Il est une légende malheureusement trop tombée dans oubli. Pierre Cogan naît le 10 janvier 1914 à Pluneret, dont le cimetière accueille la sépulture de la comtesse de Ségur.
Pour le jeune Pierre, ce sera le cyclisme et il signe son premier contrat professionnel en 1935. Le début de carrière du Morbihanais est tonitruant. Jugez plutôt ! Sous le maillot de l’équipe Roold-Wolber et dès sa première année dans le peloton professionnel, il remporte le Circuit du bocage vendéen, puis en 1936, le Grand Prix de Plouay mais également le Grand prix des Nations, compétition contre-la-montre dont il pulvérise l’ancien record, et enfin le Circuit de l’Aulne. A l’occasion des courses par étapes, ce n’est pas mal non plus. Cogan franchit en premier la ligne de deux étapes de Paris-Nice 1936 et s’adjuge la mythique étape du Mont-Ventoux lors du Critérium du Dauphiné en 1949. En tout, ce ne sont pas moins de 150 victoires en courses et critériums.
Mais Pierre Cogan, c’est surtout un homme du Tour de France. Le petit coureur breton (il mesure 1,68 mètres) prend le départ de 17 Tours et se classe à six reprises dans le top 20. Pour sa première Grande boucle en 1935, il prend la 11ème place et termine premier du classement individuel des touristes-routiers, ses adversaires concourant au sein d’équipes. Le Plunerétain remporte plusieurs étapes sur le Tour mais a surtout la particularité d’avoir disputé l’épreuve à de nombreuses reprises avant et après la Seconde Guerre mondiale.
Car Pierre Cogan est rattrapé par l’Histoire. Mobilisé en 1939 , le commandement militaire refuse que le cycliste prenne le départ du Tour, quand bien même est-il sélectionné dans l’équipe Ouest. Voilà qui lui apprendra à avoir remporté le Championnat de France militaire l’année précédente… Qu’à cela ne tienne ! Cogan prendra l’échappée d’une autre manière. Fait prisonnier à trois reprises pendant le conflit, le militaire échappe à ses géôliers allemands à deux reprises et se réfugie dans le Forez, en zone libre, où le Breton reprend la compétition dès 1941. Il remporte d’ailleurs la Course de côte du Mont-Faron en 1942 et Vichy-Limoges l’année suivante.
Encore vaillant à la fin de sa carrière, il obtient sa meilleure place sur le Tour 1950 qu’il termine 7ème sous le maillot de la formation Helyett-Hutchinson.
La longue carrière de Pierre Cogan prend fin en 1951 tandis qu’il vient de terminer son dernier Tour à la 19ème place sous le maillot Bottecchia.
Le jeune retraité fait alors le bonheur de son village natal dans lequel il meurt le 4 janvier 2013. A 98 ans, il est alors le doyen des participants de la Grande boucle.
A demain pour le portrait de Marie Le Net, une bretonne au pays des kangourous.
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