La récente décision de l’agence de notation Moody’s de dégrader la note souveraine de la France à Aa3, avec perspective stable, crée une onde de choc au sein de l’économie hexagonale. Annoncée dans la nuit du 13 au 14 décembre, cette révision intervient dans un contexte politique troublé, marqué par la chute du gouvernement Michel Barnier et la nomination, quelques heures plus tôt, de François Bayrou au poste de Premier ministre. À l’heure où la dette publique et le déficit alimentent les débats, cette nouvelle sanction financière pourrait contraindre l’exécutif à redoubler d’efforts pour convaincre les investisseurs et les partenaires européens.
Les raisons de la dégradation
Moody’s justifie sa décision par la crainte d’un affaiblissement durable des finances publiques françaises. L’agence souligne une fragmentation politique susceptible de retarder, voire d’empêcher, toute consolidation budgétaire significative. Les récents blocages parlementaires, la censure du gouvernement Barnier et la difficulté à mettre en place des réformes structurelles efficaces participent à la dégradation des indicateurs. Selon Moody’s, le déficit public français pourrait ainsi stagner ou augmenter dans les années à venir, faisant grimper la dette au-delà de 120 % du PIB à l’horizon 2027.
Réactions du gouvernement et du nouveau Premier ministre
Le ministre de l’Économie et des Finances démissionnaire, Antoine Armand, a déclaré « prendre acte » de la décision de Moody’s, tout en soulignant le rôle joué par l’incertitude politique actuelle. De son côté, François Bayrou, tout juste nommé à Matignon, n’a pas caché son inquiétude. Connu pour sa sensibilité aux questions budgétaires, il a rappelé lors de sa passation de pouvoir avec Michel Barnier qu’il avait mené dans le passé des campagnes présidentielles centrées sur la maîtrise de la dette. Désormais aux commandes, le nouveau Premier ministre entend « ne rien négliger » et « ne rien cacher » de la situation financière, promettant des mesures à la hauteur des enjeux.
Conséquences sur la crédibilité financière de la France
Cette dégradation place la France dans une position inconfortable face à ses partenaires européens et aux marchés financiers. Bien que sa note demeure de « haute qualité », elle se rapproche du seuil au-delà duquel elle basculerait dans une catégorie inférieure, à l’image du Royaume-Uni ou de la Belgique. Si la France reste mieux notée que certains de ses homologues, l’érosion continue de ses indicateurs financiers fragilise son statut historique de moteur économique au sein de l’Union européenne.
Sur le plan international, la pression monte. Les investisseurs exigent des garanties de stabilité et de cohérence budgétaire, tandis que des pays naguère en difficulté, tels que le Portugal ou l’Espagne, redressent progressivement leurs finances. Cette montée en puissance de concurrents autrefois distancés redéfinit l’équilibre au sein de la zone euro. La France n’a plus le luxe de temporiser, car tout retard dans l’assainissement de ses comptes renforce le risque d’un déclassement supplémentaire.
La tâche s’annonce ardue pour le gouvernement de François Bayrou. L’urgence est de restaurer la confiance des marchés et des agences de notation en amorçant un virage clair vers une réduction durable des déficits. Le nouvel exécutif devra se doter d’une feuille de route budgétaire ambitieuse, crédible et transparente.
En somme, la dégradation de la note souveraine par Moody’s agit comme un électrochoc. Pour la France, il ne s’agit pas seulement d’un revers financier, mais d’un sérieux avertissement quant à sa capacité à maîtriser ses déficits, à stabiliser sa dette et à préserver sa place de choix sur la scène internationale. La France, bientôt un pays du Tiers monde ?
Illustration : DR
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