La dissidence et la lecture. Audrey D’Aguanno passée à la Question

Les vacances de Noël … une période bénie pour prendre soin de soi et s’adonner au meilleur passe-temps possible : la lecture. Mais plutôt que de vous proposer une froide sélection d’ouvrages à lire ou à offrir, nous avons demandé à quelques-unes des plumes que nous affectionnons particulièrement quels sont les livres qui les ont le plus marqués.

Notre collaboratrice, Audrey D’Aguanno, qui a eu l’idée de cette rubrique a été prise à son propre piège et a été à son tour interrogée. Entretien avec la plus bretonne des Marseillaises, qui s’est spécialisée notamment dans les questions sociétales les plus dingues à l’heure actuelle.

Breizh-info.com : Qui vous a donné de goût de la lecture ?

Les seuls livres présents à la maison dont je me souviens enfant étaient de beaux volumes d’une encyclopédie de la mer… totalement décorative. Je ne me rappelle pas non plus que mes parents m’aient jamais lue d’histoires. Par contre, je garde un profond souvenir des heures passées dans ma chambre avec mon mange-disque orange et ses livrets dont on devait tourner les pages au son de cloche. Plus tard, ce sont Les fables de La Fontaine qu’il faillait illustrer et apprendre par cœur à l’école, et la bibliothèque rose de la Comtesse de Ségur qui m’ont véritablement initiée à la lecture.

Breizh-info.com : Quel est le livre qui vous a le plus marqué lorsque vous étiez enfant ?

C’est probablement une encyclopédie junior offerte un Noël par ma grand-mère (une grande lectrice). Je fus particulièrement intéressée par le chapitre sur Hiroshima. J’avais une dizaine d’année. Ce fut un véritable choc. Après en avoir lu les quelques pages, je me souviens avoir fait mes premières recherches (sur la bombe atomique) car je voulais comprendre. C’est le genre de livre qui me correspondait le mieux, pédagogique, éclectique et poussant à la curiosité.

Breizh-info.com : Quels sont les trois livres qui vous ont le plus marqué à l’âge adulte et pourquoi ?

Histoire et tradition des Européens, d’une part parce qu’il a été le premier livre de Dominique Venner que j’ai lu, et parce qu’une part importante est donnée à l’histoire qui est ma passion première. Une synthèse incontournable et inégalée pour comprendre ce qu’est un Européen.

Le système à tuer les peuples de Guillaume Faye, indispensable pour saisir  le monde actuel, ses rouages et ses mécanismes.

La culture du narcissisme de Christopher Lasch, une photographie parfaite de nos contemporains (et de nous-mêmes, hélas).

Breizh-info.com : Quels sont les auteurs qui ont le plus influencé votre propre écriture ?

Je commencerais par avouer que je n’écris ni parce que je crois avoir quelque don en la matière, ni par plaisir, mais parce qu’il faut bien. Je ne pense même pas « écrire » mais plutôt vulgariser et diffuser. C’est une petite phrase  dans un des essais de jeunesse de Guillaume Faye qui m’y a poussée. Elle disait, grosso modo, que quiconque a à cœur la sauvegarde de la civilisation européenne et possède quelque aptitude que ce soit, même la plus infime, doit mettre la main à la pâte. En lisant ces mots, j’ai eu honte de ne rien faire et je m’y suis mise. C’est aussi son style qui m’influence le plus : aller droit au but, sans détours ni peur de choquer ou de vexer. Ce que j’essaie de tempérer avec la modération et le style plus universitaire, plus pédagogique, appris à travers la lecture d’un Alain de Benoist.

Breizh-info.com : Quels sont les livres ou les auteurs qui illustrent le mieux votre vision du monde ?

En vrac, les essais et articles de Guillaume Faye (jusqu’au tournant, dirions-nous, « atlantiste »), et de la Nouvelle Droite en général. Samourai d’Occident de Dominique Venner, L’avant-guerre civile et L’après démocratie d’Erik Werner… L’enracinement de Simone Weil qui évoque les besoins de l’âme, Nietzsche bien sûr, et les stoïciens pour survivre à la post-modernité.

