Située sur les rives de la Loire, à mi-chemin entre Nantes et Saint-Nazaire, la commune de Cordemais bénéficie d’une situation financière exceptionnelle grâce à la présence de sa centrale thermique. Pourtant, cette prospérité atypique cache des défis importants, révélés par un récent rapport de la Chambre régionale des comptes.
Une richesse atypique au cœur de la commune
Avec une population de 3 880 habitants, Cordemais profite d’une dynamique démographique enviable, marquée par une augmentation de 23 % entre 2010 et 2015. Cependant, cette croissance n’est rien comparée à l’impact économique de la centrale électrique située sur son territoire. Cette dernière, l’une des deux dernières centrales à charbon encore en activité en France, représente une manne financière considérable pour la commune.
En 2023, les recettes générées par la centrale – via des taxes locales, des subventions et des compensations fiscales – ont permis à Cordemais d’afficher un excédent brut de fonctionnement très élevé. La commune dispose ainsi d’un fonds de roulement équivalant à 11 mois de charges courantes, un niveau rare pour une collectivité de cette taille.
Dépendance économique : un avenir incertain
Malgré cette santé financière éclatante, Cordemais est fortement dépendante des revenus issus de la centrale, qui représente une part disproportionnée de son budget. Or, EDF a confirmé la fermeture de cette installation à l’horizon 2027, dans le cadre de la transition énergétique. Un projet de reconversion industrielle est envisagé, mais il reste à voir s’il pourra compenser l’impact économique de la fermeture.
Cette dépendance a également été amplifiée par des réformes fiscales récentes, comme la suppression de la taxe d’habitation et la révision des valeurs locatives des biens industriels, qui ont réduit les recettes directes de la commune. En compensation, Cordemais reçoit désormais des aides étatiques, accentuant sa vulnérabilité face aux décisions prises à des échelons supérieurs.
Une gestion financière perfectible
Le rapport pointe également du doigt des lacunes dans la gestion financière et la gouvernance de Cordemais. Par exemple, l’information budgétaire destinée aux citoyens et aux élus reste insuffisante. De plus, des erreurs dans le calcul des résultats comptables affectent la fiabilité des comptes, tandis que des dépenses non maîtrisées, notamment en personnel (+52 % depuis 2017), pèsent sur le budget.
Par ailleurs, la commune n’a pas encore mis en place une stratégie claire pour anticiper les répercussions de la fermeture de la centrale. Bien que des fonds soient alloués à des projets d’investissement, l’absence de prospective financière détaillée pourrait compliquer les efforts de transition.
Quels enjeux pour l’avenir ?
La fermeture de la centrale posera des défis majeurs, notamment une baisse significative des recettes fiscales et un impact potentiel sur l’emploi local. Pour limiter les dégâts, Cordemais devra s’appuyer sur des mécanismes de compensation nationale et repenser son modèle économique. Une diversification des sources de revenus, associée à une maîtrise accrue des dépenses, apparaît comme une priorité.
Le rapport recommande également une amélioration de la gestion des ressources humaines et une meilleure prévention des conflits d’intérêts. La commune devra également renforcer son partenariat avec la communauté de communes Estuaire et Sillon, dont l’intégration reste faible malgré les enjeux communs.
Cordemais, un exemple révélateur
Le cas de Cordemais illustre les défis auxquels sont confrontées les communes dépendantes de grandes infrastructures industrielles. Si la centrale a permis à la ville de prospérer, cette prospérité repose sur des bases fragiles. L’avenir de Cordemais dépendra de sa capacité à se réinventer et à anticiper les bouleversements économiques à venir.
En somme, Cordemais est à la croisée des chemins. Entre opportunités de reconversion et nécessité de rationalisation budgétaire, la commune devra relever de nombreux défis pour maintenir son attractivité et sa résilience économique dans les années à venir.
Illustration : DR
[cc] Breizh-info.com, 2024 dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d’origine
2 réponses à “Cordemais (44) : une prospérité à double tranchant grâce à la centrale électrique”
Hep là ; pourquoi ne pas la remplacer par une centrale nucléaire ? Je dis çà mais j’ai rien dit en fait il faudrait là aussi consulter les habitants. Salud
Pendant ce temps , l’Allemagne carbure à 70 % d’énergies fossiles (gaz et charbon)…