Que veut Vladimir Poutine ? par J.L. Basle

Les enjeux du conflit

Pour comprendre la guerre russo-américaine par Ukraine interposée, il faut en connaître les antécédents et les enjeux. La guerre en Ukraine ne commence pas en février 2022, mais en octobre 1853 avec la Guerre de Crimée quand une coalition dirigée par la Grande-Bretagne s’oppose à l’expansionnisme russe. Cette rivalité entre un empire maritime et un empire continental s’exacerbe lorsque le géographique britannique, Halford Mackinder, postule en 1904 que le chemin fer renforce la puissance russe au détriment de l’empire britannique. Les Etats-Unis qui supplantent l’empire britannique en 1945, reprennent à leur compte la vision britannique. Elle implique de facto l’asservissement de l’Union soviétique. Cette rivalité n’a pas lieu d’être. Ce chemin de fer qui inquiétait tant Halford Mackinder, peut être un lien entre Etats-Unis et Russie, comme l’explique William Gilpin dans son livre publié en 1890 : « The cosmopolitan Railway ».[1] Un tel chemin de fer serait profitable aux deux nations. Il ne fut pas écouté. Henry Wallace, vice-président des Etats-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale, adhérait à cette vision à laquelle Franklin Roosevelt n’était pas insensible. Le sort voulu que Roosevelt mourut trop tôt et que la convention démocrate préféra Harry Truman à Henry Wallace.

Que veut Vladimir Poutine ?

Le 22 février 2022, jour du lancement de l’opération militaire spécial, Vladimir Poutine a pris soin d’en donner les objectifs : démilitarisation, dénazification et neutralité de l’Ukraine. Il les précise le 14 juin 2024 : retrait des troupes ukrainiennes des républiques populaires de Donetsk et de Lougansk, des régions de Zaporojié et de Kherson, neutralité, dénucléarisation, démilitarisation et dénazification de l’Ukraine. Les objectifs stratégiques qui sous-tendent ces propositions sont au cœur du différend russo-américain. Ils sont présents dans le projet de traité d’architecture européenne de sécurité que Poutine a envoyé à Washington le 17 décembre 2021. Les Américains lui ont opposé une fin de non-recevoir le 26 janvier.

Ce projet de traité d’architecture s’appuie sur le principe de l’indivisibilité de la sécurité qui stipule que la sécurité d’une nation ne peut se faire au détriment d’une autre – principe inscrit dans les déclarations d’Istamboul de 1999 et d’Astana de 2010 signées par les membres de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe dont les Etats-Unis, la Russie, l’Ukraine, la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne, etc.[2] A ce principe, les Etats-Unis en opposent un autre, celui de la « porte ouverte »[3] qui donne à toute nation le droit de s’allier à toute autre nation sans égard à l’impact d’une telle alliance sur une ou plusieurs autres nations – principe inscrit dans l’Acte final d’Helsinki et la Charte de Paris pour une nouvelle Europe. Ces positions antinomiques augurent mal d’une résolution pacifique du conflit.

L’objectif de Poutine est d’avoir une aire géographique de sécurité autour de la Russie dépourvue de missiles – une aire semblable à celle dont jouissent les Etats-Unis avec le Canada au nord, le Mexique au sud, l’océan atlantique à l’est et l’océan pacifique à l’ouest. Les médias ont déformé ses propos en laissant entendre que son objectif était la domination de l’Europe. C’est faux. Son objectif de sécurité est légitime. Le chef de la Marine allemande, l’amiral Kay-Achim Schönbach, l’a reconnu. Son franc-parler a provoqué sa démission.[4] C’est dans ce sens qu’il faut comprendre la remarque de Poutine au sujet de la chute de l’Union soviétique qu’il qualifia de plus grande catastrophe du 20ème siècle parce qu’elle rompit l’équilibre des forces en présence qui assurait la paix. Sa remarque n’avait rien d’un quelconque regret idéologique ou puéril, comme le laissèrent entendre les médias occidentaux – sentiment au demeurant étranger à ce dirigeant rationnel, peu sujet aux états d’âme – mais rappelait une vérité connue des géopoliticiens.

