Un audit mené par la Chambre régionale des comptes des Pays de la Loire met en lumière des dysfonctionnements majeurs dans la gestion financière et administrative de l’École des Beaux-Arts de Nantes Saint-Nazaire (EBANSN). Malgré un soutien public conséquent, l’établissement affiche des failles importantes, tant dans sa gouvernance que dans la transparence de ses finances.
Une dépendance inquiétante aux subventions publiques
Avec 85 % de ses ressources issues des subventions des collectivités membres et de l’État, l’EBANSN dépend fortement de financements publics. Toutefois, l’audit révèle une augmentation injustifiée des contributions de ses membres, comme celle de la CARENE, multipliée par 15 en cinq ans, sans cadre contractuel clair. Cette absence de régulation s’ajoute à une gestion lacunaire, notamment dans l’utilisation d’une comptabilité analytique inadaptée pour répartir les charges entre ses deux sites, à Nantes et Saint-Nazaire.
Les dépenses de fonctionnement, et en particulier les charges de personnel représentant 80 % des coûts, sont en constante hausse. L’autofinancement des investissements, pourtant essentiel, reste hors de portée sans aides extérieures. Si la vente du bâtiment nantais pour 17 millions d’euros a permis d’éponger une partie de la dette, le montage financier a été qualifié d’irrégulier par la Chambre.
Des pratiques financières critiquées
L’audit met en exergue des pratiques financières contestables. Parmi elles, la poursuite du versement d’une « prime de service public » jugée illégale depuis un précédent rapport en 2019. Cette prime a continué à être versée jusqu’en 2023, engendrant un coût cumulé de plus de 800 000 euros. De telles anomalies illustrent un manque de rigueur dans la gestion des ressources humaines et budgétaires.
La direction actuelle de l’EBANSN, en poste depuis 2022, a pris des engagements pour remédier aux failles identifiées. Parmi les actions entreprises figurent :
- La suppression de la prime litigieuse depuis 2023.
- L’élaboration d’un « pacte de coopération » visant à clarifier les contributions des membres et à planifier une stratégie financière pluriannuelle.
- Une amélioration de la comptabilité analytique pour garantir une répartition équitable des coûts entre les activités et les sites.
La direction a également amorcé la régularisation des conventions d’occupation pour les locaux de l’établissement, afin de se conformer aux exigences légales.
Malgré ces efforts, la Chambre régionale des comptes appelle à une vigilance accrue dans la gouvernance et la gestion financière de l’établissement. L’établissement devra concrétiser ses engagements pour restaurer une situation financière saine et durable, tout en garantissant la transparence vis-à-vis de ses partenaires publics.
2 réponses à “Beaux-Arts de Nantes Saint-Nazaire : la Chambre régionale des comptes pointe des dérives financières et une gestion à rectifier”
Nantes Métropole aussi est gravement mise en cause dans le rapport de la Chambre régionale des comptes. L’EBANSN lui a vendu irrégulièrement son bâtiment : non familière de ce genre d’opération, elle a pu commettre une erreur. Mais Nantes Métropole, très expérimentée, n’a aucune excuse (pire : elle invoque un texte juridique inapplicable selon la Chambre, preuve qu’elle a agi en toute connaissance de cause). La Chambre dit expressément que l’opération est « irrégulière » ; elle devrait donc avoir des conséquences judiciaires. Idem pour l’occupation des locaux de Nantes et Saint-Nazaire dans des conditions contraires au CGPPP : là aussi, les collectivités locales sont en cause.
A noter aussi : la photo qui illustre votre article est celle des anciens locaux de l’Ecole des Beaux-arts de Nantes en centre-ville, aujourd’hui désaffectés. L’EBANSN occupe depuis 2017 un vaste bâtiment moche et peu fonctionnel dans l’île de Nantes.