Le Pass Culture, destiné à favoriser l’accès des jeunes à la culture, fait l’objet de vives critiques. Lors d’une audition à l’Assemblée nationale, la députée Anne Sicard (Identité Libertés, affiliée au Rassemblement national) a dénoncé une gestion douteuse et des choix discutables concernant l’éligibilité des activités. Elle déplore notamment l’exclusion du Puy du Fou et de la Cité de l’Histoire au profit d’activités qu’elle juge moins représentatives du patrimoine culturel français.
🔴 Le Puy du fou écarté du Pass culture…
A l’occasion de l’audition du président de la société du Pass culture, Sébastien Cavalier, j’ai demandé pourquoi le Puy du fou et la cité de l’histoire avaient été exclus du pass culture.
Silence dans la salle… pic.twitter.com/3hk2EwWsCP
— Anne Sicard (@AnneSicard1) January 15, 2025
Un dispositif coûteux et mal encadré
Depuis son lancement en 2019, le Pass Culture a touché 4,2 millions de jeunes, leur offrant un crédit individuel de 300 euros pour des activités et biens culturels. Toutefois, les coûts se sont envolés : de 92 millions d’euros en 2021 à 244 millions en 2024, atteignant 324 millions avec l’ajout de crédits collectifs pour les écoles. Ces dépenses, financées à 90 % par des fonds publics, sont jugées disproportionnées par la Cour des comptes et des élus comme Anne Sicard.
La gestion du dispositif est également pointée du doigt. Avec un siège social situé dans un quartier prestigieux de Paris, des frais de communication élevés, et une masse salariale atteignant 11,3 millions d’euros, la société en charge du Pass Culture est accusée de dépenses excessives. La Cour des comptes a relevé un pilotage administratif mal maîtrisé, notamment un recours accru à des prestataires externes.
Des choix culturels controversés
Le rapport de la Cour des comptes et les propos de la députée mettent en lumière des dérives dans l’utilisation du pass. Si les livres représentent une part significative des dépenses (42 à 55 %), une proportion importante de ces achats concerne des mangas, tandis que la littérature française classique ne dépasse pas 40 %. Pire encore, les dépenses liées aux musées et à l’art se limitent à 1 à 4 % des budgets trimestriels.
Par ailleurs, des activités comme les escape games ont reçu près de 16 millions d’euros, soulevant des interrogations sur la définition même de ce qui constitue une offre culturelle. Cette absence de contrôle sur les contenus éligibles est jugée problématique, d’autant que des lieux emblématiques comme le Puy du Fou ou la Cité de l’Histoire restent exclus.
Le directeur du Puy du Fou Nicolas De Villiers : «Je ne suis pas contre le pass culture, mais à condition qu'on audit de manière juste et qu'on ne reste pas enfermé dans un bureau» pic.twitter.com/UQca3Mmuel
— CNEWS (@CNEWS) January 16, 2025
Le Puy du Fou exclu : une décision idéologique ?
Le cas du Puy du Fou est particulièrement polémique. Bien que ce parc soit reconnu pour ses spectacles vivants, il n’a pas été intégré au Pass Culture, au motif qu’il serait assimilé à un parc d’attractions, au même titre que Disneyland ou le Parc Astérix. Pour Anne Sicard, cette décision reflète un « mépris du patrimoine culturel français » et une volonté idéologique d’exclure des offres perçues comme politiquement marquées.
Philippe de Villiers, fondateur du Puy du Fou, a dénoncé une injustice flagrante, rappelant que son parc est souvent primé pour la qualité de ses spectacles. À l’inverse, des événements politisés tels que la Fête de l’Humanité ou des concerts d’artistes controversés comme Médine sont éligibles, suscitant des accusations de partialité politique dans la gestion du dispositif.
Si l’objectif initial du Pass Culture était louable, ses dérives financières et idéologiques remettent en question sa pertinence. En favorisant des activités jugées moins représentatives de la culture française et en excluant des lieux emblématiques, le dispositif semble avoir manqué sa cible.
La députée Anne Sicard appelle à une révision complète du Pass Culture, en demandant notamment une meilleure gestion des fonds publics et une redéfinition des critères d’éligibilité pour garantir une véritable valorisation du patrimoine français.
Face aux critiques de la Cour des comptes et des élus, il apparaît urgent de réformer le Pass Culture pour en faire un véritable outil de démocratisation culturelle. Une gouvernance plus rigoureuse, une définition claire des offres éligibles, et une meilleure prise en compte du patrimoine national pourraient redonner du sens à ce projet ambitieux mais aujourd’hui controversé.
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