Pour Noël, nous avons trouvé dans nos petits souliers un nouveau gouvernement. Quand je dis « nouveau », il convient de relativiser car il n’est pas vraiment différent de celui que nous avions avant. Quelques têtes ont changé mais, même si parler d’interchangeabilité pourrait paraître exagéré, il existe néanmoins une sorte de cousinage.
La communication a toutefois un peu évolué. Le mot d’ordre semble maintenant de « gouverner dans l’intérêt des Français ». Voici une très noble intention mais que signifie-t-elle exactement ?
Pour en savoir un peu plus sur ce sujet, quelle est la dernière fois où les Français ont pu choisir une orientation pour la France ?
C’était en mai 2005 à l’occasion du référendum portant sur l’adoption du projet de traité constitutionnel qu’une large majorité de Français a refusé. De toute évidence, ils avaient considéré ce traité comme contraire à leur intérêt. Or, cela n’a pas empêché, par un tour de passe-passe politique, que les termes de ce traité soient adoptés par les parlementaires réunis en congrès.
Les acteurs de cette époque ont-ils bien mesuré les graves conséquences que ce comportement allait entraîner? Probablement pas car leur vision du futur se restreignait à leur avenir immédiat. C’est toujours le cas aujourd’hui et c’est une des raisons majeures pour lesquelles la confiance du peuple français envers ses élites politiques s’est progressivement estompée jusqu’à disparaître.
Le fractionnement
Une véritable opposition de classe est apparue depuis plusieurs décennies. Née de l’ère industrielle, la classe moyenne s’est, pour une partie importante, paupérisée avec la désindustrialisation, finissant par rejoindre la classe la plus populaire tandis que l’autre partie, beaucoup plus restreinte, rejoignait celle des gagnants de la mondialisation. Cette cassure dans la population, qui n’est pas propre à la France rend obsolète les clivages traditionnels entre Droite et Gauche, qui sont artificiellement maintenus par une classe politique qui pensait que le centre serait un agrégat naturel. C’est le fameux « en même temps » devenu un emblème de la « Macronie » qui a pu grossir ses rangs en piochant des deux cotés.
Le résultat de tout cela est un pays divisé en deux parties irréconciliables et une représentation nationale qui comporte trois blocs bien distincts dont les idéologies sont incompatibles.
Dans ces conditions, notre Constitution, qui présuppose l’existence d’un courant majoritaire ne peut plus s’appliquer correctement.
La politique des « expédients »
En son temps de la troisième République, André Tardieu fit le reproche à Aristide Briand de suivre une « politique du chien crevé au fil de l’eau », façon de résumer l’impuissance du gouvernement qui le condamnait à l’inaction. Alors, bien sûr, dire que l’on va gouverner dans l’intérêt des Français, c’est très bien et cela arrange tout le monde. C’est une belle formule mais a-t-elle un sens?
Quel est aujourd’hui l’intérêt des Français? Et de quels Français parlons-nous ? Ceux de la « mondialisation heureuse » ou bien les autres?
Existe-t-il encore une possibilité de réunir une majorité de Français sur un projet politique et quel pourrait-être ce projet? En un mot, quelle France voulons-nous ?
Une chose paraît aujourd’hui évidente: l’élite politique qui nous gouverne ne veut manifestement pas -du moins dans sa majorité- la même chose que le peuple français. De par notre Constitution, la volonté du peuple devrait l’emporter sur toute autre considération. Encore faut-il que cette volonté puisse s’exprimer et tel n’est actuellement plus le cas.
Le divorce entre le peuple et l’élite dirigeante
il est pratiquement acté mais l’élite préfère l’ignorer. Elle sait parfaitement que le peuple est resté très attaché à la souveraineté que lui confère la Constitution alors qu’elle-même souhaite voir disparaître cette souveraineté sans laquelle il ne peut y avoir de démocratie. Elle manœuvre depuis des décennies pour pour la faire disparaître de façon douce, voire insensible, pensant qu’un beau matin le peuple se réveillera trop tard et acceptera le fait accompli. Cette dichotomie de la société française est restée longtemps sous la ligne d’horizon et a permis cette politique « des petits pas » chère à Jean Monnet. Plutôt que d’attaquer la montagne de face, les euro-mondialistes ont préféré agir par petites touches, d’une manière analogue à celle du « voleur chinois » qui déplace le vase centimètre par centimètre de façon à ce que personne ne se rende compte qu’il n’est plus là. Ce procédé d’estompage progressif de la souveraineté du peuple s’est accompagné d’une évolution semantique qui tend à la dénaturer en employant le mot à contre-sens. C’est ainsi qu’on parle d’une « souveraineté européenne » ou encore d’une « souveraineté alimentaire » voire « énergétique »
L’idée est de multiplier les domaines de la souveraineté pour la banaliser avant d’escamoter la seule qui compte et qui est celle du peuple.
L’ultime étape: de la souveraineté du peuple à l’État de droit
En substituant le droit à la souveraineté populaire, on enterre le droit du peuple à disposer de lui-même en lui imposant des règles ou des lois qu’il n’aura pas choisi, que ce soit par référendum ou par l’expression de sa représentation nationale. De fait, c’est la démocratie elle-même qui abdique face au droit supranational et c’est tout le problème de l’Europe fédérale qui ne peut être une nation, ne possédant pas de peuple européen.
Quel est donc cet « intérêt des Français » que certains de nos dirigeants veulent défendre? Au-delà de la louable intention, que peuvent-ils faire? Toute notre société et notre culture reposent sur le socle de cette souveraineté du peuple et on peut dire que la nation française en est issue. Beaucoup d’historiens s’accordent sur la bataille de Valmy comme étant son acte de naissance.
Défendre les Français, c’est déjà conserver la nation et sa souveraineté. Cela s’oppose frontalement à toute la politique d’Emmanuel Macron qui veut faire disparaître les nations et les peuples dans un État supranational. Un gouvernement, quel qu’il soit, dont le Premier ministre est nommé par lui peut-il faire autre chose ?
D’autant plus que les Premiers ministres choisis par lui sont connus pour leur attachement à une Europe « intégrée » qui désigne, de fait , une Europe fédérale.
L’unique moyen de savoir quelle idée se fait le peuple français de son intérêt n’est-il pas de lui demander ?
Jean Goychman
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Une réponse à “L’intérêt des Français, c’est bien. Mais qui le détermine ? [L’Agora]]”
A la base il y a, et strictement personne n’en parle, et ce d’autant plus aux niveaux des journalieux, une erreur de casting monumentale : Les Français ont voté (et en masse pourrait-on ajouter) en faveur d’un demi-homme dont visiblement les tendances, quels qu’elles soient, n’ont pas l’heur de plaire, ni d’être voulues ou acceptées. Et si aujourd’hui, on se concentre à faire un bilan apres deux elections identiques, avouons-le : Que nous reste-t-il, sinon les yeux pour pleurer au devant d’une France qui, chaque jour, sombre un peu plus par l’apport de peuplades non-désirées
Mayotte et ses conséquences, auxquelles s’ajoutent les gesticulation totalement inutiles de plusieurs Politicards, bien plus soucieux de leurs émoluments grandioses en rapport avec un salaire de base « d’un Francais lambda », en est une des causes concernant les problemes recents (Et sans solution !!!…) qui nous entraînent vers la décadence, sinon l’abîme pur et simple…