Avec une inflation en baisse en 2024, les banques centrales ont commencé à réduire les taux d’intérêt dans les grandes économies. Pourtant, le coût des hypothèques reste un frein majeur pour de nombreux acheteurs à travers le monde. L’analyse des taux d’intérêt réels sur les prêts hypothécaires et des prix des logements révèle des disparités marquées entre les pays.
Comprendre les taux d’intérêt réels sur les hypothèques
Le taux d’intérêt réel d’une hypothèque correspond à la différence entre le taux nominal fixé par les banques et le taux d’inflation. Contrairement aux taux nominaux, les taux réels reflètent le véritable coût du prêt pour l’emprunteur, une fois l’inflation prise en compte. Par exemple, certains pays comme la Suède, la Suisse ou l’Espagne affichent des taux réels négatifs, ce qui signifie que l’inflation dépasse les taux hypothécaires nominaux.
Cependant, dans des économies en crise, comme l’Argentine ou la Turquie, les taux réels atteignent des niveaux extrêmes. En Argentine, les taux hypothécaires réels chutent à -175,89 % en raison d’une hyperinflation galopante. En Turquie, avec une inflation projetée de 55 % pour 2024, les taux réels descendent à -10,84 %, rendant l’accès au logement pratiquement impossible pour la plupart des habitants.
Des écarts frappants entre pays développés et économies émergentes
Les taux hypothécaires réels diffèrent fortement selon les régions. Dans les économies développées, ces taux sont souvent modérés, bien qu’ils restent élevés dans certains pays. Aux États-Unis, par exemple, le taux hypothécaire réel moyen est de 3,98 %, tandis qu’au Royaume-Uni, il atteint 1,77 %. En Europe, des pays comme la France (1,13 %), l’Italie (0,99 %) et les Pays-Bas (0,96 %) affichent des taux parmi les plus bas.
En revanche, dans les économies émergentes, les taux réels sont beaucoup plus élevés. En République dominicaine, le taux hypothécaire réel moyen s’élève à 9,55 %, le plus haut parmi les 62 pays analysés. Le Mexique, avec un taux de 7,48 %, et l’Afrique du Sud, à 6,55 %, figurent également parmi les pays aux taux les plus élevés. Ces écarts reflètent les tensions économiques et financières spécifiques à ces régions, exacerbées par l’inflation et les difficultés d’accès au crédit.
Accessibilité au logement : une perspective mondiale
Le coût réel de l’achat d’une maison ne se limite pas aux taux hypothécaires ; il inclut également le prix des propriétés par rapport aux revenus moyens. Des analyses récentes montrent que dans des pays comme la Turquie, où l’inflation est très élevée et les revenus moyens faibles, l’achat d’une maison est presque impossible. Le rapport entre le prix d’une maison de 100 m² et le revenu annuel moyen atteint 631 mois en Turquie, soit plus de 52 ans de salaire. En comparaison, en Afrique du Sud, ce ratio n’est que de 71 mois, soit moins de 6 ans, faisant de ce pays l’un des plus abordables pour l’achat d’un logement.
Aux États-Unis, bien que les prix de l’immobilier varient selon les régions, le rapport moyen est de 76 mois de salaire, ce qui place le pays parmi les marchés les plus accessibles pour les acheteurs. Des pays comme le Danemark (114 mois) ou Bahreïn (99 mois) offrent également des opportunités relativement abordables grâce à des revenus moyens élevés et des prix immobiliers stables.
L’évolution des taux hypothécaires et des prix des logements reflète les disparités économiques mondiales. Alors que les pays développés continuent de bénéficier de taux d’intérêt réels modérés et de revenus élevés, les économies émergentes font face à des défis majeurs, exacerbés par l’inflation et des politiques monétaires restrictives. Pour les acheteurs, comprendre ces dynamiques est essentiel pour planifier leurs investissements immobiliers.
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