Les vacances de Noël … une période bénie pour prendre soin de soi et s’adonner au meilleur passe-temps possible : la lecture. Mais plutôt que de vous proposer une froide sélection d’ouvrages à lire ou à offrir, nous avons demandé à quelques-uns des personnages que nous affectionnons particulièrement quels sont les livres qui les ont le plus marqués.
Notre Rédacteur en chef, Yann Vallerie, s’est prêté lui-aussi à l’exercice. Militant breton identitaire depuis ses jeunes années, il n’est guidé que par une seule voie : celle de la dissidence et de la liberté d’expression. Cette entrevue donnera à nos chers lecteurs l’occasion de mieux le connaître.
Breizh-info.com : Qui vous a donné de goût de la lecture ?
J’ai été habitué dès le plus jeune âge à aller à la bibliothèque. Une chose que chaque parent devrait prendre le temps de faire avec ses enfants, pour au moins leur transmettre ça. Il y a des bibliothèques et des médiathèques partout en France, gratuites ou à bas prix, merci la gauche pour le coup. Encore faut-il qu’elles servent. Il n y a aucune excuse pour ne pas y mettre les pieds.
Mes parents me racontaient des histoires étant enfant, puis j’ai eu une période réfractaire à la lecture, durant laquelle, au collège lycéen, mon père m’obligeait à lire des « classiques » et à faire des fiches de lecture. Sur le moment, ça dégoûte. Mais on en tire les bénéfices plus tard. Je me suis remis finalement assez tard à la lecture plaisir, à 20 ans, lorsque je travaillais de nuit en tant qu’agent de parking, à Rennes. Je n’ai plus arrêté depuis, avec des périodes intensives, et des périodes beaucoup plus légères.
Breizh-info.com : Quel est le livre qui vous a le plus marqué lorsque vous étiez enfant ?
Je dirai le livre « La Chevalerie » dans la collection « Mythes et légendes » (indispensable pour vos enfants!) publiée fût un temps par Hachette Jeunesse. Cela a fabriqué l’univers chevaleresque, médiéval, de mon enfance, avec en plus la chance de vivre, à l’époque, à Dinan, dans la ville de la fête des Remparts. A l’adolescence, je dirai 1793 de Victor Hugo, livre qui m’a fait m’interroger très rapidement sur la République française et ses conséquences. Il y a sûrement eu d’autres livres, mais j’ai beaucoup aimé également la collection Les Tuniques Bleues, en bande dessinée, ainsi que Astérix ou Tintin. Des classiques, mais efficaces. Plus récemment, je suis retourné en enfance en lisant l’intégralité du monde de Narnia à mes enfants, de CS Lewis, et j’aurai aimé qu’on me lise cela étant enfant.
Breizh-info.com : Quels sont les trois livres qui vous ont le plus marqué à l’âge adulte et pourquoi ?
Le choix est difficile.
Alors, le premier, c’est La Colonisation de l’Europe, de Guillaume Faye. Parce qu’il a été une véritable révélation pour moi, jeune étudiant, qui se sentait à la fois préoccupé en priorité par la question sociale (d’où mon engagement initial au sein de l’extrême gauche bretonne), mais aussi par la question identitaire, que la gauche ne voulait pas aborder. Le livre de Faye (et les autres bien entendu) a été pour moi comme une évidence et sans doute le point de départ d’un nouvel engagement. Parce qu’il a décrit avant tout le monde ce qui allait arriver, sur nos terres, dans notre société, d’une façon incisive et sans langue de bois.
Le second, c’est Football Factory, de John King. Parce que j’y ai découvert, très jeune, étant fan de football, un monde qui m’a fasciné au plus haut point, dans lequel j’ai ensuite baigné, et qui continue même aujourd’hui encore de le faire, bien que le monde du football et des tribunes me soit de plus en plus étranger. Je me suis toujours senti plus proche des anglo-saxons, et/ou des Irlandais, des celtes comme moi, que des Français (sans mépris aucun). On a d’ailleurs tendance à oublier que l’histoire de la Bretagne s’est faite avec les Celtes, mais aussi avec les Anglo-saxons quasiment autant qu’avec les Français. Lorsque j’ai découvert ce livre de John King (et ceux qui suivirent) j’ai été frappé par la description de cette classe ouvrière anglaise, belliqueuse, festive, arrogante, antisociale, mais avant tout profondément libre et rebelle. Rien de politique là dedans. Juste un état d’esprit, une « way of life », un esprit « rock n roll », un bras d’honneur permanent envers l’ordre établi qui, bien que les années passent, finit toujours par vous rattraper.
