Rejet des eaux usées dans l’Aber Ildut (Natura 2000) : une mobilisation des riverains

Depuis plusieurs années, le projet de la Communauté de Communes du Pays d’Iroise (CCPI) visant à rejeter les eaux traitées de la station d’épuration de Saint-Denec dans l’Aber Ildut suscite une vive opposition. Ce dossier complexe mêle préoccupations environnementales, sanitaires, et économiques, avec en toile de fond une mobilisation citoyenne portée par les riverains et l’Association pour la Protection de l’Aber Ildut (AP-ILDUT).

Un projet controversé et contesté en justice

La station d’épuration de Saint-Denec, située à Porspoder, traite les eaux usées de plusieurs communes environnantes depuis des décennies. Jusqu’à présent, ces eaux étaient infiltrées dans une zone prévue à cet effet. Cependant, la CCPI envisage désormais de rejeter ces eaux épurées directement dans l’Aber Ildut, un site classé Natura 2000 et intégré au Parc Marin d’Iroise.

Cette décision a été contestée devant le juge administratif, qui, en octobre 2023, a reconnu l’illégalité de la procédure. Faute d’une évaluation des incidences sur l’environnement, les arrêtés préfectoraux autorisant ces rejets ont été annulés, et les travaux, suspendus. Une étude d’impact a été réalisée en avril 2024 et sera soumise à consultation publique en 2025, mais les inquiétudes demeurent.

Un aber fragile et protégé

L’Aber Ildut est un écosystème unique, reconnu pour sa biodiversité et son importance écologique. Pourtant, l’étude d’impact commandée par la CCPI minimise les spécificités de ce site remarquable. Les autorités avancent que l’aber est déjà soumis à de nombreuses sources de pollution, comme les rejets agricoles et les installations d’assainissement non collectives, pour justifier le projet.

Cette approche suscite de vives critiques. L’AP-ILDUT dénonce l’absence d’analyse sérieuse des effets cumulatifs de ces pollutions sur le milieu naturel et les usages locaux, comme la conchyliculture ou la pêche à pied.

Les opposants au projet mettent également en avant les risques pour la santé publique et l’économie locale. Les eaux rejetées pourraient contenir des résidus médicamenteux, des microplastiques, des nanoparticules et des polluants organiques qui compromettraient la qualité de l’eau et la biodiversité de l’aber.

De plus, la CCPI prévoit un point de rejet à seulement 7,5 mètres des habitations, ce qui soulève des inquiétudes quant aux nuisances olfactives et à la dégradation du cadre de vie des riverains.

Avec plus de 2 millions d’euros déjà investis dans les travaux préparatoires, les coûts liés à ce projet continuent de croître. Les détracteurs dénoncent une mauvaise gestion des fonds publics, estimant que des solutions alternatives, comme l’agrandissement de la zone d’infiltration existante, n’ont pas été sérieusement explorées.

En 2013, une étude commandée par le SIALP avait conclu qu’un rejet direct dans l’Aber Ildut était inapproprié. Ces conclusions semblent avoir été écartées au profit d’une stratégie visant à réduire la pollution supposée de la plage de Melon, sans preuves tangibles que celle-ci soit liée à la station de Saint-Denec.

Mobilisation citoyenne et appel à l’action

Face à ces enjeux, les riverains et l’AP-ILDUT appellent à une mobilisation générale pour exiger l’abandon définitif du projet. Une pétition, déjà signée par plus de 600 personnes, réclame une gestion plus responsable des deniers publics et une véritable prise en compte des alternatives durables.

Une vidéo explicative, accessible ci-dessous, détaille les problématiques et les positions des opposants.

Crédit photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2025, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

Cet article vous a plu, intrigué, ou révolté ?

PARTAGEZ L'ARTICLE POUR SOUTENIR BREIZH INFO

3 réponses à “Rejet des eaux usées dans l’Aber Ildut (Natura 2000) : une mobilisation des riverains”

  1. Raymond Neveu dit :

    Je crains surtout les macronparticules qui donnent le Melon et ensuite on divague complètement. J’ai relevé encore une fois le gaspillage des deniers publics par des irresponsables! Et pourtant ils sont beaux nos abers!

  2. CARBONNE dit :

    Des irresponsables, hallucinant !

  3. Nicolas dit :

    Encore un exemple de ces décisions imposées par une gouvernance indigente de la Communauté de commune, pour des travaux inutiles, qui ne profitent qu’à l’entreprise de travaux, payés par nos impôts, et le tout aux dépends de notre environnement et de notre santé.
    Il est temps que cela change !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

ARTICLES EN LIEN OU SIMILAIRES

Environnement, Sociétal

Presqu’île de Crozon. La plage de l’Île Vierge, toujours fermée… et toujours aussi populaire [Vidéo]

Découvrir l'article

PARTICIPEZ AU COMBAT POUR LA RÉINFORMATION !

Faites un don et soutenez la diversité journalistique.

Nous utilisons des cookies pour vous garantir la meilleure expérience sur Breizh Info. Si vous continuez à utiliser le site, nous supposerons que vous êtes d'accord.

Clicky