Une cote mal taillée qui ne satisferait personne

A défaut d’architecture de sécurité, Poutine pourrait se contenter d’un accord bâclé pour mettre fin à une guerre qui lui coûte cher, en se satisfaisant de l’annexation du Donbass et de la neutralité de l’Ukraine. Ce serait une erreur. Cette neutralité serait une façade. Les Etats-Unis poursuivraient leur objectif de démantèlement de la Russie au travers d’une guérilla larvée en Ukraine, voire en Russie – la CIA a une grande expérience en la matière – ce qui forcerait tôt ou tard Poutine à envahir l’Ukraine. De son côté, Donald Trump pourrait choisir de faire la paix à des conditions non pas optimum mais satisfaisantes pour la Russie pour mener à bien son programme MAGA, mais l’appareil de sécurité américain (ministère des affaires étrangères, complexe militaro-industriel, et agences de renseignement, etc.) n’accepterait pas cette paix.[5]

Cet accord, si jamais il existe, devra régler les questions épineuses que sont les réserves monétaires de la Banque de Russie gelées sur ordre de Washington, la levée des sanctions, la réouverture des gazoducs, l’expropriation des infrastructures de Gazprom en Allemagne, et de l’immeuble du consulat de San Francisco, etc… Questions qui devraient être abordées lors du sommet Trump-Poutine dont il est tant question dans les médias. S’il est évident qu’il est dans l’intérêt des deux parties de se rencontrer, quelle confiance Poutine peut-il accorder à une nation qu’il l’a si souvent trompé et à un dirigeant qui veut annexer le Canada, le canal de Panama et le Groënland ? Des projets inconcevables dans un monde rationnel et humain, mais possible dans un monde où la force prime le droit… celui dans lequel nous vivons.

Une guerre apocalyptique

Cette guerre échappe pour partie aux protagonistes. Du point de vue russe, la guerre en Ukraine est une guerre existentielle. Une défaite signifierait le démembrement de la Russie et sa disparition de la planisphère.[6] [7] Après l’humiliant retrait d’Afghanistan, une défaite en Ukraine serait un désastre pour l’empire américain. Le conflit en Ukraine sonne le glas des ambitions américaines, et met fin au rôle de l’Occident dans les affaires mondiales depuis le 16ème siècle. Boris Johnson déclara le 12 avril 2024 : « Si l’Ukraine perd la guerre, ce sera la fin de l’hégémonie occidentale. »[8] C’est une guerre qu’aucun des deux adversaires ne peut ni gagner ni perdre.

En 1946, Albert Einstein déclara que l’atome avait tout changé, sauf nos modes de pensée, et qu’en conséquence nous nous dirigions vers une catastrophe sans précédent. Nos dirigeants l’ont sans doute oublié. John Kennedy déclara, dans son discours à l’American University le 10 juin 1963 : « Notre lien le plus basic est que nous habitons sur une petite planète. Nous respirons tous le même air. Nous chérissons tous le futur de nos enfants. In fine, nous sommes tous mortels.”[9] Le temps est venu de changer nos modes de pensée pour continuer à chérir nos enfants.

Jean-Luc Basle

[1] Le Schiller Institute a repris ce concept au cours d’un conférence en septembre 2007 intitulée « Eurasia-North America multimodal transport. »

[2] Sergey Lavrov’s written message on Indivisibility of Security addressed to the Heads of Foreign / External Affairs Ministers / Secretaries of the US, Canada, and several European countries, 1 February 2022.

[3] La doctrine de la porte ouverte, due au secrétaire d’état John Hay, a pour objet d’ouvrir la porte de la Chine aux Etats-Unis à la fin du 19ème siècle en traitant toutes les nations sur un pied d’égalité afin qu’aucune n’est le contrôle total du pays.

[4] Un amiral allemand sommé de s’expliquer après des propos controversés sur la Russie. Le Figaro, 22 janvier 2022.

[5] Why the Ukraine Crisis is the West’s fault. John Mearsheimer, Foreign Policy, Septembre/Octobre 2014.

[6] Discours de Vladimir Poutine le Septembre 21, 2022.

[7] Conférence de presse Sergey Lavrov du 18 mai 2024.

[8] Ukraine le dur chemin vers la défaite vers la défaite. May 29, 2024.

[9] Commencement Address at American University, John F. Kennedy, June 10, 1963.

