L’idée était passée relativement inaperçue lors de la campagne électorale, mais à l’aube de son entrée en fonction, le président-élu Donald J. Trump remet sur le devant de la scène un projet ambitieux : la création de « Freedom Cities ». Ces villes, établies sur des millions d’hectares de terres fédérales aujourd’hui sous-utilisées, viseraient à relancer le rêve américain en offrant de nouvelles opportunités en matière d’habitat, de création d’emplois et de prospérité pour les classes moyennes.
Un concept qui séduit de plus en plus
Annoncé en 2023 dans le cadre du programme « Agenda 47 », le projet des Freedom Cities vise à lancer un concours pour édifier jusqu’à 10 villes entièrement nouvelles. L’objectif ? Résoudre une crise du logement de plus en plus aiguë, mais aussi échapper aux contraintes traditionnelles des réglementations locales et des freins administratifs. Des personnalités comme Nick Allen, investisseur dans les cryptomonnaies, soutiennent pleinement cette vision, la qualifiant de catalyseur pour l’innovation et l’émergence d’une nouvelle classe moyenne.
Les avis ont évolué depuis l’an dernier. Jeffrey Mason, du Charter Cities Institute, qui se montrait initialement sceptique, se dit désormais plus ouvert, constatant la place croissante que le secteur technologique pourrait occuper dans la future administration. Des voix du mouvement « YIMBY » (« Yes In My Backyard »), favorables à une densification urbaine, admettent que l’État fédéral, propriétaire d’immenses étendues, est dans une position unique pour contourner les blocages locaux et bâtir sans entrave.
S’inspirer de modèles historiques et internationaux
L’idée de villes autonomes n’est pas nouvelle. Des cités-États de la Grèce antique aux ports de la Ligue hanséatique, l’Histoire regorge d’exemples de communautés indépendantes qui ont su stimuler la croissance économique. Plus récemment, Hong Kong a démontré les bienfaits d’un environnement fortement orienté vers le libre marché. Aux États-Unis, certains projets, tels que le complexe industriel du Brooklyn Navy Yard, montrent qu’une gouvernance déléguée et une gestion flexible peuvent redonner vie à des sites stratégiques.
Ailleurs, des initiatives comme celle de la société EcoVillages, qui conçoit des communautés durables en Amérique latine, prouvent l’intérêt de modèles alternatifs. Même les districts spéciaux comme celui de Walt Disney World en Floride, jouissant d’une certaine autonomie, illustrent la possibilité de créer des zones à la réglementation allégée, propices au développement rapide.
Des propositions législatives en soutien
Plusieurs projets de loi ou réflexions législatives pourraient inspirer les Freedom Cities. Le HOUSES Act, proposé par le sénateur Mike Lee (R-Utah), suggère d’autoriser les pouvoirs locaux à racheter des terres fédérales pour y développer du logement, particulièrement dans l’Ouest américain où la propriété de l’État fédéral est considérable. Des initiatives plus anciennes, comme le projet avorté de « Liberty Cities » au Texas en 2015, offraient déjà un cadre fiscal et réglementaire allégé pour favoriser une croissance urbaine libérée des contraintes habituelles.
Le futur Secrétaire à l’Intérieur pressenti, Doug Burgum, gouverneur du Dakota du Nord, s’est d’ailleurs déjà penché sur le sujet du logement abordable. Sa nomination pourrait faciliter l’application de lois permettant le transfert de terres publiques afin de construire, rapidement et à grande échelle, de nouveaux quartiers ou agglomérations.
Objections environnementales et politiques
Cependant, le chemin vers ces cités de la liberté sera semé d’embûches. Les défenseurs de l’environnement, les propriétaires terriens, ainsi que les collectivités locales, pourraient s’opposer à la privatisation ou à l’utilisation de terrains publics pour un tel projet. Les partisans du projet assurent cependant que les terres sensibles — comme les parcs nationaux, réserves naturelles et monuments fédéraux — resteraient protégées.
Au-delà de l’enjeu foncier, la question du réalisme politique se pose : bâtir une nouvelle ville aux États-Unis demeure un défi colossal. Les exemples internationaux (Dubaï, Shenzhen, Hong Kong) souvent cités comme preuves de réussite ne peuvent pas être transposés sans adaptation dans un pays aux règles et coutumes profondément ancrées.
Un consensus grandissant sur la crise du logement
Malgré les divergences idéologiques, un accord se dessine quant à la nécessité de résoudre la crise du logement. Des think-tanks libertariens aux responsables politiques de tous bords, un constat émerge : le manque de logements abordables étouffe la croissance, limite la mobilité sociale et compromet l’émergence d’une classe moyenne forte.
Les Freedom Cities suscitent donc un intérêt grandissant car elles incarnent une réponse radicale à ce problème, offrant un horizon neuf pour les architectes, les entreprises, les investisseurs et les familles en quête d’une vie meilleure. Reste à savoir si ces nouvelles cités pourront réellement voir le jour et, si oui, si elles tiendront leurs promesses en matière de prospérité, d’innovation et de liberté.
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