Zones à Faibles Émissions (ZFE) : une cacophonie qui frappe durement les automobilistes (notamment les plus pauvres) en 2025

Depuis le 1er janvier 2025, les Zones à Faibles Émissions (ZFE) sont censées s’appliquer dans 43 métropoles françaises, impactant directement plus de 1,8 million de véhicules jugés trop polluants. Pourtant, loin d’une mise en œuvre claire et uniforme, la réalité sur le terrain est un véritable casse-tête, marqué par des dérogations, des dispenses, et un flou général. Retour sur une mesure qui illustre, une fois de plus, l’injustice et l’inefficacité des politiques écologiques punitives menées par les pouvoirs publics.

Une mesure injuste et antisociale

Les ZFE visent à réduire la pollution atmosphérique en interdisant progressivement la circulation des véhicules anciens, identifiés par les vignettes Crit’Air 5 et non classés (NC). Si, sur le papier, l’objectif semble louable, dans les faits, cette mesure pénalise avant tout les automobilistes les plus modestes, incapables de renouveler leur véhicule pour un modèle plus récent et plus « vert ». Ces restrictions frappent en priorité les travailleurs qui dépendent de leur voiture pour leur activité, en particulier dans les zones périurbaines et rurales mal desservies par les transports publics.

La loi Climat et Résilience de 2021 impose l’application des ZFE dans 43 métropoles. Pourtant, seulement une trentaine de villes ont effectivement commencé à mettre en œuvre les restrictions, et souvent de manière partielle ou différée. Douze métropoles, comme Perpignan, Béthune ou Valenciennes, ont repoussé leur application ou accordé des dérogations. Par exemple, la métropole de Dijon a publié un arrêté décrétant une ZFE, tout en suspendant son application « à titre dérogatoire ». Une confusion totale qui sème l’incompréhension parmi les automobilistes.

Des contrôles et sanctions différés

Si les restrictions sont censées être en place, les amendes pour non-respect des ZFE ne sont pas encore généralisées. Les autorités parlent de « périodes pédagogiques », mais la réalité est tout autre : le croisement des bases de données pour automatiser les verbalisations est un casse-tête technologique. Les premiers PV automatiques ne sont pas attendus avant 2026. En attendant, les rares amendes (68 € pour les véhicules légers, 135 € pour les poids lourds) sont dressées de manière sporadique, ajoutant à l’impression d’arbitraire.

L’objectif des ZFE est de réduire les émissions polluantes et d’améliorer la qualité de l’air. Cependant, aucun consensus scientifique n’a démontré que ces zones ont un impact significatif sur la pollution globale. Dans de nombreuses villes, la qualité de l’air est davantage affectée par des facteurs comme l’industrie, le chauffage ou les flux de transport internationaux. Pourtant, ce sont les automobilistes qui paient le prix fort d’une politique dont les bénéfices restent à prouver.

Face à cette cacophonie et à l’injustice flagrante de ces mesures, de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer les ZFE. La Ligue de Défense des Conducteurs déplore une politique mal pensée, qui pénalise les plus modestes sans apporter de solution durable. De plus, les élus locaux eux-mêmes semblent divisés : certaines métropoles appliquent les restrictions à contrecœur, tandis que d’autres préfèrent les repousser ou les suspendre pour éviter la grogne des administrés.

Une France à deux vitesses

Les ZFE illustrent une fracture croissante entre une France des métropoles, qui impose des restrictions au nom de l’écologie, et une France périphérique, qui en subit les conséquences. Les habitants des zones rurales ou périurbaines, souvent dépendants de leur véhicule, se sentent abandonnés par des politiques publiques déconnectées de leur réalité. Cette fracture risque de s’aggraver, d’autant que les ZFE pourraient s’étendre à d’autres villes dans les années à venir.

Alors que les ZFE suscitent de plus en plus de critiques, certains appellent à une révision en profondeur de cette politique. Plutôt que de pénaliser les automobilistes, ne serait-il pas plus judicieux d’investir massivement dans les transports publics, de soutenir la transition énergétique des ménages modestes, ou encore de cibler les véritables sources de pollution ? En l’état, les ZFE apparaissent comme une réponse mal adaptée à un problème complexe.

Illustration : DR
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