Crédit photo : DR
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26 réponses à “Que veut Vladimir Poutine ? par J.L. Basle”

  1. gautier dit :

    les Anglais ( sous couverture Américaine ) et les sionistes ( Mossad)aujourd’hui ont toujours été les manipulateurs des guerres, toujours avoir l’idée expansionniste, ( le grand Israël ) les premiers camps de concentrations n’ont il pas été inventé par les Anglais ! les Américains n’ont jamais voulu reconnaitre que la guerre 39 45 à été gagné par les Russes ! l’Otan veut le partage de la Russie, alors !Poutine tiens bon !!!

  2. VORONINE dit :

    Gerre de CRIMEE….des aieux de mes deux familles s’y trouvaient, belle affaire: des morts surtout de maladie , un résultat nul , la FRANCE a suivi les brits pour les beaux yeux de VICTORIA , et les français sont morts pour sauver les turcs : UN PRECEDENT souvent renouvelé depuis !

  3. Pschitt dit :

    Que d’élucubrations pontifiantes dans un texte si bref ! Mais le diable est dans les détails : le « jour du lancement de l’opération militaire spéciale » n’est pas le 22 février 2022 mais le 24 février 2022. Si toutes les « informations » sont aussi fiables, on imagine à quel point l’ensemble est biaisé.

  4. Ronan dit :

    Salud excellent article mais il faudrait ajouter la vision du Grand Charles dé Gaulle « construire un monde ou une Europe multipolaire de Brest à l’Oural «  si je me souviens bien. Ces gens biens nous manquent actuellement mais espérons ne pas se Trumper. Kenavo

  5. Damazy dit :

    Étrange article qui pas un seul instant n’évoque les principaux intéressés, en l’occurrence l Ukraine et les Ukrainiens attaqués. .. les mouvements des peuples ça existe, le désir d’indépendance est même un moteur de l’histoire, bien connu dans tte cette Europe centrale si souvent soulevée contre l’empire russe, celui des tsars puis des bolcheviques puis de Poutine… Que les autres puissances, européennes ou américaines, y cherchent leurs intérêts est une évidence, mais l’histoire n’est pas que manipulation ! Sauf, comme suggéré parfois, à voir dans le devancier des renversements récents, la Pologne de Solidarnosc, une première révolution orange, œuvre de la CIA… Redescendons sur terre et cessons de voir ds la Russie une petite nation innocente et menacée !

