La Chambre régionale des comptes des Pays de la Loire a récemment publié un rapport détaillant la gestion de l’urbanisme de Nantes Métropole, mettant en lumière des succès en matière de sobriété foncière, mais pointant également une crise dans la production de logements.
Une artificialisation ralentie, mais à quel prix ?
Depuis 2005, Nantes Métropole affiche une trajectoire de sobriété foncière notable. La consommation d’espaces naturels, agricoles et forestiers a été divisée par deux, en grande partie grâce à des outils d’urbanisme ambitieux tels que le Plan Local d’Urbanisme métropolitain (PLUm) de 2019. Celui-ci anticipe même les objectifs de la loi climat et résilience, imposant un objectif de zéro artificialisation nette (ZAN) d’ici 2050.
Cependant, cette ambition a un coût : une forte baisse de la production de logements. Alors que l’objectif annuel est fixé à 6 000 logements, seulement 4 150 ont été autorisés chaque année entre 2020 et 2022, marquant un recul de 40 % par rapport aux objectifs. Le rapport note également l’absence de rattrapage après la crise sanitaire, contrairement à d’autres territoires en France.
Une densification qui divise
La stratégie de Nantes Métropole repose sur une densification des espaces urbains existants et une limitation drastique des nouvelles zones à urbaniser. Si ces mesures visent à préserver la biodiversité et à réduire l’étalement urbain, elles se heurtent à des freins locaux, comme les recours juridiques et l’opposition des habitants à des projets jugés invasifs.
La métropole peine également à assurer un suivi efficace des décisions communales en matière d’urbanisme. Les refus de permis de construire et les recours judiciaires ne sont pas systématiquement transmis à l’échelle métropolitaine, rendant difficile l’ajustement des politiques.
Une réponse incomplète aux besoins en logement
Face à cette situation, Nantes Métropole envisage plusieurs leviers, notamment l’ouverture de nouvelles zones à urbaniser et un renforcement du dialogue citoyen pour surmonter les résistances locales. Mais le manque de lisibilité des règles urbanistiques et des processus de validation des permis de construire complique la tâche.
Par ailleurs, si des efforts sont faits pour réhabiliter des friches urbaines, comme la caserne Mellinet à Nantes, aucun programme global n’a été mis en place pour cartographier et prioriser ces interventions. Une meilleure coordination avec l’établissement public foncier (EPF) de Loire-Atlantique est également jugée nécessaire pour mutualiser les ressources.
Une politique économique sous pression
Le rapport met également en lumière une contradiction majeure : bien que Nantes Métropole ait adopté une stratégie de sobriété foncière pour ses zones d’activités économiques, ces dernières consomment 34 % de la superficie totale artificialisée, bien au-dessus de la moyenne nationale (23 %). Une gestion plus rigoureuse est recommandée, notamment en expérimentant des baux à construction pour limiter l’étalement et encourager la densification.
Dans sa réponse, Nantes Métropole défend ses efforts pour conjuguer développement économique et transition écologique, tout en admettant les défis liés à la production de logements. Cependant, les critiques de la Chambre restent sévères : les objectifs de logement sont loin d’être atteints, et la métropole semble engluée dans une complexité administrative qui freine son action.
Le rapport illustre une fois de plus les limites d’une politique d’urbanisme dictée par des lois nationales déconnectées des réalités locales. Alors que la pression démographique et les besoins en logements augmentent, Nantes Métropole se retrouve prise au piège entre ambitions écologiques et exigences économiques. Une situation qui, sans réforme structurelle, pourrait exacerber la crise sociale et économique dans les années à venir.
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Une réponse à “Nantes Métropole : sobriété foncière ou paralysie du logement ?”
Quand on importe 1/2 million d’immigrés par an…. se pose le problème du logement ..
Et bilan on détruit des terres agricoles