À l’heure du bilan, Martin Anayi, directeur général du BKT United Rugby Championship (URC), anciennement ligue celte, ne cache pas sa fierté. À la tête de la compétition depuis dix ans, il considère l’intégration (pourtant largement contestée notamment parmi les fans) des équipes sud-africaines comme son plus grand accomplissement. Retour sur une décennie marquée par des innovations, des défis financiers, et une ambition de croissance continue.
Un tournant historique : l’arrivée des équipes sud-africaines
En 2017, le championnat s’ouvrait à l’hémisphère sud, pour des questions d’argent (sinon pour quoi d’autres ?) en intégrant les Toyota Cheetahs et les Southern Kings, transformant le PRO12 en PRO14. Quatre ans plus tard, un pas décisif était franchi avec l’arrivée des Stormers, Bulls, Sharks et Lions, inaugurant le BKT URC, une compétition à 16 équipes.
Ces ajouts ont permis de hausser le niveau du championnat. Sur le terrain, les équipes sud-africaines se sont rapidement imposées : les Stormers ont remporté le titre inaugural en 2022 et ont atteint la finale l’année suivante. Les Bulls ont également été finalistes à deux reprises, illustrant la compétitivité de ces franchises.
Un impact économique et médiatique considérable
L’intégration des équipes sud-africaines a également transformé le paysage financier du championnat. Martin Anayi souligne : « Plus de la moitié de nos revenus proviennent de l’Afrique du Sud, grâce aux droits télévisés et aux partenariats commerciaux. »
Cette expansion a non seulement renforcé les revenus de la ligue mais aussi accru son attractivité commerciale. L’implication des partenaires sud-africains, notamment Investec pour la Champions Cup, illustre le rôle central de cette région dans l’économie du rugby européen.
En termes de coûts, Anayi relativise l’impact des déplacements : « Remplacer un match en Italie par un match en Afrique du Sud n’augmente pas significativement les coûts, surtout comparé aux revenus générés. »
Sous la direction d’Anayi, le BKT URC a multiplié les initiatives pour séduire un public plus jeune. Parmi les innovations notables, l’utilisation de la plateforme Greenfly, qui permet aux joueurs de partager instantanément des contenus personnalisés après les matchs, a favorisé une plus grande interaction sur les réseaux sociaux. Résultat : une croissance impressionnante de l’audience en ligne, notamment sur YouTube, où les contenus visent spécifiquement les adolescents.
La prochaine décennie s’annonce tout aussi ambitieuse. Parmi les objectifs prioritaires d’Anayi :
- Augmenter les affluences dans les stades, notamment au Pays de Galles, où il espère une progression à deux chiffres dans les années à venir.
- Améliorer les conditions de voyage pour les équipes, notamment en adoptant des vols en classe affaires pour les déplacements vers l’Afrique du Sud.
- Optimiser le calendrier des phases finales pour offrir des conditions de jeu idéales.
Un autre enjeu majeur réside dans la compétitivité des équipes galloises. Avec une réforme du modèle de financement des clubs au Pays de Galles, Anayi espère que ces derniers joueront un rôle plus déterminant dans la compétition.
Fusion avec la Gallagher Premiership : une option sur la table
Face aux rumeurs d’une éventuelle fusion avec la Gallagher Premiership anglaise, Anayi reste ouvert mais prudent. « Nous collaborons étroitement avec la Premiership Rugby, partageant des bureaux et des partenariats commerciaux. Cependant, une fusion complète n’est pas encore à l’ordre du jour. »
En dix ans, le BKT URC a triplé ses revenus, renforcé son audience et élargi son rayonnement. Avec une vision tournée vers l’innovation et un engagement pour la sécurité financière et sportive, la ligue est bien positionnée pour continuer à grandir et à attirer de nouveaux publics. Pour Martin Anayi, l’objectif est clair : bâtir un championnat durable et compétitif, en s’appuyant sur des fondations solides et une ambition sans limites. Pour un jour concurrencer le Top 14 ?
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