  6. Gaï de Ropraz dit :

    Assez étonnement, tout au moins pour moi qui me mefie souvent des Français lorsqu’on parle politique et que le sujet est loin d’être maîtrisé, je felicite Jean-Luc Basle pour son article et surtout le fait d’avoir décortiqué l’epineux problème qui se pose actuellement du « Quid de l’Ukraine ? ».
    Il serait trop long d’aller au fond des choses, mais l’essentiel est dit dans ses propos.
    Pour moi qui suis Russe d’origine, de parents, et de langue maternelle, il est certain qu’il m’est difficile de m’inserrer dans ce genre de combat verbal, ou écrit, sans prendre partie.
    De ce fait, tout en m’obligeant d’être impartial, et afin d’essayer d’être court (Car l’Histoire est longue…), je rappelle qu’à la base du conflit actuel entre les deux pays (L’URSS et l’Ukraine), la « Grosse Pierre » reside en ces quelques points primordiaux :
    1) l’eternel conflit d’intérêt entre les deux grandes puissances L’URSS et les USA.
    2) Ensuite, il faut rappeler que c’est l’Ukraine qui, poussée en sous-main par les USA (Toujours Biden), a declanché le conflit en s’attaquant aux regions Russes frontalières de l’Ouest, où les Russes, la religion Russe Orthodoxe, et la langue vernaculaire (Russe), étaient majoritaires à 90%.
    3) Je passe sur la recherche de l’annexion de la Crimée par l’Ukraine qui a toujours était Russe, de langue Russe, et Orthodoxe de religion et qui me tient à coeur puisque c’est ici que mon Grand-père, Officier de Marine de la flotte Impériale Russe était basé lors du conflit mondial 14/18.
    4) Pour mémoire, rappelons simplement l’imbecilité profonde -sinon l’amateurisme pur et simple- de Biden, President des USA, qui s’imaginait placer ses fusées SAM, et autres artifices guerriers, sous les fenêtres du Kremlin en toute impunité.
    5) A cet égard, constatez de vous-memes l’intelligence de Trump qui n’a jamais pris part à cette querelle d’octrois des Terres Russes en faveur de l’Ukraine que préconisait l’amateur politique Biden, et autres aboyeurs de mauvais augures Europeens, qui n’y comprenaient rien, tout en étant jaloux de la « froideur » de Poutine envers eux, et qui plus est, auréolé de ses succès commerciaux et de paternariat sur d’autres terres (Entre-autre en Asie et en Afrique)
    5) Et pour clore et rendre le propos simple et court, rappelons que l’Ukraine a toujours été partie prenante de la Grande Russie, son premier fournisseur en blé et autres agrumes, restait un territoire semi-autonome, de religion moitié Catholique, moitié Orthodoxe, où la langue officielle etait le Russe, mais la langue vernaculaire n’etait qu’un dialecte local, qui du reste disposait de plusieurs racines suivant les regions.
    Donc de ce fait, fort de ces ecrits (Un peu longs, j’en conviens), tirez vos conclusions de vous-mêmes, tout en sachant l’intérêt des USA pour s’approprier la « conduite des affaires », aux portes le la Russie (!!!…), d’un « semi-partenaire » comme l’est l’Ukraine de nos jours sous la conduite hasardeuse de Zelinsky (Qui, tout au moins à mon sens ne durera pas à la tête du pays), et essayez de chausser les pantoufles de Poutine qui, à tout le moins, fait preuve d’un grand sens stratègique en n’envenimant pas la situation et cherchant le dialogue aussi bien avec les USA qu’avec l’Europe (En particulier cette Europe socialo-bolchevique) qui n’est autrement personnalisée que par la présence de la dangereuse et très socialisante arriviste Allemande Ursula Von der Leyen
    Doroguïa Drougui, Dosvidanya y Bolchoï spociba (Chers Amis, Au revoir et un Grand merci).

  7. sauternes dit :

    bonjour,
    C’est les détails mais « démilitarisation, dénazification et neutralité de l’Ukraine. »
    Pour moi c’était – dénazification, pas de entrée dans OTAN et arrêt d’agression des russophiles.
    Votre source pour « retrait des troupes ukrainiennes des républiques populaires de Donetsk et de Lougansk, des régions de Zaporojié et de Kherson, neutralité, dénucléarisation, démilitarisation et dénazification de l’Ukraine.  »
    moi j’ai peu fiable -https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/manifestations-en-ukraine/guerre-en-ukraine-vladimir-poutine-conditionne-des-negociations-de-paix-avec-kiev-aux-retraits-de-troupes-ukrainienne-de-quatre-regions-et-au-renoncement-a-l-otan_6604137.html

    et bien meilleur -https://mid.ru/fr/foreign_policy/news/1957107/
    ce discours est aussi long que eux de Macron, mais d’un niveau autrement supérieur, de temps en temps il faut les lire!

    « Ces conditions sont très simples. Les troupes ukrainiennes doivent être complètement retirées des Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk, ainsi que des régions de Kherson et de Zaporojié. Je précise, de tout le territoire de ces régions dans leurs frontières administratives existantes au moment de leur intégration à l’Ukraine.

    Dès que Kiev déclarera qu’il est prêt à une telle solution et commencera le retrait réel des troupes de ces régions, et notifiera officiellement son renoncement à adhérer à l’Otan, de notre côté, un ordre de cessez-le-feu et d’entamer des négociations suivra immédiatement, littéralement à la même minute. Je le répète, nous le ferons immédiatement. Naturellement, nous garantirons en même temps le retrait sûr et sans entrave des unités et formations ukrainiennes. »

  8. Jean dit :

    Excellente analyse. C’est la VERITE. L’origine de cette guerre est bien de la faute des USA et de l’Europe. On voudrait faire porter la responsabilité aux Russes. C’est faux. Les USA accepteraient-ils une base militaire Russe ou Chinoise au Mexique ? Surement pas ! Si les accords signés en Biélorussie entre la Russie et l’Ukraine avaient été respectés jamais il n’y aurait eu de guerre. La Crimée a toujours été Russe. Odessa aussi. Poutine ne voulait pas de cette guerre fratricide mais les USA oui pour affaiblir la Russie et s’accaparer ses immenses richesses.

