La France vient de perdre une figure emblématique de sa culture gastronomique. Maïté, de son vrai nom Marie-Thérèse Ordonez, s’est éteinte dans la nuit du 20 au 21 décembre à l’âge de 86 ans, des suites d’une maladie neurodégénérative. Celle que des millions de Français ont connue à travers La Cuisine des Mousquetaires laisse derrière elle un héritage culinaire riche et authentique, loin des standards aseptisés d’aujourd’hui. Maïté, c’était une voix forte, une bonne humeur communicative et surtout un amour indéfectible pour le terroir.
Une ambassadrice du goût et de la bonne chair
Née le 2 juin 1938 à Rion-des-Landes, fille de paysans, Maïté incarne la France profonde et ses traditions. Propulsée sous les projecteurs en 1983 grâce à un documentaire sur le rugby de sa région, elle devient, aux côtés de Micheline Banzet, la vedette de La Cuisine des Mousquetaires. Pendant près de 15 ans, elle partage avec un public conquis des recettes généreuses, mêlant graisse de canard et larmes d’Armagnac, le tout saupoudré d’une bonne dose de truculence.
Son style, parfois abrupt mais toujours sincère, faisait d’elle une personnalité unique. Elle n’avait rien d’un modèle diététique et assumait pleinement une cuisine de caractère, bien loin des préoccupations modernes de « healthy » ou de « vegan ». Pour Maïté, manger était avant tout une célébration, un art de vivre enraciné dans la convivialité.
Des séquences mémorables, entre folklore et authenticité
Les moments passés avec Maïté sur le petit écran sont restés gravés dans les mémoires. Qui pourrait oublier l’épisode où elle enseigne la dégustation de l’ortolan, ou encore la fameuse scène où elle maîtrise une anguille récalcitrante à coups de rouleau à pâtisserie ? Ces instants, aujourd’hui cultes, rappellent une époque où la télévision n’avait pas peur de montrer une certaine vérité brute.
Au-delà du spectacle, Maïté était une véritable ambassadrice de la gastronomie française. Elle défendait avec ferveur les produits locaux et les recettes traditionnelles, devenant une porte-voix pour les saveurs de sa Gascogne natale.
Outre sa carrière télévisuelle, Maïté avait ouvert plusieurs restaurants, dont le fameux Relais des Landes et Chez Maïté, où elle régalait mariages et banquets. Mais derrière cette image joviale se cachait aussi une vie marquée par des drames personnels. Elle avait perdu son fils unique, Serge, en 2013, et son mari Pierrot en 2020. Ces épreuves n’avaient toutefois pas altéré son amour pour la cuisine, qu’elle a continué à transmettre, notamment à sa petite-fille Camille, elle aussi passionnée par les fourneaux.
Un modèle de l’art de vivre à la française
Maïté, c’était plus qu’une cuisinière. Elle incarnait un certain art de vivre, celui d’une France fière de ses traditions, où le partage et la générosité étaient au cœur de chaque repas. À une époque où le « politiquement correct » tend à aseptiser les personnalités publiques, elle reste une figure de liberté, assumant son style sans concession.
Aujourd’hui, alors que les dernières lumières de Noël brillent dans les foyers français, il est temps de rendre hommage à Maïté, cette femme d’exception qui nous a appris à aimer et à respecter le terroir. Sa disparition laisse un vide, mais ses recettes, sa passion et son caractère continueront de réchauffer les cœurs et de rassembler autour de la table.
Adieu Maïté, et merci pour tout.
Bruno Dusseautoir
Crédit photo : DR
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