Alors que Donald Trump s’apprête à reprendre les rênes de la Maison-Blanche, l’euphorie autour des cryptomonnaies atteint de nouveaux sommets. Depuis sa victoire à l’élection présidentielle, le Bitcoin a franchi la barre des 100 000 dollars, porté par l’optimisme des partisans d’un président perçu comme favorable à l’écosystème des cryptos. Mais cet engouement soulève des questions fondamentales sur la réelle utilité des cryptomonnaies dans l’économie.
Une politique favorable, mais des attentes démesurées
La politique annoncée de Trump vis-à-vis des cryptomonnaies repose sur un principe simple : la dérégulation. En plaçant les cryptos sur un pied d’égalité avec d’autres actifs financiers, l’administration entrante espère stimuler l’innovation technologique et consolider la position des États-Unis comme leader mondial dans ce domaine. Cette orientation séduit des entrepreneurs technophiles comme Elon Musk et Vivek Ramaswamy, mais l’optimisme ambiant semble ignorer les limites intrinsèques des cryptomonnaies.
Malgré les ambitions initiales des défenseurs du Bitcoin, les cryptomonnaies ne sont toujours pas reconnues comme des devises à part entière. À ce jour, seules deux nations, El Salvador et la République centrafricaine, ont adopté des cryptos comme monnaie légale. Ailleurs, les cryptos restent des actifs, légalement échangeables, mais sans statut de moyen de paiement universel.
Contrairement à des actions d’entreprises ou des obligations, qui génèrent des dividendes ou des intérêts, les cryptomonnaies ne produisent aucun revenu. Leur valeur repose exclusivement sur leur prix de revente, à l’instar de l’or, souvent considéré comme un actif de réserve sans utilité intrinsèque.
Les cryptomonnaies face aux réalités économiques
L’analogie avec l’or met en lumière une limite majeure des cryptos : leur absence de liquidité universelle. Pour qu’une cryptomonnaie devienne un moyen de paiement aussi répandu que le dollar, elle devra être largement acceptée par les commerçants, les gouvernements et les institutions financières. À ce jour, ce scénario reste hypothétique, bien que certains suggèrent que le gouvernement fédéral pourrait amorcer ce processus en acceptant les cryptos pour le paiement des impôts.
Si l’approche de Trump vise à libérer les forces du marché, il est essentiel de ne pas surestimer l’impact des cryptomonnaies sur l’économie réelle. Comme l’ont montré les révolutions technologiques précédentes, telles que l’avènement des ordinateurs personnels ou d’Internet, ces innovations transforment nos vies, mais sans bouleverser toutes les structures fondamentales. Les cryptos, malgré leur popularité croissante, semblent appartenir à cette catégorie de technologies dont les implications restent contenues.
L’administration Trump peut jouer un rôle clé en offrant un cadre réglementaire favorable aux cryptomonnaies, mais les attentes autour de ces actifs doivent être tempérées. Si les cryptos ont un potentiel d’innovation, elles ne constituent ni une révolution monétaire, ni une solution miracle pour l’économie. Les investisseurs et décideurs doivent garder à l’esprit que, comme tout actif spéculatif, leur valeur repose davantage sur la confiance que sur une utilité tangible.
Illustration : DR
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