Anne Le Hénanff (Horizons) en veut à Emmanuel Macron. Elle n’a toujours pas digéré la dissolution. Les députés n’apprécient pas de devoir retourner devant les électeurs
Le Figaro (jeudi 2 janvier 2025) titre : « Macron abat ses dernières cartes pour tenter d’exister ». Il est vrai que la dissolution lui a fait perdre la pleine maîtrise du pouvoir exécutif ; les articles 20 (« Le Gouvernement détermine et conduit la politique de la nation ») et 21 (« Le Premier ministre dirige l’action du Gouvernement ») de la Constitution s’appliquent totalement. Mardi soir, à l’occasion de ses vœux, il a reconnu que cette décision avait « apporté, pour le moment, davantage de divisions à l’Assemblée que de solutions pour les Français ». « La lucidité et l’humilité commandent de reconnaître qu’à cette heure, cette décision a produit plus d’instabilité que de sérénité, et j’en prends toute ma part », a-t-il ajouté.
L’article 12 de la Constitution devrait rassurer les députés : « Il ne peut être procédé à une nouvelle dissolution dans l’année qui suit ces élections » – après une première dissolution ; ils sont donc tranquilles jusqu’au prochain été. « Cette dissolution, on ne l’a toujours pas digérée. J’en parle encore très souvent avec les autres députés et on espère qu’il n’y en aura pas d’autre. Il y a une crainte, voire une certaine peur », souligne Anne Le Hénanff (Horizons), députée de Vannes (Ouest-France, Morbihan, jeudi 2 janvier 2025). « J’ai mis des mois à m’en remettre physiquement et mentalement (…) J’étais issue de la majorité présidentielle et il a fallu expliquer les choix alors qu’on sortait d’un moment chaud avec la réforme des retraites et la loi immigration. Il y avait aussi de l’incompréhension et de la colère contre Emmanuel Macron » », poursuit-elle.
Une campagne électorale qui démarre dans l’imprévu, voilà qui complique la vie des sortants – surtout pour les partis de droite qui ne possèdent pas de vrais militants. Dès l’annonce de la dissolution, Anne Le Hénanff retrousse ses manches : « Il a fallu réagir vite et repartir au combat. J’ai passé la nuit à organiser la campagne. Ce qu’on fait habituellement en un mois et demi, il a fallu le faire en deux fois moins de temps. J’étais sur tous les fronts, jour et nuit, et davantage exposée car c’est compliqué d’organiser une équipe si rapidement. » (Ouest-France, Morbihan, jeudi 2 janvier 2025) On s’interroge : un député possède des assistants parlementaires et un secrétariat ; il peut donc « réagir vite » avec les moyens humains et matériels qui sont à sa disposition. Un « bon » assistant parlementaire est d’abord un politique… S’il ne sait pas comment fonctionne une campagne électorale, il faut qu’il change de métier…
Avec un référendum, les électeurs se défoulent
Le président de la République n’a pas l’intention d’abuser de la bonne volonté des parlementaires. C’est pourquoi il esquisse « des choix à faire pour notre économie, notre démocratie, notre sécurité, nos enfants ». Sa méthode : « C’est pour cela qu’en 2025 nous continuerons de décider et je vous demanderai aussi de trancher certains de ces sujets déterminants. ». Ou bien il utilise la formule de la “consultation pour avis“ qui n’a aucune valeur politique ou juridique – ce fut le cas pour le projet de construction de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Ou bien il passe par le référendum mais l’article 11 de la Constitution ne lui permet pas de faire ce qu’il veut. Première obligation : « sur proposition du Gouvernement » – il faut donc que François Bayrou soit d’accord. Deuxième obligation : « Le président de la République (…) peut soumettre au référendum tout projet de loi portant sur l’organisation des pouvoirs publics, sur des réformes relatives à la politique économique, sociale ou environnementale de la nation et aux services publics qui y concourent. » C’est-à-dire que certains sujets ne peuvent pas donner matière à référendum : immigration, fin de vie, code de la nationalité… Evidemment, il peut tenter sa chance avec la réforme des retraites ; le résultat est connu d’avance : la majorité des électeurs demandera le retour à 62 ans.
Bernard Morvan
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4 réponses à “Prochaines élections législatives : pas avant l’été”
Cette députée macroniste a misé sur le mauvais cheval.. qu’elle se prenne d’abord à elle-même
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L’immigration ne concernerait donc pas « la politique économique, sociale ou environnementale de la nation » ? Il faut être un peu tordu pour l’affirmer. Telle est pourtant la position du conseil constitutionnel ! Eh ! bien, que le président soumette au référendum le rôle du conseil constitutionnel ! Cela donnerait lieu à une campagne intéressante.
Quant à l’âge de la retraite, êtes-vous si certain que la majorité des électeurs demanderait le retour aux 62 ans ? La question de la retraite ne se borne pas à l’âge. Il faudrait un référendum à plusieurs étages : l’âge, bien sûr, mais aussi l’obligation ou pas de partir à 62 ans, les bonus/pénalités pour les départs avant ou après l’âge légal, l’égalité des conditions entre privé et public, la part respective de la hausse des cotisations et de la baisse des prestations en cas de déséquilibre du régime, etc. Si voter pour les 62 ans signifie une baisse de 10 % de sa retraite, le résultat d’un référendum n’est sans doute pas acquis.
Si on ne vote pas, on laisse d’autres personnes choisir à notre place … alors que si on vote, on laisse d’autres personnes choisir à notre place …
l’immigration cadre parfaitement avec la politique sociale et économique. Les services publics (et l’argent public) y concourent. Quand les instances judiciaires rendent des décisions politiques, elles ne sont plus judiciaires. Le Conseil Constitutionnel est une instance politique.