En France, plus de la moitié des accidents de travail mortels survenus entre 2012 et 2022 ont été qualifiés de « malaises sans cause externe identifiée », selon une étude récente de l’INRS (Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles). Ces événements, souvent liés à des pathologies cardiovasculaires, posent des questions majeures en matière de prévention et de santé au travail.
Avec 645 accidents mortels en 2021 dans les entreprises relevant du régime général de la Sécurité sociale, dont 56 % attribués à des malaises, cette problématique dépasse le cadre de l’exception. L’étude repose sur l’analyse qualitative des données de la base nationale EPICEA, qui regroupe les récits et variables descriptives des accidents graves ou mortels.
Des profils de victimes révélateurs
Entre 2012 et 2022, 143 malaises mortels ont été recensés dans la base EPICEA. Les résultats montrent que 93 % des victimes étaient des hommes, avec un âge médian de 51 ans. Les professions les plus touchées incluent les conducteurs de poids lourds (20 %), les professionnels qualifiés du bâtiment, ainsi que les électriciens. Dans 75 % des cas, les victimes étaient seules au moment du malaise, ce qui complique l’organisation rapide des secours.
Facteurs de risque professionnels et individuels
L’étude met en lumière l’impact des conditions de travail sur la santé des salariés. Les malaises mortels sont souvent liés à des infarctus du myocarde, exacerbés par des facteurs professionnels tels que :
- Les risques psychosociaux (stress, surcharge de travail).
- Les horaires atypiques, notamment le travail de nuit ou posté.
- Les postures sédentaires ou les efforts physiques intenses.
- Les ambiances thermiques extrêmes (froid ou chaleur).
- L’exposition à des substances chimiques ou au bruit.
Ces éléments s’ajoutent aux risques individuels comme l’hypertension, le tabagisme ou encore le diabète.
Des mesures de prévention insuffisantes
Dans la moitié des cas étudiés, les contrôleurs de sécurité ont identifié des lacunes dans la prévention. Les préconisations principales incluent :
- Évaluation et prévention des risques : Réalisation ou mise à jour du Document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP) et mise en œuvre de mesures adaptées.
- Organisation des secours : Formation des salariés aux gestes de premiers secours, dotation en défibrillateurs automatisés externes (DAE).
- Suivi de la santé des salariés : Intégration d’un contrôle régulier du risque cardiovasculaire, notamment lors de la visite de mi-carrière.
- Soutien psychologique : Mise en place de cellules d’accompagnement pour les collègues après un événement traumatique.
Un appel à une culture de prévention renforcée
Les résultats de cette étude appellent à une vigilance accrue de la part des employeurs et des autorités de prévention. Avec l’enregistrement systématique des accidents mortels depuis 2023 dans EPICEA, de nouvelles données permettront d’affiner les stratégies de prévention.
Pour les entreprises, il est impératif de comprendre que les malaises mortels ne sont pas de simples accidents mais souvent le symptôme de problèmes systémiques dans l’organisation du travail. Une meilleure gestion des risques, combinée à une sensibilisation accrue des travailleurs, pourrait significativement réduire ces tragédies.
Les malaises mortels au travail constituent un enjeu sous-estimé mais crucial pour la sécurité des salariés. Cette étude de l’INRS offre des pistes concrètes pour améliorer la prévention, mais nécessite une mobilisation générale pour traduire ces recommandations en actions. Dans un monde du travail en constante évolution, la santé et la sécurité des employés doivent rester une priorité absolue.
Illustration : DR
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Une réponse à “Malaises mortels au travail : une priorité pour la prévention en entreprise”
645 accidents mortels en 2021, dont 56 % attribués à des malaises, soit environ 350 malaises mortels.
Entre 2012 et 2022, 143 malaises mortels.
Ya comme un pb de chiffres, non ?