Le scandale de corruption connu sous le nom de « Qatargate » continue de secouer le Parlement européen. Le 8 janvier, le juge belge chargé de l’enquête a annoncé l’inculpation de trois nouveaux suspects, tous liés au groupe social-démocrate S&D, le deuxième groupe le plus important du Parlement européen.
Un scandale sans précédent
Le « Qatargate » est considéré comme l’un des plus grands scandales de corruption de l’histoire récente de l’Union européenne. L’affaire a éclaté fin 2022, lorsque la police belge a mené une série de 20 perquisitions à Bruxelles dans le cadre d’une enquête criminelle ouverte plusieurs mois auparavant. Les autorités ont saisi 1,5 million d’euros en liquide et arrêté plusieurs personnalités politiques, notamment Eva Kaili, vice-présidente du Parlement européen à l’époque, et Antonio Panzeri, ancien député européen. Tous deux, membres du groupe S&D, sont accusés d’avoir accepté des pots-de-vin du Qatar en échange de leur influence sur les votes parlementaires.
Les trois nouvelles personnes inculpées sont d’anciens conseillers et assistants parlementaires, accusés d’avoir utilisé leur position pour favoriser les activités d’une organisation criminelle dirigée par Panzeri, en échange d’avantages matériels.
- Le premier suspect, identifié comme « C. », un conseiller politique proche de Francesco Giorgi (ancien assistant de Panzeri), aurait reçu entre 10 000 et 20 000 euros en 2019, somme qui proviendrait directement du Qatar.
- Le deuxième suspect, connu sous le pseudonyme « E. », aurait bénéficié d’un voyage entièrement payé pour assister au match de la Coupe du monde entre les Pays-Bas et l’Argentine en décembre 2022, accompagné de son partenaire.
- Le troisième suspect, « G. », ancien assistant de Panzeri et de Marc Tarabella, un autre eurodéputé belge déjà inculpé, est également soupçonné de collaboration avec cette organisation criminelle. « G. » a brièvement travaillé pour l’eurodéputée italienne Lara Comi, également citée dans l’enquête mais non encore formellement accusée.
Une enquête longue et mouvementée
Depuis deux ans, l’enquête, menée en Belgique, en Grèce et en Italie, a permis de dévoiler un vaste réseau de corruption impliquant environ 15 personnes. Malgré les efforts des enquêteurs, l’enquête a été entravée par des tentatives d’espionnage, des menaces, et même une tentative d’assassinat sur l’un des enquêteurs.
Le scandale a également mis en lumière les obstacles internes au sein du Parlement européen, où des efforts pour bloquer les investigations ont été signalés. Cette situation a alimenté les critiques sur le manque de transparence et de responsabilité au sein des institutions européennes.
Selon les enquêteurs, le Qatar aurait utilisé des pots-de-vin, des cadeaux somptueux et d’autres avantages pour influencer les votes européens en faveur de ses intérêts. Ces révélations soulèvent des interrogations sur la manière dont certains pays étrangers utilisent leur puissance financière pour exercer une influence sur les institutions européennes.
Pour beaucoup, ce scandale reflète une crise de confiance qui ne pourra être surmontée qu’à travers des réformes structurelles et une transparence accrue. Alors que l’enquête se poursuit, les citoyens européens attendent des réponses claires et des mesures fortes pour éviter que de tels abus ne se reproduisent.
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