Pour les prochaines élections municipales, on va assister à une partie de bras de fer entre Nathalie Appéré (PS) et les Insoumis. Bien entendu, le moment venu, ce sont les sondages portant sur les intentions de vote qui trancheront : une liste ou deux… Transaction, négociation, petits et grands arrangements s’imposent alors.
Le Rennais de base ne connaît pas Ulysse Rabaté. Pourtant cet enseignant-chercheur, militant LFI et président de l’association Rennes commune, prépare les élections municipales de 2026. « On rencontre des Rennaises et des Rennais qui ont envie que les choses changent, qui ont envie d’un projet plus marqué à gauche sur certaines questions pour cette ville. Aujourd’hui, mon travail est de construire une équipe, un projet, un rassemblement pour porter cela aux municipales en 2026 », explique-t-il (Le Mensuel de Rennes, décembre 2024). Son objectif est de constituer une « liste alternative », une « liste de rupture » qui défendra un programme plus à gauche que celui de la majorité sortante. « Par exemple, sur les questions de sécurité : des habitants souhaitent avoir un autre discours que celui centré sur le tout répressif. Ils attendent aussi une proximité qui s’est perdue au fil des mandats avec leurs élus. C’est quelque chose qui revient beaucoup sur le terrain, en particulier après ces événements tragiques comme on a pu en connaître dans certains quartiers. Pourquoi la maire ne se déplace-t-elle pas sur le terrain ? » (Le Mensuel de Rennes, décembre 2024)
En ce qui la lutte contre le trafic de drogue et les points de deal, il estime que « la Ville n’a pas tous les leviers, mais elle en a (…) Dire qu’on ne peut rien faire pour combattre le narcotrafic, ce n’est pas vrai ». Et d’énumérer ses propositions : « Il y a beaucoup de facteurs qui entrent en ligne de compte. La question des services publics, de l’aménagement des quartiers, l’accompagnement des jeunes… Tous ces sujets-là, on ne peut pas les passer à la trappe. Une liste insoumise ou une liste à gauche de la majorité municipale en 2026 sera capable de les porter. » (Le Mensuel de Rennes, décembre 2024) Nathalie Appéré est prévenue : « avec l’association Rennes commune, on porte un travail ouvertement municipal »…
Heureux qui comme Ulysse…
Ulysse Rabaté cultive un optimisme à partir de données qui l’arrangent : « Quand on regarde les scores de LFI et, notamment ceux de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle de 2022, on aurait tort de ne pas regarder Rennes comme un lieu où investir politiquement ». Effectivement, au premier tour de l’élection présidentielle de 2022 (10 avril), Méluche avait fait un carton à Rennes ; il arrive en tête (36,31 %, 33 469 voix), devançant Emmanuel Macron (29,47 %, 27 165 voix), Yannick Jadot (9,96 %, 9 182 voix), Marine Le Pen (7,29 %, 6 722 voix). La candidate du PS Anne Hidalgo est carrément dans les choux, arrivant en septième position: 3,01 %, 2 775 voix. Tout ça c’était le bon temps pour le lider maximo ; il faisait figure alors d’incontestable leader de la gauche, capable d’imposer sa volonté à ses “associés“ du Nouveau Front populaire. Mais, depuis les récentes élections européennes et législatives, les socialistes ont repris du tonus, tandis que Mélenchon et LFI régressaient. Toutes les enquêtes d’opinion le montrent. Question : « Pour chacune des personnalités suivante, souhaitez-vous lui voir jouer un rôle important au cours des mois et des années à venir ? » Réponse : seulement 13 % des personnes interrogées le souhaitent pour Jean-Luc Mélenchon et 9 % pour Mathilde Panot (Verian-Epoka, Le Figaro magazine, 6 décembre 2024). Quant aux intentions de vote pour la prochaine élection présidentielle, elles montrent que le patron de LFI ne sera pas qualifié pour le second tour puisqu’il est crédité de seulement 11-12 % ; Marine Le Pen sera opposée à Edouard Philippe (Ifop-Fiducial, Le Figaro magazine, 13 décembre 2024). Dans ces conditions, pour les prochaines élections municipales à Rennes, on ne peut pas dire qu’il existera une dynamique Mélenchon pour tirer la liste “à gauche de la majorité actuelle“.
A gauche, on s’inquiète pour ces prochaines élections municipales ; c’est le cas de l’Auvergnat André Chassaigne, président du groupe communiste à l’Assemblée nationale : « Soit ils intègrent des listes rassemblant les différentes composantes de la gauche, soit ils présentent leurs propres listes, ce qui conduira à faire disparaître de nombreuses municipalités de gauche. Sur ce point, il est indéniable que LFI peut avoir un vrai pouvoir de nuisance et jouer la carte de la terre brûlée » (Le Point, 12 décembre 2024). En Bretagne, on voit mal LFI avoir la peau de Nathalie Appéré (Nantes) et de Johanna Rolland (Nantes)… Cela dit, Ulysse Rabaté peut très bien devenir conseiller municipal d’opposition, un petit job pas compliqué puisqu’il consiste à être contre les propositions de la municipalité… et à toucher une petite indemnité.
Bernard Morvan
Illustration : DR
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