  9. mouchet dit :

    Ho là là l’article de J.L. Basle occulte beaucoup de choses la base même du conflit étant avant tout depuis 2008 la dédollarisation couplée à la fin des petrodollars actuelle. Donc l’aspect financier de cette guerre est prépondérant à 90%. Ce qui diminue de fait la masse monétaire du dollars de près de 50%. Pour celles et ceux qui ne connaissent pas l’économie financière mondiale dont nous sommes tous interdépendants pour nos dettes, c’est extrêmement important et dangereux pour les USA qui se nourrissent du différentiel de la cotation des monnaies et des matière premières dans une dictature monétaire. Donc cela diminue la marge de spéculation des monnaies, des cotations des matières premières donc du rapport des valeurs monétaires profitables au dollars toxique, guerrier, subventionné par l’armement des USA et les dettes américaines que l’occident souscrit les yeux fermés. Ce sera donc avec l’effondrement obligatoire qui va suivre comme en 2008.Année de la dédollarisation et échange entre Russie et Chine en monnaies de chaque pays et plus du tout en dollars avec une banque mixte la BCII Russe et Chinoise puis de tous les pays des BRICS 40 fois le volume du FMI.
    Pour le reste de la suprématie des territoires c’est vrai la Russie suffisamment immense sans dettes n’a que faire de l’Ukraine et de l’Europe vassalisée par le USA, les deux entités sont en faillite avec plus de 300’000 milliards de dettes insolvables. Alors oui le militaro business teste ses missiles ses chars ses canons ses drones et 700’000 morts de jeunes soldats ukrainiens payent de leur vie cette suprématie occidentales qui se meurt sous les dettes.

  10. Pschitt dit :

    Gaï de Ropraz votre attachement à défendre la Russie est touchant, et je serais bien le dernier à critiquer une préoccupation identitaire, mais il vous conduit à forcer un peu les faits.
    1) Le conflit d’intérêts entre URSS et USA n’est pas « éternel », il s’étend sur une période brève et assez bien délimitée : 1945-1991. Aujourd’hui, il n’y a plus d’URSS. Poutine aimerait peut-être la reconstituer, mais on n’en est pas là. Si vous considérez la Russie comme héritière de l’URSS, il est douteux qu’on puisse la qualifier de « grande puissance ». Elle reste une puissance nucléaire et un pays très étendu qui exploite d’immenses richesses naturelles, mais malgré cela son PIB ne la classe qu’au septième rang mondial, et sa population au 9ee ou 10e rang. Sur le plan de la force brute, elle a étalé sa faiblesse en échouant à conquérir l’Ukraine en trois ans, en abandonnant la Syrie et en laissant la Turquie régler le conflit entre Arménie et Azerbaïdjan.
    2) Vous ne savez pas (moi non plus…) à quel point l’Ukraine aurait pu être poussée par Biden. En revanche, il est inexact de dire que l’Ukraine s’est attaquée aux « régions russes frontalières de l’Ouest », par lesquelles vous désignez sans doute le Donbass, région frontalière de l’EST. Ces régions sont ukrainiennes de longue date. Avant 1924, le territoire ukrainien était même plus étendu vers l’Est. La frontière ukrainienne de 2022 a été confirmée par la Russie à l’occasion de plusieurs traités internationaux, en particulier le protocole de Budapest. Vous pouvez critiquer la politique intérieure de l’Ukraine, mais c’est un autre sujet.
    3) La Crimée n’a pas été annexée par l’Ukraine, elle lui a été délibérément transférée par la Russie en 1954. De plus, la Crimée a largement voté pour la séparation d’avec la Russie lors du référendum de 1994. La flotte russe est stationnée à Sébastopol en vertu d’un accord avec l’Ukraine.
    4) L’esprit polémique vous égare. D’abord, les SAM sont des missiles sol-air ; on voit mal ce qu’ils feraient sous les fenêtres du Kremlin. Surtout, à quoi bon une si courte distance ? Poutine n’arrête pas de dire que ses missiles balistiques peuvent atteindre n’importe quel point en Occident. Réciproquement, les missiles américains peuvent atteindre n’importe quel point de la Russie d’Europe. En attaquant l’Ukraine, il n’a pas éloigné les missiles. En revanche, il les a multipliés !
    5) Si les Ukrainiens se pensent comme un peuple distinct, ils en sont un, et la Russie l’a admis par de nombreux traités internationaux.

