Jean Marie Le Pen est mort : un menhir breton au service de la France

Ce jour du 7 janvier 2025 , Jean-Marie Le Pen a tiré sa révérence après avoir occupé le devant de la scène politique française depuis 1956 jusqu’à son exclusion du Front national en 2015 par sa fille Marine. Même après et jusqu’à son dernier souffle, il continuera d’y participer par ses analyses de la situation souvent pertinentes et ses prises de position.

Un Breton entre terre et mer

Né en Bretagne à la Trinité-sur-Mer un 20 juin 1928, jour de solstice d’été, il en gardera un côté solaire. De même la pratique de l’océan et la familiarité avec la dureté de la campagne lui tanneront le cuir le préparant à affronter les nombreuses attaques dont il sera la cible de la part des pouvoirs étatique, judiciaire, médiatique et culturel.

En vrai Breton, il aura la tête dure et sera un homme libre. D’origine gaélique, son nom Le Pen, qui en français veut dire  » tête “ ” chef “ ou ” cap », annoncera son destin d’être tour à tour un chef de bande, puis de clan, un parrain du mouvement national et un phare pour de nombreux Français attachés à leur patrie. Élève frondeur, volontiers bagarreur, il ne supportait pas la discipline propre aux écoles de cette époque et montrait tout jeune sa forte personnalité.

Un baroudeur patriote

La Deuxième Guerre mondiale allait le marquer doublement. Il devient orphelin et pupille de la Nation car son père est tué le 22 août 1942 par l’explosion d’une mine.

Malgré sa jeunesse, il cherchera à participer à la Résistance en rejoignant le maquis de Saint Marcel, d’où il échappera sain et sauf lors de l’offensive allemande. D’un autre côté, il sera profondément choqué par les scènes de violence gratuite et d’épuration sauvage de la Libération contre de prétendus collaborateurs.

A deux reprises, il s’engagera dans l’armée. En octobre 1953, la guerre ensanglante l’Indochine. Par anticommunisme, il va s’engager et suivre le cycle de formation des EOR – Élève Officier de Réserve – à l’école militaire de Saint Maixent. Il sera incorporé dans un régiment de légionnaires parachutistes et envoyé en Indochine pour un séjour d’un an après la défaite de Dien Bien Phu.

Élu député poujadiste en 1956, il se porte volontaire quand Guy Mollet mobilise le contingent pour répondre à l’insurrection en Algérie. Cela lui vaudra de participer à l’expédition de Suez en novembre de la même année. Puis, en 1957, il sera engagé dans la bataille d’Alger sous les ordres du général Massu qui le décorera de la croix de la Valeur militaire.

Cela entraînera une campagne redondante pour l’accuser sans preuve d’être un tortionnaire. Ce grief sera repris par ses adversaires pendant toute sa vie politique.

Un entrepreneur

A l’automne 1944, il reprend ses études sans enthousiasme car il réalise ne pas pouvoir réaliser son rêve d’entrer à Navale. Il finira par obtenir son baccalauréat “ philosophie ” en 1947 et s’inscrira à la faculté de droit à la rentrée de septembre. Il y démontrera son tempérament d’entrepreneur et de militant. Il adhère à la Corpo. des étudiants en droit, affiliée au syndicat UNEF, qui jusqu’en 1952 n’était pas aux mains de la gauche socialo-communiste. Il en deviendra président en 1949.

Au delà de la défense des étudiants, cette présidence lui permet de rencontrer de nombreuses personnalités y compris Vincent Auriol, président de la République.

Aussi, lors des inondations de janvier 1953 en Hollande, grâce à ses relations, à son entregent et à son esprit d’initiative, il monte une opération de secours des populations sinistrées.

En parallèle, la Corpo. forme une bande de joyeux fêtards. Cela lui donnera un autre réseau de relations dans les milieux artistiques.

En 1963, n’ayant pas été réélu député, sans emploi, il retrouve cet esprit d’entreprise. Avec quelques amis, il crée la SERP – Société d’études et de relations publiques – qui édite des disques à caractère historique.

Depuis son enfance, cette proximité avec les marins, les paysans, les travailleurs, les artisans, les commerçants, les créateurs d’entreprise lui permettra de rester à l’écoute des véritables attentes des Français des classes populaires et des classes moyennes.

Un homme politique au service de la France

Cependant, c’est sa passion pour la France qui guidera sa vie et son engagement politique.

Dès la Corpo. de droit, puis au JIP, Jeunes Indépendants de Paris, il lutte pour les valeurs nationales et contre l’emprise communiste.

