L’évêque Vratnes Abrahamyan, primat apostolique de l’Artsakh depuis 2021, a récemment accordé une interview à The European Conservative. Revenant sur l’histoire chrétienne de cette région et la situation actuelle des Arméniens persécutés, il appelle à une prise de conscience des chrétiens du monde entier face à une tragédie humaine et spirituelle ignorée. Voici une synthèse de cet entretien poignant.
Une indifférence européenne face à une tragédie humanitaire
Depuis l’occupation de l’Artsakh par l’Azerbaïdjan, les Arméniens de cette région ont été soumis à des politiques d’expropriation, de déplacement forcé et de destruction culturelle. Monseigneur Abrahamyan déplore l’inaction des pays européens et des organisations internationales, censés défendre les droits humains. Selon lui, cette apathie n’est pas seulement une trahison des valeurs chrétiennes, mais un catalyseur des tragédies à venir, car l’inaction face à l’injustice nourrit son expansion.
L’Artsakh, province historique de la Grande Arménie, possède des racines chrétiennes profondes remontant à l’époque apostolique. Selon Monseigneur Abrahamyan, le christianisme y a été prêché dès le Ier siècle par les disciples de saint Thaddée. De nombreux lieux saints, comme le monastère de Dadivank et l’église d’Amaras, témoignent de cette foi ancienne. Saint Grégoire l’Illuminateur, qui fit de l’Arménie la première nation chrétienne en 301, joua un rôle central dans la propagation de la foi en Artsakh.
Malheureusement, l’Azerbaïdjan mène aujourd’hui une campagne de désinformation et de destruction du patrimoine arménien, tentant de nier les origines chrétiennes de la région. Les églises sont profanées ou transformées, et les inscriptions arméniennes effacées pour réécrire l’histoire.
Une occupation facilitée par le contexte géopolitique
L’évêque attribue la récente agression de l’Azerbaïdjan à des changements dans l’équilibre mondial, notamment la guerre russo-ukrainienne. Il rappelle que l’Artsakh a toujours revendiqué une autonomie face à l’Azerbaïdjan, même après son annexion illégale par les Soviétiques en 1921. La guerre de 2020, suivie de l’occupation complète en 2023, a été soutenue militairement et politiquement par la Turquie, avec la complicité tacite des grandes puissances internationales.
Cette situation s’inscrit dans une stratégie à long terme d’effacement de l’identité arménienne. L’évêque cite des exemples précis, comme la destruction de la cathédrale Saint-Sauveur de Ghazanchetsots ou l’altération du monastère de Dadivank, pour illustrer cette politique systématique de négation.
Depuis septembre 2023, la quasi-totalité de la population arménienne de l’Artsakh a été contrainte de fuir sous la menace d’un génocide. Quelques individus, principalement des personnes âgées et malades, sont restés sur place, souvent victimes de traitements inhumains. Cet exode massif marque un point culminant dans la stratégie d’épuration ethnique menée par l’Azerbaïdjan.
Monseigneur Abrahamyan souligne que les racines du conflit remontent à la période soviétique, lorsque des décisions politiques ont ignoré les réalités ethniques et religieuses de la région. En cédant l’Artsakh à l’Azerbaïdjan, les Soviétiques ont jeté les bases des tensions actuelles. Cependant, l’évêque estime que l’espoir demeure si les Arméniens et les chrétiens du monde entier prennent conscience de la gravité de la situation.
Un appel à la solidarité chrétienne
Face à cette tragédie, Monseigneur Abrahamyan exhorte les chrétiens européens et occidentaux à agir. Il les invite à visiter les Arméniens persécutés, à soutenir la préservation de leur patrimoine spirituel et culturel, et à prier pour la paix. Il souligne que l’indifférence n’est pas une option pour ceux qui partagent la foi chrétienne.
En conclusion, l’évêque insiste sur la nécessité de reconnaître les erreurs du passé pour reconstruire un avenir où l’Artsakh pourra redevenir une terre chrétienne et arménienne. Il rappelle que seule une foi profonde et une action déterminée permettront de préserver l’héritage spirituel et culturel de cette région martyrisée.
La situation en Artsakh est un rappel brutal des dangers de l’inaction face à l’oppression. Alors que le monde détourne le regard, l’Artsakh lutte pour préserver son identité millénaire. Cet appel vibrant de Monseigneur Abrahamyan résonne comme une prière et une exhortation : ne pas abandonner une terre sacrée à l’oubli.
Illustration : DR
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Une réponse à “L’Artsakh (Arménie) : une tragédie chrétienne ignorée par l’Occident”
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