyens du monde, on les condamne à une sorte de stérilité. On fabrique des aveugles, inconscients des potentialités de leur identité et des calamités qui lui sont associées. Ils ne savent pas pourquoi ils réagissent de telle ou telle manière. Ils se croient libres alors qu’ils sont les jouets de leur inconscient collectif.

Prenez les Français, c’est un peuple de guerre civile, toujours prompt à s’organiser par chapelles qui se détestent. Les gens l’ignorent parce qu’ils ne se disent plus Français car citoyens du monde. Ça donne des querelles stupides entre écolos et patriotes, gauche et droite alors que l’on a tellement de choses en commun et tellement de choses à perdre si on continue à s’engueuler au lieu de coopérer. De même chez les Nord Africains, il y a une incapacité presque complète à générer la justice sociale et la solidarité. Ils feraient mieux d’avoir cela sous les yeux et chercher à en atténuer les conséquences que de se dire « modernes », « progressistes » et « démocrates ».

Breizh-info.com : La mondialisation est souvent présentée comme inévitable. Quel modèle alternatif proposez-vous pour préserver la diversité des cultures ? 

Driss Ghali : La colonisation était aussi présentée comme inévitable il y a tout juste cent ans. Même Mitterrand dans les années 1950 disait que l’Algérie était française…On nous sert la même soupe aujourd’hui avec le concept de mondialisation.

Deux choses sont vraiment inévitables :  1) la mort et la rencontre subséquente avec Dieu et 2) le rendez-vous avec l’ambition d’autrui.

Le reste, ça se négocie.

Il y a aujourd’hui comme hier des peuples qui veulent dominer la France. Et cette domination peut dériver vers l’oppression. Les Allemands vous ont opprimés entre 1940 et 1945. Une partie de l’Afrique du Nord vous opprime aujourd’hui via certains MNA et autres « déséquilibrés ».

L’enjeu n’est pas la mondialisation. L’enjeu c’est est-ce que je vais me faire dominer ou pas ? Donc l’enjeu est la Puissance. Il faut être puissant pour éviter la soumission et l’esclavage.

La France doit absolument retrouver sa Puissance. Or la puissance est comme le tissu musculaire, ça se fabrique par l’entraînement, la nutrition et un peu de douleur.

Mon livre offre une recette pour cela, en commençant par l’individu: en restaurant son identité, sa liberté et sa puissance.

Si la France redevient puissante, elle pourra faire ce qu’elle veut. Soit rayonner sur ses voisins européens et les obliger à construire un projet européen à sa mesure et à son service (et non au service de l’Allemagne). Soit porter ses vues sur le monde et renouer avec sa vocation universelle. Pour l’instant, elle ne peut faire ni l’un ni l’autre. Elle subit donc la mondialisation des Américains et des Chinois et du tiers-monde (par l’immigration).

Breizh-info.com : Vous évoquez l’identité française. Mais la France elle même a balayé, en partie, les identités des peuples qui peuplaient ce pays (Bretagne, Corse, Flandres, Alsace, Pays Basque)…en allant jusqu’à les nier dans leurs langues. La menace qui pèse aujourd’hui sur l’identité français n’est-elle pas finalement un retour de bâton d’un universalisme et d’un jacobinisme destructeurs ?

Driss Ghali : Et ce fut probablement une grave erreur car nous avons privé nos gens de leur immunité naturelle face à l’oubli de soi qu’impose le concept fumeux de « citoyen du monde ». On a appris à nos gens à s’oublier, à mépriser leurs racines corses, bretonnes, bourguignonnes et au contraire à survaloriser tout ce qui vient de loin et d’en haut (Paris, Bruxelles, Hollywood).

Paris a réduit Dijon ou Brest au rang de « villes secondaires » où manque l’oxygène qui sert à l’accomplissement des grandes âmes et des grands talents. C’est ce que va nous faire Pékin ou Washington si nous continuons sur cette pente, et ce n’est pas vraiment leur faute : c’est nous qui déposons les armes et quittons le champ de bataille.

Pour cela, il faut lutter pour la Diversité, la vraie diversité, pas celle poussée par les médiocres ambitieux qui nous gouvernent. C’est un combat mondial, et en cela il est fascinant ! Nous avons au fond le même intérêt qu’un Béninois ou qu’un Kabyle qui ne veut pas que sa culture soit supplantée ou déclassée par la soupe mondialisée qui circule sur les réseaux sociaux.

Voilà une réponse au choc des civilisations qui nous fait tellement peur! Voilà un dénominateur commun avec les autres civilisations et les autres peuples!

Breizh-info.com : La France se présente souvent comme une terre d’accueil. Quelle est votre vision de l’immigration en France et de ses conséquences sur l’identité nationale ?