  11. mouchet dit :

    Gaï de Ropraz explique les vérités en relation avec l’article de J. Basle et j’ajoute donc ceci. Les USA depuis 1945 ont une peur viscérale de voir l’Europe s’unir avec la Russie en une fédération comme dans les accords de Minsk dont l’Ukraine avait accepté les principes. Les USA font tout pour mettre la Russie en ennemi de l’Europe ce qui dans les faits Mr Poutine l’a clairement expliqué n’est absolument pas son but même le contraire puisque il y a eu 3 demande d’adhésion à l’UE. les USA se sont opposés en faisant du chantage financier économique dettes et menace de guerre. Les sommets de Saint Pétersbourg Kazan Astana et l’interview de Mr Poutine par Mr Carlson sont explicites réalistes économiques financières et Mr Poutine explique : « Vous en occident et aux USA vous ne penser que suprématie guerres mais vous n’avez donc rien de mieux à faire au lieu de commencer à rembourser vos dettes ». Cette phrase de réponse explique la situation actuelle et le guerre en Ukraine initialisée par les USA à 100 %

  12. Henri dit :

    > Pschitt. « n’est pas le 22 février 2022 mais le 24 février 2022. » Les 22 et 24, heure de Washington ou de Moscou ? R.àf ! Mettons-nous d’accord sur le 23 février, et basta.

  13. Raymond Neveu dit :

    Respectons Sauternes avec un bon foie gras! Sinon Gaï n’a que trop raison ce sont bien les mercantiles de Satan sans foi ni loi qui sèment la mort et la désolation partout par où ils passent et sont passés, les puritains donneurs de leçons qui ne voient dans le malheur et les destructions que l’occasion de faire du fric! Le Veau d’Or est toujours debout! (Opéra de Faust).

  14. Gaï de Ropraz dit :

    Je remercie autant Pschitt que Mouchet pour leur intervention.
    Ceci dit, j’avais un avis à formuler et je l’ai fait en gardant pour base ce qui etait proposé par Jean-Luc Basle au départ, et que je felicite et remercie ici.
    Je ne pensais pas non plus susciter autant d’intérêt quant à mon intervention. Tout autant, et je l’avoue, elle est avant tout sentimentale puisque on discerte sur un fait d’histoire qui frôle la vie de ma famille, que du reste Pschitt soupoudre du terme « Touchante »…

    Ceci étant posé, je n’entrerais pas dans le débat, l’heure étant l’heure, et la page tournée. Qui plus est, je suis actuellement au Canada, et le decallage horaire n’est pas en ma faveur.
    Toutefois, je précise qu’au temps de mes Grands parents, qui ont été quand même les temoins de l’Histoire, et tout autant nos amis Russes exilés de la Russie Bolchevique, tous étaient -et probablement sont toujours, ou le seraient encore s’ils etaient en vie- unanimes pour dire que l’Ukraine n’a jamais été qu’une enclave Russe, et en même temps, son grenier.
    Bien entendu, on pourrait poursuivre le débat en démontrant que de la meme manière, Sebastopol, Odessa, et d’autres ports ou villes de cette région sudiste étaient soumises aux ordres Russes. Et tout autant ce qui est aujourd’hui la frontière Ouest de la Russie qui dispose d’une population en grande majorité Orthodoxe, parlant le russe en tant que langue vernaculaire. Pourquoi ? Tout simplement parce que c’etait ainsi, ces regions peuplées, je le répète, en grande majorité de Russes Orthodoxes, et donc l’Ukraine etait, tout au moins à l’époque, partie prenante de la grande Russie. Point Barre !
    Quant à l’histoire de la présence US aux portes du Kremlin, comme d’aucuns le savent, l’imbecilité flagrante de Biden et son manque de jugement politique avaient été clairement démontrés. Preuve en est le silence de Trump sur ce sujet … et ceci, Cher Pschitt que je remercie à nouveau ici, sans entrer dans le detail des armes ou des fusées trimballees par Biden, et que de toute manière, il a été humblement obligé de remballer …
    Amicales salutations
    GdR

  15. Nounours Tendresse dit :

    Les nationalistes bretons qui défendent le jacobinisme grand-russe, comme c’est amusant 🤣, c’est Mélenchon qui va être content 🤣, continuez de croire les mensonges du KGB surtout 🤣, l’extrême droite ne change jamais, toujours dans la collaboration à toutes les époques.

