Un document interne de la police fédérale allemande suscite une vive controverse. Accusée de manquer à son devoir de stricte neutralité politique, l’institution est soupçonnée d’avoir tenté d’intimider ses agents affiliés à l’AfD (Alternative für Deutschland) ou à d’autres partis classés à l’extrême droite, comme les « Freien Sachsen ». Cette affaire soulève des interrogations quant à une éventuelle influence sur les élections fédérales en cours.
Un mémo ciblant explicitement l’AfD et les Freien Sachsen
Le mémo interne, intitulé « Se porter candidat pour un parti clairement d’extrême droite ? Mauvaise idée pour un fonctionnaire fédéral ! », adressé à tous les membres de la police fédérale, semble viser particulièrement les membres de l’AfD et des Freien Sachsen. Ce document ne se limite pas à avertir contre les candidatures électorales, mais va plus loin en évoquant les sanctions possibles pour les membres actifs de ces partis.
Selon le texte, « si l’appartenance à un tel parti est connue, cela constitue des indices suffisants pour suspecter une violation des devoirs professionnels, en particulier si le fonctionnaire est activement engagé au sein du parti ». Cette formulation, juridiquement ambiguë, laisse planer un doute sur l’étendue des sanctions, comme l’a souligné le constitutionnaliste Ulrich Vosgerau. Ce dernier note que le document ne précise pas si seules les candidatures ou l’appartenance passive pourraient entraîner des mesures disciplinaires, un flou qu’il qualifie d’inquiétant.
Une possible violation du principe de neutralité
La proximité de la publication de ce mémo avec les élections fédérales alimente les soupçons d’une tentative de dissuasion à l’encontre des candidats de l’AfD. Interrogées par le journal Junge Freiheit, la police fédérale et le ministère de l’Intérieur, dirigé par Nancy Faeser (SPD), ont refusé de répondre aux questions précises sur les motivations et le timing de ce mémo.
Parmi les questions soulevées : pourquoi une telle directive apparaît-elle juste avant les élections ? Les agents ont-ils également été avertis contre des engagements dans des organisations d’extrême gauche ou islamistes ? À ces interrogations, les autorités n’ont apporté aucune réponse concrète, alimentant l’impression d’un traitement ciblé à l’encontre de l’AfD.
Une stratégie opaque dénoncée par les critiques
Le silence des autorités renforce les soupçons de partialité et d’une possible violation du principe de neutralité politique. Dans un État de droit, les institutions publiques ont l’obligation de rendre des comptes à la population. Le refus de répondre aux critiques donne l’impression d’une volonté de dissimuler un incident potentiellement compromettant.
Pour le constitutionnaliste Vosgerau, ce flou dans les règles et leur application est caractéristique des dérives autoritaires : « Une dictature se distingue d’un État de droit libéral par le fait qu’on ne sait jamais vraiment ce qui est permis ou interdit. »
Cette affaire met en lumière des tensions croissantes en Allemagne autour de la place des partis alternatifs comme l’AfD dans le paysage politique. Alors que ce parti continue de croître en popularité dans certains Länder, les accusations de discrimination et d’intimidation à son encontre se multiplient. Pour ses détracteurs, ces pratiques relèvent d’une tentative de museler l’opposition politique dans un pays pourtant attaché à la pluralité démocratique.
Dans un contexte où les autorités publiques sont de plus en plus scrutées, cette polémique pourrait raviver le débat sur la neutralité des institutions et leur rôle dans la préservation d’un espace politique équitable pour tous les partis, quelles que soient leurs orientations idéologiques. Une question essentielle pour l’avenir de la démocratie allemande