Le troisième, je l’ai lu plus récemment, et cela vous surprendra peut être, mais c’est Jésus Christ, sa passion, son triomphe, réédité par les éditions Kontre Kulture. Autant j’ai toujours eu beaucoup de mal à plonger dans la Bible et dans les autres textes religieux, autant j’ai trouvé original et incisif cette façon de décrire la vie d’un des hommes les plus importants de l’Histoire. J’aime les Hommes bons et justes. Et le Pardon (qui n’empêche nullement la sanction et la punition) me semble, avec le recul, être une des armes les plus puissantes qu’un humain puisse posséder. La vie de Jésus me semble être en cet aspect un modèle à tenter de suivre.
Breizh-info.com : Quels sont les auteurs qui ont le plus influencé votre propre écriture ?
Je ne pense pas qu’un auteur particulier ait influencé un style d’écriture que je ne prétends par ailleurs pas avoir. J’ai toujours aimé néanmoins les pamphlets, les tribunes incisives, les écrits qui empêchent de tourner en rond. Je n’aime pas le conformisme ni le conservatisme. Lorsque j’écris, je ne suis pas là pour faire plaisir, mais pour bousculer et faire réfléchir. Donc il y a tout de même un sacré paquet d’auteurs qui entrent dans ce registre. En tout cas, ce que je peux dire, c’est que ni Flaubert, ni Zola ne m’ont inspiré dans leurs styles respectifs (rires).
Breizh-info.com : Quels sont les livres ou les auteurs qui illustrent le mieux votre vision du monde ?
J’en reviens à lui mais j’aime beaucoup le talent, le génie, le brin de folie aussi, de Guillaume Faye. Sa vision de notre continent dans les deux épisodes de l’Archéofuturisme, faite d’enracinement mais aussi d’avenir, me plait beaucoup.
Bien sûr, j’ai été également passionné par Dominique Venner, sa revue (la NRH) ou son Histoire et Traditions des Européens. Parce qu’il synthétise parfaitement et de manière accessible ce que nous sommes en tant que Civilisation. Bien diffusé, y compris dans le parcours instructif de nos adolescents et jeunes adultes, ce livre permettrait à chacun des jeunes Européens de savoir qui ils sont, d’où ils viennent, et où ils vont.
Yann Fouéré m’a éveillé politiquement à la nation bretonne, à mon peuple.
Mais je pourrais aussi vous citer aussi le Comité Invisible, Pierre Joannon, Robert Dun, Alexandre Soljenitsyne, Proudhon, Pentty Linkola, James Connolly, CS Lewis, George Orwell ou encore Hergé. Rien de ce qui défend la liberté, l’identité, et la justice sociale (qui n’est pas l’égalité) ainsi que la soif de savoir et de vérité ne m’est étranger.
Breizh-info.com : Quel est le livre que vous voudriez que tout le monde lise ?
Le livre sur les 11 ans de Breizh-info.com pour comprendre en quoi consiste le combat médiatique de la presse alternative ? (rires).
Par esprit de provocation je vais vous dire qu’il faudrait que chacun lise l’intégralité des livres qui, à une époque donnée, ont été interdits, censurés, condamnés ou brûlés. Parce qu’avec du recul, cela peut en dire long sur une époque, une société, un pays donné, et par la masse « d’esclaves heureux de la liberté » pour prendre le titre d’un excellent livre de Javier Portella, qui ont existé à chaque époque et en chaque lieu de notre Humanité. Malheureusement, ce sont des Encyclopédies qu’il faudrait pour tous les recenser, d’autant plus qu’à notre époque, la censure semble bel et bien revenir à toute berzingue.
Breizh-info.com : Quel est de dernier livre qui vous a agréablement surpris ?
Il y en a deux que je dois citer : le premier est une lecture « légère » tout en abordant un sujet particulièrement d’actualité, sanglant : Cartel 1011, signé Mattia Köping, qui décrit dans un roman, le monde du narcotrafic, et son imbrication mondiale dans nos économies et dans la vie de la cité. C’est noir, c’est ultra violente, c’est cru, c’est réaliste, mais cet auteur mérite d’être découvert et lu, tous ces livres (Les démoniaques, le Manufacturier) sont des pépites.
