Depuis le 6 janvier 2025, le CHU de Nantes, comme la plupart des autres hôpitaux de Bretagne, a déclenché son plan blanc pour faire face à l’afflux massif de patients aux urgences, conséquence directe de l’épidémie de grippe qui frappe durement la région. Derrière cette mesure exceptionnelle se cache une réalité inquiétante : un système hospitalier saturé, des délais d’attente interminables, et des conditions d’accueil dégradées.
Un afflux de patients qui dépasse les capacités
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : jusqu’à 150 patients étaient présents aux urgences du CHU de Nantes le week-end du 4 au 5 janvier, alors que la capacité seuil est fixée à 115. Certains malades ont dû attendre plus de 92 heures avant d’être transférés dans un service approprié, un délai bien au-delà des 12 heures habituellement tolérées. Parmi eux, des personnes âgées, parfois laissées sur des brancards dans des couloirs bondés, sans eau et sans soins adéquats.
La situation dramatique a conduit des familles à porter plainte, évoquant des cas de maltraitance. Des victimes ont passé des dizaines d’heures sur des brancards, sans que l’on s’occupe d’eux.
Un plan blanc à double tranchant
L’activation du plan blanc vise à réorganiser les services pour absorber le surplus de patients. Parmi les mesures adoptées :
- Déprogrammation des interventions chirurgicales non urgentes, notamment en ambulatoire.
- Augmentation des capacités d’hospitalisation avec l’ouverture de 24 lits supplémentaires.
- Réorientation des patients mineurs de plus de 15 ans vers les urgences pédiatriques.
Si des premiers « effets positifs » ont été constatés, selon la direction de l’hôpital, le coût humain et organisationnel reste élevé. Déprogrammer des opérations signifie retarder des soins pour d’autres patients, parfois au détriment de leur santé.
Une crise structurelle et récurrente
Le syndicat CGT dénonce une saturation permanente du CHU, accentuée par des choix de gestion discutables, notamment des suppressions de lits. Résultat : l’hôpital est sous tension toute l’année, et l’épidémie de grippe devient la goutte d’eau qui fait déborder le vase.
Les conséquences de cette gestion sous contrainte se traduisent par des risques accrus pour les patients avec des diagnostics mal effectués, qui peuvent avoir des conséquences graves. Deux décès après plus de 20 heures d’attente aux urgences auraient déjà été signalés.
Cette crise ne frappe pas seulement les patients, mais également le personnel soignant. Les syndicats réclament en urgence :
- L’ouverture de 120 lits supplémentaires avec le personnel nécessaire.
- Une meilleure anticipation des épidémies récurrentes.
L’épidémie de grippe, révélatrice d’un système défaillant
Selon Santé Publique France, l’épidémie de grippe connaît une « forte augmentation » dans toutes les régions. Cependant, cette crise met surtout en lumière les failles structurelles du système hospitalier français. À Nantes comme ailleurs, des hôpitaux comme ceux de Vannes, Ploërmel ou Rennes déclenchent également leur plan blanc, signe d’un malaise général.
Le déclenchement du plan blanc au CHU de Nantes est un révélateur de la fragilité de l’hôpital public face à des crises récurrentes. Si des mesures d’urgence permettent de pallier temporairement la saturation, elles ne règlent pas le problème de fond : un sous-investissement chronique dans les capacités hospitalières et une gestion à flux tendu. La France est bel est bien en train de devenir un pays du tiers monde, en matière de santé, comme en matière de sécurité ou d’éducation.
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Une réponse à “CHU de Nantes : le plan blanc activé face à une crise des urgences amplifiée par l’épidémie de grippe”
les gens devraient être plus citoyens , et n’être malade qu’aux heures et jours d’ouverture !