Mais, c’est au retour d’Indochine en 1955 qu’il va devenir une figure politique. D’abord aux JIP, Jeunes Indépendant de Paris, il va prendre son envol en adhérant au mouvement Poujade. Il en devient un orateur national. En 1956, il est élu député à 27 ans. Il sera réélu en 1958 sous l’étiquette  » Indépendants de Paris  » et le restera jusqu’en 1962. Il sera rapporteur du budget de la guerre à l’Assemblée nationale et de la défense au Sénat de la Communauté.

Pendant ses 2 mandats, il défendra l’Algérie Française. En 1957, il contribue à la fondation du Front National des Combattants. En 1960, il participe à la fondation du Front national pour l’Algérie française (FNAF), dont il prend la vice-présidence. Cela lui vaudra de subir la répression du pouvoir gaulliste malgré son mandat d’élu.

Suit une période de basses eaux qui s’inversera avec la fondation du FN en 1972 et son implantation dans le paysage à partir des élections municipales de Dreux en 1983 et des européennes de 1984, où il est élu député.

Depuis lors et jusqu’à son exclusion du FN par sa fille Marine en 2015, il animera la vie politique, épisodes les plus connus de sa vie. Alterneront succès et échecs, crises internes et campagnes de haine et de dénigrement des affidés du système. Le 1° novembre 1976, il sera même victime d’un attentat qui détruira son logement et aurait pu le tuer ainsi que les membres de sa famille, ceci dans l’indifférence totale de l’oligarchie moralisatrice et donneuse de leçons de démocratie.

Quel bilan ?

A la fin de ses Mémoires, qui retracent son parcours, Jean Marie Le Pen a cette réflexion : « J’ai échoué à prendre le pouvoir, mais j’aurai fait ce qu’il fallait faire, vu ce qu’il fallait voir, dit ce qu’il fallait dire. A temps. J’aurai été le tribun d’un peuple martyrisé ».

Était-ce à la hauteur de l’espoir qu’il avait fait naître chez de nombreux Français et suffisant pour rester dans l’Histoire comme un homme politique majeur ?

Thierry Monvoisin

Crédit photo : Av Kenji-Baptiste Oikawa. Lisens: CC BY SA 3.0
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4 réponses à “Jean Marie Le Pen est mort : un menhir breton au service de la France”

  1. André Murawski dit :

    JEAN-MARIE LE PEN EST MORT
    C’est avec une profonde émotion que j’ai appris aujourd’hui le décès de Jean-Marie Le Pen.
    Ancien président de la Corpo de droit à l’Université de Paris, ancien officier parachutiste, élu député, il avait quitté l’Assemblée nationale pendant 6 mois pour rejoindre son régiment engagé en Algérie. A l’époque, seuls deux députés avaient eu le cran de le faire.
    Ayant participé au mouvement poujadiste, Jean-Marie Le Pen dirigea ensuite la campagne présidentielle de Jean-Louis Tixier-Vignancourt, avant de connaître une longue traversée du désert.
    Cofondateur du Front national en 1972, il creva l’écran à  » l’Heure de vérité  » ce qui propulsa le Front national dans l’arène politique en lui donnant une visibilité nationale.
    Parvenu au second tour de l’élection présidentielle de 2002, il affronta la tempête face à la quasi totalité des partis politiques, mais aussi de la presse et des corps constitués.
    Ayant transmis le flambeau à sa fille Marine en 2011, il eut la douleur d’être exclu du Front national, mais aussi la fierté discrète d’observer les succès électoraux de sa fille à partir de 2022.
    Jean-Marie Le Pen a été une figure sacrée de la vie politique des IVe et Ve Républiques. Son talent lui a permis non seulement de se hisser au niveau des Giscard d’Estaing, Mitterrand et Chirac, mais également faire naître l’espoir et de rendre un peu de dignité aux Français victimes de la mondialisation naissante, puis croissante avec son cortège de chômage, de précarité, de paupérisation et d’insécurité.
    Malgré certaines déclarations qui ont fait polémique, malgré les condamnations morales ou judiciaires, Jean-Marie Le Pen prendra place parmi les monuments de la vie politique française dans le dernier quart du XXe siècle.
    La puissance de son verbe, la force de ses convictions ont inspiré mes réflexions politiques et m’ont conduit à m’engager dans la vie publique. Je m’incline aujourd’hui devant sa dépouille et adresse mes condoléances émues à sa famille et à ses proches.
    André Murawski

  2. Pschitt dit :

    Bel hommage, mérité.

  3. Lacuzon dit :

    Bennozh Doue deoc’h Aotrou Yann Vari !

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