En plus positif, l’atemporel Plutarque, pour sa volonté d’ériger des modèles auxquels s’inspirer. Ses hommes et ses femmes illustres ne l’étaient que par les valeurs qu’ils choisirent d’incarner, par leur comportement, leur discipline, leurs actions. À l’heure du mantra « tout est question d’argent », je pense qu’il est primordial de rappeler que tout est, au contraire, du ressort de l’humain.

Il me faudrait citer également des revues : Eléments, qui depuis 40 ans nous offre un travail remarquable, et Zentropa Mag auquel je participe très sporadiquement et un institut de formation : l’Institut Iliade.

Breizh-info.com : Quel est le livre que vous voudriez que tout le monde lise ?

Vaste question : à chaque fois que je lis un ouvrage percutant, telle est ma première pensée.

Mais face au plus grand crime contre l’humanité qui se déroule actuellement sous nos yeux, je dirais La fabrique du crétin digital de Michel Desmurget qui recense les impacts des écrans sur la santé – mentale et physique – de nos enfants, que j’incrémenterai d’un chapitre qui lui est inévitablement lié, à savoir l’accès illimité à la pornographie et comment cette dernière foire les cerveaux des nouvelles générations. La chose est magistralement décrite dans  La sociologie du hardeur de Lounès Darbois. Et si nos contemporains ne sont pas encore convaincus des dommages qu’ils causent en laissant un smartphone dans les mains de leur progéniture peut-être que les risques évoqués dans Les prédateurs sont dans la poche de vos enfants de la Team Moore, qui montre, histoires vraies à l’appui, la facilité effarante avec lesquels les pédocriminels parviennent à les contacter en ligne, y parviendront.

Cette entreprise de décérébration, avec la complicité des parents, me révolte.

Breizh-info.com : Quel est de dernier livre qui vous a agréablement surprise ?

Je lis assez peu de fictions, leur préférant les essais et livres d’histoire. Mais j’ai adoré La tour et la plaine de Thomas Clavel. J’ai eu un peu de mal à y entrer, mais une fois dedans, on ne peut qu’être admiratif devant cet exercice littéraire : c’est un chef d’œuvre d’écriture (et c’est aussi à se demander si son auteur n’est pas véritablement fou ou possédé).

Breizh-info.com : Le livre que vous finirez un jour ?

Voyage au bout de la nuit de Louis- Ferdinand Céline. Le style parlé… je bloque.

Breizh-info.com : Quelle sera votre prochaine lecture ?

Échec et mat au paradis, de Sébastien Lapaque, qui a plus qu’éveillé ma curiosité. Il s’agit d’un dialogue fictif entre Zweig et Bernanos, deux auteurs que j’aime particulièrement et que tout oppose (apparemment, ce n’est pas le cas).

Breizh-info.com :  Les cinq romans à mettre sous le sapin ?

Septentrion de Jean Raspail. Aucun livre ne m’a jamais autant tenu en haleine…

Lettre d’une inconnue de Stéphan Zweig. Un texte vraiment magnifique, public plutôt féminin.

Les hommes du tsar de Vladimir Volkoff. Épique au plus haut point ! (Je n’aime pas les romans historiques, mais celui-ci vaut l’exception).

Une fin du monde sans importance, I et II, recueils des terribles chroniques de Xavier Eman qui ne manque jamais de sarcasme.

Les esclaves heureux de la liberté, traité contemporain de dissidence, de Javier Portella. Ce n’est pas un roman, mais il sera parfait sous le sapin : peu de chances qu’on n’adore pas ce texte aussi pertinent que magnifiquement écrit.

Breizh-info.com : Voulez-vous finir par une citation ?

« La force de la cité ne réside ni dans ses remparts ni dans ses vaisseaux, mais dans le caractère de ses hommes. »  Thucydide

Parce que dans une société matérialiste et utilitariste comme la nôtre, il faut sans cesse rappeler que c’est de l’humain, des valeurs que chacun d’entre nous choisit incarner – et de s’y tenir ! – que tout doit repartir..

Propos recueillis par YV

Illustration : DR
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