  16. Nounours Tendresse dit :

    C’est hilarant ce que la haine des homosexuels et la bigoterie religieuse font avaler comme bobards 🤣

  17. Nounours Tendresse dit :

    Avant l’holodomor organisé par Staline on parlait majoritairement ukrainien jusque dans la région du Kouban en Russie, cette histoire de Novorossyia majoritairement russophone est bidon, comme pour le Donbass, quand à la Crimée elle était tatar et sous suzeraineté ottomane avant d’être russe, la Turquie aussi peut donc revendiquée la Crimée, quand à la langue ukrainienne il y a plus de différences entre l’ukrainien et le russe qu’entre l’italien et le français, sinon l’italien aussi est un dialecte du français et la France peut revendiquer Rome comme son berceau historique, en France encore le breton aussi est considéré comme un patois

  18. Nounours Tendresse dit :

    Et l’Ukraine s’appelait avant la Ruthénie et était une partie de la République des deux-nations polono-lituanienne avant d’être russe, puis l’hetmanat cosaque d’Ukraine a été instauré et ils parlaient ukrainien et non pas russes, ce sont les Tsars de Russie qui ont ensuite interdit l’ukrainien et imposés le russe, quand à Kiev elle était une métropole orthodoxe sous juridiction de Constantinople à l’époque et pas de Moscou.

  19. Nounours Tendresse dit :

    Quand à la Russie, ce n’est pas une nation, mais un empire multiethnique artificiel, celle-ci s’appelait Moscovie à ses débuts et non pas Russie, terme que la Moscovie a usurpée à la Ruthénie, Moscou n’est pas l’héritière Kiev, c’est Kiev qui est héritière de la Rus’ de Kiev, pour des raisons géographiques évidentes.

  20. Nounours Tendresse dit :

    En ce moment les statuts de Lénine sont rétablies en Ukraine par la Russie, alors que l’Ukraine les a déboulonnées, pour rappel, Vladimir Poutine est issu du KGB, aujourd’hui FSB, et Staline, idole de Vladimir Poutine était bien un authentique communiste.

  21. Nounours Tendresse dit :

    Sinon Stéphane Courtois c’est quand-même plus fiable comme infos que la propagande du Kremlin.

  22. Nounours Tendresse dit :

    À la suite de la révolution bolchevique, l’Ukraine a pris son indépendance à peu près sur le territoire actuel de l’Ukraine, Donbass inclus, pendant une courte période car la République populaire d’Ukraine a été ensuite envahie par les bolchevique qui créèrent déjà une famine à Lougansk, ce n’est donc pas Lénine qui a créé l’Ukraine.

  23. Nounours Tendresse dit :

    C’est vraiment difficile aujourd’hui de voir la différence entre LFI et le RN, on dit que les extrêmes se rejoignent, sur ce sujet là en tout cas on comprend pourquoi, mais qui est la copie et qui est l’original ? 🤔😂

  24. Nounours Tendresse dit :

    Et le Mémorandum de Budapest à la poubelle aussi.

  25. Nounours Tendresse dit :

    Et puis cet argument de la langue comme quoi les Ukrainiens seraient Russes parce qu’ils parleraient russe est risible, les Irlandais et les Écossais parlent presque tous Anglais aujourd’hui, est-ce que pour autant on dit que les Écossais et les Irlandais sont Anglais ? Et les Haïtiens ils sont Français dans ce cas là aussi ?

  26. Nounours Tendresse dit :

    Concernant cette histoire de langue encore, la vérité c’est qu’historiquement c’est la langue ukrainienne qui a toujours été réprimée par les Russes, les Russes ne veulent pas défendre les russophones soit-disant opprimés, ils veulent comme ils l’ont toujours fait, interdire la langue ukrainienne sous prétexte de défendre la langue russe soit-disant réprimée.

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