Portugal. Le Premier ministre estime que le pays aura besoin de migrants « pour les 30 à 40 ans à venir »

Premier ministre du Portugal depuis le mois d’avril 2024 après avoir remporté les élections législatives avec la coalition de centre-droit, Luis Montenegro est confronté à la question de l’immigration dans son pays.

Dans une interview accordée il y a quelques jours au quotidien portugais Diário de Notícias, il a dû répondre aux critiques faisant suite à une descente de police organisée le 19 décembre à Lisbonne, dans la rue Benformoso, où vit une importante population de migrants, principalement originaires d’Asie.

Luis Montenegro a déclaré qu’il était « inapproprié » que des actions de nature préventive dans des contextes localisés soient considérées comme l’expression d’une manière « extrémiste » de gouverner. Selon le Premier ministre portugais, la sécurité n’est pas une question de droite ou de gauche, mais « un droit de l’individu et de la société », et a assuré qu’« il n’y a pas d’action policière au Portugal dirigée contre une communauté spécifique ».

Aussi, comme pour donner des gages à l’opposition de gauche, Luis Montenegro a affirmé : « Nous sommes un pays qui a besoin des migrants et en voulant réglementer leur entrée au Portugal, nous voulons garantir leur dignité », en précisant que le Portugal était « l’un des pays les plus sûrs au monde ».

Si l’opération policière à l’origine de la polémique a été critiquée par plusieurs partis politiques dont les socialistes et le parti écologiste, ou encore par des associations pro-migrants, les forces de l’ordre portugaises ont arrêté lors de cette intervention deux ressortissants portugais, l’un pour possession d’une « arme interdite » et de stupéfiants et l’autre soupçonné d’avoir commis huit vols.

Pour autant, Luis Montenegro a déclaré lors de l’interview qu’il n’avait « jamais fait d’association entre l’immigration et l’insécurité ». En ajoutant : « Et je ne pense pas qu’il y en ait une ». Le Premier ministre portugais considère en effet qu’ « il y a de la criminalité au sein de la communauté portugaise et il y a de la criminalité au sein de la communauté immigrée ».

Il est même allé plus loin en affirmant que le Portugal aura besoin de migrants au cours des « 30 ou 40 prochaines années ». « Nous devrions considérer les migrants qui viennent chez nous, qui s’installent et travaillent ici, qui amènent leur famille ou qui fondent leur famille ici, comme de nouveaux Portugais », a-t-il ajouté.

Enfin, il faut rappeler que lors des élections législatives du printemps dernier, le parti Chega (qui signifie « Assez ») est devenu la troisième force politique du Portugal. Lors de sa fondation en 2019, le parti n’avait qu’un seul député. Chega est ensuite passé de 7 % des voix en 2022 à 18 % en 2024, en affichant notamment des positions fermes vis-à-vis de l’immigration.

Au mois d’octobre 2024, le Portugal a aussi connu d’importantes émeutes urbaines.

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