Gerry Adams, ancien président du Sinn Féin, a qualifié l’enlèvement et le meurtre de Jean McConville par l’IRA de « très regrettables ». Ces commentaires font suite à une tribune publiée dans l’Irish Times qui mettait en doute l’affirmation selon laquelle Adams n’aurait jamais été membre de l’IRA. L’article soulignait également l’impact des traumatismes liés aux Troubles sur le Sinn Féin aujourd’hui.
Une réponse à une tribune polémique
Dans une lettre adressée à l’éditeur de l’Irish Times, Adams a contesté les arguments de Pat Leahy, rédacteur politique du journal. L’article critiquait le Sinn Féin et sa capacité à comprendre les récents défis électoraux en Irlande. Selon Leahy, le parti serait encore marqué par « le secret et les traumatismes » de son passé, une dynamique qu’il juge préjudiciable à son avenir politique.
Leahy s’interrogeait également sur la nécessité pour certains membres du Sinn Féin de défendre une « absurdité patente » : le déni de tout lien entre Gerry Adams et l’IRA. En évoquant la série Say Nothing, disponible sur Disney+, il rappelait les « actes indicibles » commis pendant les Troubles et leur coût moral écrasant pour les acteurs impliqués.
Gerry Adams face aux accusations
Adams a toujours nié toute implication dans les activités terroristes de l’IRA et n’a jamais été inculpé à ce sujet. Cependant, Say Nothing, qui retrace notamment l’histoire de Jean McConville, une veuve et mère de dix enfants enlevée et tuée par l’IRA en 1972, dépeint Adams comme un membre influent de l’organisation paramilitaire. Une épisode de la série se concentre sur son arrestation par la PSNI pour son prétendu rôle dans cette affaire, suivie de sa libération sans charge.
Dans sa lettre, Adams a rejeté l’idée que les « traumatismes des Troubles » aient influencé les récents résultats électoraux du Sinn Féin. Il a plutôt accusé les leaders de Fianna Fáil et Fine Gael de refuser tout dialogue avec Mary Lou McDonald, actuelle présidente du Sinn Féin. « Même feu Ian Paisley n’a jamais dit non aussi fermement que Micheál Martin », a-t-il affirmé, en référence au chef de Fianna Fáil.
La controverse des Boston College Tapes
Adams a également critiqué l’utilisation des Boston College Tapes dans la série documentaire et les débats publics. Ce projet visait à compiler des témoignages de membres républicains et loyalistes impliqués dans les Troubles, avec l’accord que ces récits ne seraient publiés qu’après la mort des participants. Certains de ces enregistrements accusaient Adams, mais il a qualifié ces témoignages de « totalement discrédités ».
Selon Adams, les personnes ayant contribué à ces enregistrements étaient opposées à la stratégie de paix du Sinn Féin et au processus de paix dans son ensemble, allant jusqu’à soutenir des groupes dissidents.
L’affaire McConville reste une tache sur l’histoire de l’IRA et un sujet de débat dans le paysage politique irlandais. Les critiques de Gerry Adams, mêlées à la représentation de son rôle présumé dans les Troubles, continuent d’alimenter les tensions. Cette controverse souligne également les défis auxquels le Sinn Féin fait face pour équilibrer son héritage historique et ses ambitions politiques modernes.
Le lien entre passé et présent reste au cœur des discussions sur l’avenir du Sinn Féin, dans un contexte où les cicatrices des Troubles sont encore vives dans la mémoire collective irlandaise.
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