Driss Ghali : Je pense que le mot calamité répond bien à votre question.

Cela dit, par honnêteté intellectuelle, il conviendrait de rajouter tout de suite deux choses. La première est que certains immigrés sont plus amoureux de la France et plus utiles à ce pays que nombre de Français de souche. Dans les rangs de la police ou de l’armée ou à l’hôpital, vous trouvez des immigrés admirables et bien plus intéressants que des bobos qui crachent dans la soupe. La deuxième nuance à apporter est que l’immigration donne une « seconde vie »  au système français qui sans elle serait déjà par terre. D’un côté, elle compense un peu le prix prohibitif du Travail dans ce pays en introduisant une main d’œuvre relativement pas chère. De l’autre, elle atténue un peu l’inflation en participant à une modération des coûts de production en France. Avec la Chine, l’immigration est un facteur modérateur de l’inflation. Malheureusement, comme la Chine d’ailleurs, elle nous détruit à petit feu et pour longtemps, mais je ne vais pas m’attarder sur cela aujourd’hui, car mon livre n’est pas un réquisitoire contre l’immigration, c’est une lettre d’amour à mes prochains.

Breizh-info.com :  Quel message espérez-vous transmettre aux Français, et quelles actions concrètes leur proposez-vous de prendre pour préserver leur identité ? Vous parlez de loyauté à son identité, « quoiqu’il en coûte ». Quels sacrifices cela implique-t-il, et pensez-vous que les Français soient prêts à les faire ?

Driss Ghali : Je veux dire aux Français de ne pas désespérer. Ils doivent s’occuper d’eux-mêmes, se sauver eux-mêmes, réussir leur vie d’abord. Ensuite, ils sauveront leur pays. Et la bonne nouvelle, le principal enseignement de mon livre, est qu’il est possible d’atteindre la Liberté et la Puissance en se réconciliant avec son Identité et en faisant un allié plutôt qu’un adversaire silencieux et invisible.

C’est dur, c’est douloureux, mais si j’y suis parvenu, moi qui suis têtu et obstiné, tout le monde peut y arriver.

Je crois beaucoup au mimétisme et à l’effet de contagion. Il suffit qu’une minorité motivée change d’attitude et elle finira par amener les autres à l’émuler. L’être humain est très influençable, il a tendance à s’inspirer de ce que ses yeux voient.

Lisez ce livre, offrez-le à vos enfants. Et qui sait, dans dix ans, vous verrez le changement advenir. Sans qu’une balle ne soit tirée et sans un centime d’euros emprunté à l’Europe ou à George Soros!

Breizh-info.com : Enfin, si vous deviez résumer votre message en une phrase aux lecteurs de Breizh-info.com, quelle serait-elle ?

Driss Ghali : Les peuples comme les individus dépérissent quand ils oublient leur identité : il faut la connaître, l’assumer et en tirer le meilleur.

Propos recueillis par YV

Crédit photo : DR

[cc] Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

Cet article vous a plu, intrigué, ou révolté ?

PARTAGEZ L'ARTICLE POUR SOUTENIR BREIZH INFO

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Soutenez Breizh-info

Publicité

LES DERNIERS ARTICLES

International

Donald Trump : des premières mesures qui paraissent fortes et immédiates face à la lenteur française

Culture, Culture & Patrimoine

Jouer avec le feu, Better Man, Vol à haut risque, L’Espion de Dieu, Brûle le sang, Shimoni, Jane Austen a gâché ma vie : la sélection cinéma hebdomadaire

seine-saint-denis

Ensauvagement, QUIMPER, QUIMPERLé, Sociétal

En Bretagne, voici désormais les arnaques à l’eau potable [Vidéo]

Sociétal

Sortie du numéro 101 de Rébellion : Libéralisme sécuritaire

A La Une, Société

La métropolisation ne rend pas service à la Bretagne

ARTICLES EN LIEN OU SIMILAIRES

Culture, Culture & Patrimoine

Devenir des machines, Qui est le Diable ?, L’identité d’abord, Lille une histoire flamande, Le Splendid par le Splendid : la sélection littéraire hebdomadaire

Découvrir l'article

A La Une, Histoire

Driss Ghali (Une contre histoire de la colonisation française) : « La France est elle-même colonisée en ce moment » [Interview]

Découvrir l'article

A La Une, Sociétal

Driss Ghali : « Les Français de souche ne veulent plus la continuation de la France » [Interview]

Découvrir l'article

PARTICIPEZ AU COMBAT POUR LA RÉINFORMATION !

Faites un don et soutenez la diversité journalistique.

Nous utilisons des cookies pour vous garantir la meilleure expérience sur Breizh Info. Si vous continuez à utiliser le site, nous supposerons que vous êtes d'accord.

Clicky