Le second s’intitule « Là où la terre ne vaut rien », signé du journaliste Ted Conover, qui s’est rendu en 2017 dans la vallée de San Luis (Colorado) et qui s’y est installé plusieurs années d’y côtoyer, d’y étudier, d’y vivre avec des anciens soldats, des familles repliées sur elles-mêmes, des toxicomanes, des amateurs d’armes à feu et de marijuana, des marginaux…
Tous ces gens ayant décidé (ou ayant été contraints) de vivre en totale autonomie, pour une poignée de dollars, sur des terres plutôt hostiles, dont personne ne veut, loin, très loin des autorités locales ou fédérales américaines. Une plongée fascinante dans la misère, la soif d’autonomie (pas toujours atteinte), dans les limites de l’individualisme aussi, et finalement, dans une autre Amérique.
Breizh-info.com : Quelle sera votre prochaine lecture ?
Je viens de terminer « La guerre des intelligences » de Laurent Alexandre (sur l’IA, ses conséquences pour nous, demain). Je vais enchainer avec les « Confessions d’un Patriote Corse, des services secrets au FLNC » (Fayard) signé Jo Péraldi et Frédéric Ploquin, que je classe avec Jérôme Pierrat et Régis Le Sommier comme l’un de mes trois journalistes d’investigation préféré.
J’ai prévu de m’offrir avant Noël « Journal de Bord de Gaza », de Rami Abou Jamous, en précommande actuellement chez les éditions Libertalia, étant un petit peu fatigué des récits et des débats autour de ce qu’il se passe en Palestine et en Israël (un sujet que je confesse très mal maitriser), racontés par des gens qui bien souvent n’y ont jamais mis les pieds.
Breizh-info.com : 5 livres que vous conseilleriez à mettre sous le sapin de Noël ?
Pour ceux qui veulent lancer un bon débat de famille durant le repas de Noël, Un traître mot, de Thomas Clavel, et Le jardin des femmes perdues, de Thomas Clavel, toujours. A offrir à l’aile woke de la fratrie, des tantes ou des cousins. Attention, ça va piquer. Edités par la Nouvelle librairie.
Eloge du carburateur Essai sur le sens et la valeur du travail, signé Matthew B. Crawford, à offrir à l’oncle ou le père qui ne jure que par les grands écoles (de commerce, d’ingénieur..ou même dans l’armée) pour ses enfants. Editions de la Découverte.
Par la poudre et la plume, histoire politique de l’IRA, signé Daniel Finn (éditions Agone), à offrir à vos proches passionnés d’Irlande et qui veulent avoir un regard partisan, mais intéressant, sur les Troubles.
Et si enfin, vous voulez montrer à votre tante que le RN s’est dédiabolisé, achetez lui le dernier livre de Jordan Bardella (Ce que je cherche, Fayard), elle devrait être convaincue. Il aurait été écrit par Raphaël Glusckman ou par Gabriel Attal ça aurait pu être pareil, tant Bardella s’évertue à revendiquer être un fils de migrant, mangeur de Big Mac et très ouvert sur les questions sociétales actuelles.
Breizh-info.com : Voulez-vous finir par une citation ?
« Le seul moyen d’affronter un monde sans liberté est de devenir si absolument libre qu’on fasse de sa propre existence un acte de révolte ». Albert Camus
« We read to know that we’re not alone » Citation faussement attribuée à C.S Lewis, mais parfaitement juste (« Nous lisons pour savoir que nous ne sommes pas seuls »).
Propos recueillis par Audrey D’Aguanno
Illustration : DR
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Une réponse à “La dissidence et la lecture. Yann Vallerie passé à la question”
Moi aussi j’ecris, Yann. J’ai été publié, et j’essaye de publier à nouveau, mon Editeur, Jean Picollec étant décédé deux jours avant mon arrivée à Paris (J’habite six mois de l’année à Toronto/Canada).
Mais il est vrai que la lecture est mon passe-temps favori, d’autant plus à un âge où pas grand monde surveille l’horloge pour constater votre retard au bureau …
Bref, cette nuit, j’apprecie sincèrement cet article.