Jim Shannon, député unioniste du Parti unioniste démocratique (DUP) en Irlande du Nord et membre de l’Ordre d’Orange, suscite l’admiration des catholiques traditionalistes pour son engagement inattendu en faveur de la messe tridentine. Ce fervent protestant a récemment interpellé le gouvernement britannique sur la position du Vatican concernant l’avenir de cette messe historique, en réponse à l’inquiétude de ses électeurs catholiques.
Une démarche surprenante mais cohérente
Le député de Strangford, connu pour son engagement en faveur de la liberté de religion, a posé une question parlementaire écrite au ministre des Affaires étrangères, David Lammy. Il a demandé si le gouvernement britannique avait discuté avec le Saint-Siège du pèlerinage de Chartres en France, un événement où 18 000 fidèles se sont rassemblés en 2024 pour démontrer leur attachement à la messe en latin. Cette célébration, autrefois marginale, connaît un regain de popularité malgré les restrictions imposées par le pape François en 2023, qui a critiqué son usage comme une « maladie nostalgique » et un outil idéologique.
Shannon explique que cette démarche répond à des préoccupations exprimées par ses électeurs catholiques. « Je représente tous mes électeurs, quelle que soit leur foi. Beaucoup de catholiques de ma circonscription m’ont demandé de soulever cette question, et je l’ai fait », a-t-il déclaré. Il ajoute que son rôle de président du groupe parlementaire multipartite pour la liberté de religion ou de croyance le place naturellement en position de défendre ces enjeux.
Le paradoxe d’un protestant soutenant la messe tridentine
Cette initiative a été saluée par des catholiques conservateurs, y compris aux États-Unis. Le site LifeSiteNews a qualifié cette intervention de « développement remarquable », soulignant qu’un politicien protestant semblait tenir en plus haute estime la messe en latin que certains catholiques eux-mêmes. Sur les réseaux sociaux, des commentateurs ont exprimé leur surprise et leur admiration, certains suggérant même de prier pour Shannon en reconnaissance de son action.
Ce n’est pas la première fois que le député s’engage sur des questions religieuses. En 2021, il avait organisé un débat à Westminster sur la persécution des chrétiens dans le monde. Il avait alors écrit que, bien qu’étant chrétien protestant, il se sentait investi d’un devoir moral de défendre la liberté de religion pour tous, quelle que soit la foi.
Une Irlande du Nord en mutation
L’engagement de Jim Shannon illustre les changements profonds en Irlande du Nord. Autrefois marquée par des divisions religieuses profondes, la région voit émerger des alliances inattendues sur des sujets moraux et religieux. Shannon attribue son soutien croissant parmi les électeurs catholiques à ses positions conservatrices sur des questions comme l’avortement, où il se distingue des partis nationalistes comme le SDLP et le Sinn Féin.
« Sur des enjeux moraux où mes convictions rejoignent celles de nombreux catholiques, ils estiment que je les représente mieux », confie-t-il. Lors des dernières élections générales, il a été surpris par les votes qu’il a reçus dans des zones historiquement peu favorables à son parti.
L’avenir de la messe tridentine reste incertain. Le Vatican envisage un durcissement de ses restrictions, suscitant la colère des traditionalistes catholiques, qui voient dans cette liturgie un lien essentiel avec leur foi et leur histoire. Le soutien d’un député protestant met en lumière un paradoxe : alors que certains responsables catholiques cherchent à moderniser l’Église, des figures extérieures comme Shannon en viennent à défendre des traditions anciennes au nom de la liberté religieuse.
Cette situation reflète un débat plus large sur la place de la religion dans une société moderne. Shannon, fidèle à ses principes, rappelle que la liberté de croyance est un droit universel. Son engagement dépasse les clivages religieux, affirmant que chacun devrait être libre de pratiquer sa foi sans crainte.
Pour Jim Shannon, défendre la messe en latin est une extension naturelle de son combat pour la liberté religieuse. Dans une époque où les tensions culturelles et religieuses dominent souvent le débat public, son action souligne l’importance de dépasser les préjugés pour protéger les droits fondamentaux de tous.
Son intervention, aussi surprenante soit-elle, rappelle que les questions de foi et de tradition peuvent rassembler au-delà des divisions historiques. Elle met également en lumière les défis auxquels font face les communautés croyantes, qu’elles soient catholiques ou protestantes, dans une société en quête d’équilibre entre modernité et respect des héritages spirituels.
Illustration : DR
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2 réponses à “Irlande du Nord. Quand un député unioniste protestant devient le défenseur inattendu de la messe en latin”
Bravo à lui! Le pape François est un progressiste d’extrême gauche, ce qui empêche bien des protestants de choisir le catholicisme notamment aux Etats-Unis. Quant aux protestants conservateurs, leurs positions sont très proches des catholiques conservateurs depuis le XIXème siècle, en Suisse par exemple et aussi dans les église dérivées du luthérianisme.( dénommées souvent « sectes », comme les Amish par exemple » )
On m’a appris que le produit des moyens était égal au produit des extrêmes mais c’est un honnête homme parfaitement respectable.